Panarion hoc est Arca medica variis divinaee scriptinae priscorumque patrum antiolotis adversus animi morbos instructas
Auteur(s) : BUYS Jan, Johannes BUSAEUS
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Né à Nimègue en avril 1547, Jan BUYS est connu sous le nom de plume de Johannes BUSAEUS, parfois francisé en Jean BUSÉE. Il rejoint la Compagnie de Jésus en 1563 et, après un passage par le noviciat de Cologne, poursuit ses études à l’université de Mayence. Une fois diplômé, il intègre le Collège romain avant d’être ordonné prêtre. De retour à Mayence, il y enseigne la théologie tout en dirigeant une des premières congrégations mariales. Au cours de sa longue carrière, il sera traducteur ou auteur de plus d’une trentaine d’ouvrages, le plus connu étant Enchiridion piarum meditationum in omnes dominicas (“Manuel de méditations pieuses pour chaque dimanche”), publié en 1606 ; un ouvrage de spiritualité laïque initialement réservé aux membres de sa congrégation.
Deux ans plus tard, il signe un autre livre de “remèdes spirituels” intitulé Panarion hoc est Arca medica variis divinaee scriptinae priscorumque patrum antiolotis adversus animi morbos instructas, dont la gravure sur la page de titre représente le Christ victorieux des sept péchés capitaux. Éditée à Mayence, l’œuvre créditée d’un beau succès sera rééditée à l’identique dans différentes villes européennes, dont Venise ou Lyon, comme c’est le cas de l’exemplaire de 1612 présenté ici. Littéralement, le terme grec Panarion désignait une panière puis, plus tard, par association d’idées, une trousse à médecine. Depuis les premiers siècles de l’Ėglise, ce terme aura également été appliqué à des ouvrages conçus pour dénoncer les hérésies et compiler des arguments de réfutation méthodique. L’équivalent latin est beaucoup plus explicite : l’Adversus Hærese. Le premier et le plus célèbre Panarion est celui rédigé par ÉPIPHANE de Salamine à la toute fin du Ve siècle. Dans cet ouvrage-clé de l’hérésiologie, l’auteur propose des “remèdes contre le poison de l’hérésie” et liste 83 sectes. Il fonde son propos sur la Bible et sur des traités théologiques antérieurs dont certains ont depuis disparu.
Si BUSAEUS, alias BUYS, reprend ce titre, ce n’est plus pour lutter contre une hérésie ou le protestantisme mais pour passer au crible de la morale chrétienne 83 “vices”, qui vont d’Acédie (paresse) à Usure. Ces dévoiements peuvent être des comportements et des habitudes condamnables mais aussi des traits de caractère vus comme de véritables maladies mentales semeuses de désordre dans la société. L’auteur privilégie toujours une approche que l’on pourrait qualifier aujourd’hui de psychologique, mais bien entendu passée au prisme d’une morale chrétienne ici teintée de stoïcisme. Dans son œuvre, des péchés classiques comme la simonie, l’avarice, le blasphème ou l’envie voisinent avec l’obstination, l’ambition, la familiarité excessive (familiaritas nimia), la désobéissance, le mensonge, l’inconstance ; ou encore le désespoir, le commérage et la tristesse.
Quelques années après la parution de cet inventaire des traits de caractère que doit corriger le bon chrétien pour sauver son âme, BUYS en propose une suite. Paru en 1611, le Viridarium christianarum virtutum, soit le “Verger des vertus chrétiennes“, propose cette fois une liste de 75 vertus, allant d’Abnégation à Zèle ; soit autant de contreparties vertueuses aux vices précédemment décrits dans le Panarion. Quelques années après sa mort, survenue en 1611, sera encore publié De statibus hominum, un traité de vie chrétienne, basé sur les professions et les âges de la vie.