Nouveau manuel du veneur
contennat les tons et les fanfares de la chasse, précédés des Principes de musique et une Méthode générale pour sonner de la trompe. Seule édition avec paroles corsières pour l'action de la chasse.
Auteur(s) : TELLIER N.
Plus d'informations sur cet ouvrage :
À la suite de l’ouverture du droit de chasse pour tous à la Révolution, cette pratique va rapidement se populariser. À partir de 1844, l’obligation pour les chasseurs de disposer d’un permis, assujetti à un droit de quittance relativement élevé, aura pour effet d’en limiter le nombre mais aussi de relancer le braconnage. Dans les milieux aisés, la chasse restera une activité prestigieuse, en particulier la chasse à courre qui, nécessitant un grand renfort de moyens et de personnes, s’affirmera comme une pratique mondaine et un marqueur social. Aux trompes en cornes d’animaux de l’époque médiévale succèderont à l’époque baroque de véritables instruments de cuivre, les trompes et les cors qui, au siècle suivant, s’imposeront dans la vénerie au point d’en devenir un élément indissociable. Employées lors de la chasse elle-même pour rythmer la battue ou battre le rappel, les trompes seront réunies dans la composition de fanfares.
Vers 1839, un professeur de trompe, N. TELLIER, publie aux éditions Meissonnier, spécialisées dans la musique, un Nouveau Manuel du veneur. Cet ouvrage connaîtra ensuite plusieurs éditions, sans dates indiquées, publiées par l’éditeur HEUGEL et Cie, repreneur en 1842 du fonds Meissonnier. La version présentée ici n’est pas datée, mais on peut la situer entre 1850 et 1880. Jugeant qu’il manquait une méthode complète consacrée à celui qu’il appelle “notre bel instrument”, l’auteur précise qu’il a “étudié et rassemblé avec soin les fanfares des plus célèbres piqueurs“, dans le souci de proposer “le manuel du veneur le plus complet et le plus exact”.
Après une courte description de l’instrument, de ses caractéristiques et de la manière de l’utiliser, TELLIER ne présente pas moins de 79 pages de partitions, dont les premières à titre d’exercices pour maîtriser les différents tons. Nous découvrons au passage que certains morceaux sont accompagnés de paroles. Par exemple, L’Hallali sur pied débute ainsi : “L’animal en vain se relève, faut qu’il succombe sous nos coups, car je l’ai frappé de mon glaive, il est tombé sur les genoux.” Autre extrait du Sanglier ou de la Petite Royale : “Le sanglier lourd et méchant s’enfuit à travers le champ. Dans cette plaine et dans ces bois, nous le mettrons bientôt aux abois.” Nous laissons au lecteur le soin de découvrir d’autres échantillons de poésie cynégétique avec La Tête bizarde, Le Cerf à quatre têtes, Le Retour de la chasse, ou encore Le Cerf daguet ou La Reine.
TELLIER complète son ouvrage avec un chapitre consacré aux maladies des chiens, aux règles de la chasse au cerf curieusement rédigées en vers très lyriques, et surtout un Dictionnaire des expressions les plus usitées dans la chasse au cerf. Dans cet opuscule d’une dizaine de pages, il passe en revue le vocabulaire utilisé par ceux qui pratiquent ce genre particulier de chasse. Ainsi, Acouer le cerf signifie le suivre de près, l’acculer pour lui couper le jarret ; un Pillard est un chien hargneux ; la Meule, la racine dure et raboteuse du bois du cerf ; tandis que la Rendonnée, “c’est lorsque le cerf, après avoir été donné aux chiens, se fait chasser dans son enceinte, tourne deux ou trois fois autour du même lieu, et prend après cela le parti d’aller loin, ce que le veneur appelle une bonne rendonnée”, et que la Mouée est “un mélange du sang du cerf avec du lait et du pain coupé qu’on donne aux chiens à la curée”.
Fidèle aux éditions Heugel, TELLIER signera par la suite d’autres livres dédiés à ses deux passions, la chasse et la trompe, dont Le Grand Album du chasseur, Les Plaisirs de la chasse, et Nouvelles Fanfares pour une ou deux trompes.
Notre exemplaire porte la signature manuscrite de Henry CHAPIER, de Neufchâteau, ainsi qu’un tampon du magasin Toussaint fils d’Épinal.