Chasse

Nouveau dictionnaire des chasses

Vocabulaire complet des termes de chasse anciens et modernes. Dédié à madame la duchesse d'UZÈS. Introduction par le marquis G. de CHERVILLE.

Auteur(s) : PAIRAULT Amédée

 

Marquis de CHERVILLE

 Paris, librarie Pairault, bibliothèque cynégétique et sportive, 3, passage Nollet
 
  1885
 1 vol (XIII-427 p.)
 In-quarto
 demi-basane noire, dos à cinq nerfs, motifs dorés, titre en lettres dorées
 illustré de 50 vignettes et culs-de-lampe, frontispice signé Marcel Gingembre d'AUBÉPINE


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Autrefois presque exclusivement réservée aux aristocrates et aux grands propriétaires seigneuriaux, la chasse se démocratise à partir de la Révolution française. La vulgarisation de cette pratique va entraîner des abus, qui nécessiteront la mise en place d’un cadre juridique. Un “passeport de chasse” est créé dès 1810, et la loi du 3 mai 1844 posera les premières bases d’un code de la chasse. En 1834 sort un Dictionnaire des chasses accompagné d’un volume de planches ; ouvrage qui sert de complément au Traité général des eaux et forêts, chasses et pêches, de l’agronome Jacques Joseph BAUDRILLART. Le dictionnaire, qui connaîtra un certain succès auprès des amateurs de cynégétique, se trouvera assez vite épuisé. En 1885, c’est au tour du libraire Amédée PAIRAULT, administrateur du Nemrod, “Journal des chasseurs à courre et à tir”, de publier un Nouveau Dictionnaire des chasses, qui recense le vocabulaire cynégétique.

Comme son titre l’indique, l’ouvrage aborde les différents types de chasses existants, soit la chasse à tir, aux filets, aux pièges, la fauconnerie et la chasse à courre, laquelle connaît un renouveau depuis le Second Empire. PAIRAULT, pédagogue et concis, passe en revue les termes et expressions les plus usités dans les différents domaines cynégétiques. Il n’hésite pas à rentrer dans le détail lorsqu’il décrit les différents gibiers, en particulier le cerf et le sanglier, animaux favoris de la chasse à courre, mais aussi  l’élan, le daim, le renard, le héron, la perdrix, le faisan, le chevreuil, le lapin et le loup, voué à l’extermination par la loi du 3 juin 1882 et à propos duquel il précise qu’“on en détruit environ 1200 par an”. Visiblement très versé en zoologie, PAIRAULT évoque également des animaux “exotiques” – éléphant, hippopotame, tigre, lion, girafe, jaguar, puma, autruche, etc. Il s’attarde aussi fort logiquement sur les différentes races de chiens de chasse, comme le mâtin, le retriever, le setter, le braque, le beagle et l’épagneul.

L’auteur prend soin de décrire l’évolution de la chasse qui, dans les catégories sociales supérieures, joue désormais, à l’image de ce qui se passait déjà outre-Manche, un rôle d’activité “sportive”, en particulier quand il s’agit de chasse au tir et de chasse à courre. Dans son introduction,  Gaspard PESCOU, marquis de CHERVILLE, un des collaborateurs d’Alexandre DUMAS, auteur de romans et de récits consacrés à la chasse, souligne l’absolue nécessité de maîtriser un tant soit peu le vocabulaire cynégétique quand on évolue dans certains cercles : “Il est  essentiel d’en avoir retenu quelque chose lorsque, par sa naissance ou par sa position, on est destiné à être activement mêlé à la vie mondaine. Le puriste de la chasse à courre est le plus souvent un gentilhomme.” Ce dictionnaire fait donc office de vadémécum, bien utile aux profanes ou aux néophytes pour pouvoir converser sur le sujet sans faire d’impair.

Cet ouvrage est dédié à Anne de ROCHECHOUART de MORTEMART, duchesse d’UZÈS,  grande cavalière qui, connue pour avoir été la première Française à obtenir le permis de conduire, était également une grande amatrice de chasse à courre.

Quelques extraits

* Ferme. (v.) On dit qu’un sanglier ou un loup tiennent le ferme lorsqu’ils s’acculent dans leur fort et refusent de débucher en faisant tête aux chiens. Dans ce cas, la chasse commence ordinairement par l’acte final, c’est-à-dire par l’hallali.

*Quinteux. En fauconnerie, un oiseau quinteux est celui qui s’écarte trop. En vénerie, un chien quinteux est celui qui chasse un jour bien, un autre jour mal, selon sa fantaisie et son caprice. C’est un mauvais chien dont il faut se débarrasser.

*Bêtes puantes. On désigne sous cette appellation sept animaux de races diverses, savoir : le renard, le blaireau, la loutre, la martre, la fouine, la belette et le putois.

*Bécasse. Oiseau de passage de l’ordre des échassiers, à long bec obtus, au plumage roux, noir et cendré. Le passage le plus important de ces migrateurs est à l’automne, vers les premiers jours d’octobre. Ils voyagent la nuit par bandes assez nombreuses et se séparent lorsqu’ils s’arrêtent, de sorte qu’il n’est pas rare de trouver des bois d’une petite étendue dans lesquels on ne rencontre que deux ou trois bécasses, quelquefois même une seule. Cela tient à la grande étendue de terrain qu’il faut à chacun de ces oiseaux pour trouver sa nourriture. La bécasse se nourrit de vers qu’elle trouve sous les feuilles ; au crépuscule, elle se dirige vers les mares ou sources pour y boire et laver son bec, puis gagne les champs et les prés pour y véroter la nuit. Le vol de la bécasse est très irrégulier, ce qui rend son tir difficile. Elle s’élève lourdement, souvent en décrivant des crochets comme la bécassine ; mais lorsqu’elle a atteint le sommet des arbres, elle file d’un vol régulier et avec une grande rapidité. La chasse aux bécasses se fait au chien d’arrêt ; on les attend encore à la tombée de la nuit, au moment où elles quittent le bois pour aller faire leur toilette. Cet affût s’appelle la passée, et au passage du printemps, lorsque les bécasses sont en amour, la croule. Le chasseur, posté aux endroits où les bécasses passent ordinairement, peut, s’il est adroit et patient, faire de très beaux coups de fusil. On les prend aussi à la pantière, au collet et au moyen de pièges. La chair de la bécasse est excellente ; aussi est-ce le gibier favori des chasseurs.

*Vol-ce-l’est. (v.) Lorsqu’en chassant on revoit de l’animal de meute par le pied, on crie vol-ce-l’est. On dit aussi vol-ce-l’est par les portées, lorsqu’on voit que l’animal a tourné des branches ou des herbes avec sa tête ou son corps. On crie encore vol-ce-l’est par les rougeurs, lorsque le cerf est blessé à quelque partie du corps et qu’on voit du sang où il a passé. Lorsqu’on revoit du cerf par corps, on crie tayaut.



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