Nouveau dictionnaire pratique français-breton du dialecte de Léon
du dialecte de Léon avec les acceptions diverses dans les dialectes de Vannes, de Tréguier et de Cornouailles et la prononciation des mots quand elle peut paraitre douteuse ; il est suivi d'un recueil de proverbes bretons et d'un dictionnaire de rimes bretonnes dans lequel sont indiqués quelques règles de la prosodie bretonne, ainsi que les particularités des consonnances finales de cette langue et le nombre de syllabes dont se composent les mots quant il peut y avoir doute
Auteur(s) : TROUDE Amable-Emmanuel
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Fils du contre-amiral Aimable-Gilles TROUDE, Aimable-Emmanuel naît à Brest en 1803. Comme son père et ses frères, il suit une carrière militaire, mais dans l’infanterie. À ce titre, il participe à l’expédition d’Espagne de 1827, puis à des campagnes en Afrique du Nord. Parallèlement au métier des armes, il se consacre à la grande passion de sa vie, le breton, qui n’est pourtant pas sa langue maternelle. Dans un contexte de romantisme et de celtomanie ambiants, l’étude de la langue bretonne connaît un renouveau. En 1805, NAPOLÉON crée l’Académie celtique et, en 1807, Jean-François-Marie LE GONIDEC publie une Grammaire celto-bretonne, qui sera suivie en 1821 par un Dictionnaire celto-breton. Lors d’une garnison à Angoulême en 1827, TROUDE rencontre le lexicographe, dont il se fait le disciple. Les deux amis se retrouvent à Paris en 1834 où notre militaire, promu officier, vient d’être nommé. Le militaire-philologue devient suffisamment proche de LE GONIDEC, pour qu’à sa mort ce dernier lui confie la tâche d’achever ses traductions en cours. En 1860, TROUDE publie à Saint-Brieuc une version révisée du dictionnaire de LE GONIDEC, sous le titre Vocabulaire français-breton et vocabulaire breton-français.
En 1842, alors qu’il est chef de bataillon, TROUDE rédige un Dictionnaire français et celto-breton, qui s’inscrit dans la continuité de l’œuvre de son mentor et contient un supplément à la Grammaire de LE GONIDEC. C’est à cette époque qu’il fait la connaissance du linguiste et écrivain bretonnant Gabriel MILIN, avec lequel il collabore pour plusieurs publications, dont le Colloque français et breton, ou Nouveau Vocabulaire.
Ayant pris sa retraite avec le grade de colonel, TROUDE peut désormais se consacrer pleinement à la rédaction de son propre dictionnaire. La première partie, publiée à Brest en 1869 sous le titre Nouveau Dictionnaire pratique français-breton, du dialecte de Léon, est une version remaniée de son premier livre et il faudra attendre 1876 pour que le second volume voie le jour sous le titre de Nouveau dictionnaire pratique français et breton du dialecte de Léon. L’auteur, sans cesser d’enrichir son ouvrage, travaille sans relâche à une nouvelle édition. Alors qu’une troisième version de son dictionnaire français-breton est quasiment achevée, il décède à Brest en janvier 1885. Son ami MILIN accepte de travailler sur le manuscrit posthume pour opérer des dernières révisions et permettre que le livre soit publié l’année suivante ; il s’agit de l’ouvrage présenté ici. Dans cette ultime édition, TROUDE met l’accent sur “les expressions en usage” et “des mots pris dans la langue parlée“.
À l’image de LE GONIDEC, TROUDE privilégie le dialecte léonard, qu’il considère comme la forme la plus “classique” et la plus “pure” de la langue bretonne, tout en prenant soin, le cas échéant, d’indiquer les “acceptations diverses dans les dialectes de Vannes, Tréguier et Cornouailles”. Si ses notices sont le plus souvent assez courtes, avec peu d’indications étymologiques, l’auteur ne manque jamais de signaler les formes dérivées, et même des expressions familières. À l’évidence, le but de TROUDE n’est pas de réaliser un ouvrage détaillé, mais de fournir une liste de vocabulaire la plus exhaustive possible, tout en restant accessible à un public de non-initiés aux subtilités grammaticales du breton. Par ailleurs, l’auteur précise dans son préambule que, pour la question de la prononciation, il s’en remet totalement à la méthodologie de LE GONIDEC.
Quelques extraits
*ÉMIETTER, v.a. Bruzuna, Émietter du pain, bruzuna eunn tamm bara. Cette terre est bien émiettée, bruzunet mad eo ann douar-ze. En français, dans la Bretagne, on dit : ce pain bruzune beaucoup. Pain dont la croûte est bien cuite et qui rejette beaucoup de miettes quand on la coupe.
*BÉCASSE, s. f. Kefelek, m. pl. kefeleged. La — de la grande espèce, kefelek koat, m. La — de mer, kefelek vor, m. pl. kefeleged vor. Les bécasses sont abondantes cette année, stank eo ar c’hefeleged er bloaz-ma.
*SERVANTE, Plac’h, f ; plac’h ann ti, f. matez, f. Ce dernier substantif a le sens de bonne d’enfants. La — est malade, plach ann ti a zo klanv. Je la prendrai pour —, matez e teuio gan-en. On appelle karabosenn, ar garabosenn, les vieilles servantes des curés. Elle se plaça comme servante à Morlaix, mont a reaz da blac’h e Moñtroulez. Dites à la — de venir, livirit d’ar plac’h dont amañ. Contrairement à la règle, on dit ar plac’h vv.
*BEURRE, s. m. Amann, amanenn, m. Vann, Amanenn, m. Trég. Amaenn, m. Beurre frais, amann fresk. Beurre sans sel, amann disall. Beurre dessalé, amann disallet. Du — salé, amann sall. Du — fort, amann tenn, amann kre. Une motte de —, eur gignenn amo- nenn. Vann. Pot à mettre le —, pod amann. Pot plein de —, eur podad amann. Saler le —, salla ann amann. Dessaler le —, disalla ann amann. Où est le marché au beurre ? peled c’h ema marchad ann amann ?
*TUER, v. a. Laza, p. et. Vann. Lac’hein, p. lac’het. Corn. Lac’ha. Trg. Lac’hañ, lazañ. Il a tué sa mère, lazet en deuz he vamm. Tuer des bestiaux, des porcs, laza moc’h. laza saout ; bo-sa. Gr. Il le tua sur le coup, laza a reaz anezhañ hep na reaz ann distera klemmadenn. Tuer raide, laza mik. Se tuer volontairement, en em lasa. Ce serait à me tuer si je faisais cette besogne, eul laz-korf, eunn torr-korf e ve ma rankfenn ober kement-se.