Botanique

Nouveau dictionnaire de botanique

comprenant la description des familles naturelles, les propriétés médicales et les usages économiques des plants, la morphologie et la biologie des végétaux (étude des organes et étude de la vie)

Auteur(s) : GERMAIN de SAiNT-PIERRE Ernest

 Paris, J.B. BAILLIÈRE et fils, libraires de l'académie impériale de médecine, rue Hautefeuille, 19, près du boulevard Saint-Germain ; Londres, Hipp. BAILLIÈRE ; Londres, C. BAILLY-BAILLIÈRE ; Leipzig, JUNG-TREUTELL
 édition originale
  1870
 1 vol (XVI-1388 p.)
 In-octavo
 chagrin rouge, titre en lettres dorées
 1600 figures dans le texte


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Un temps précepteur du Comte de Paris, Ernest Jacques Nicolas GERMAIN – plus connu sous le nom de plume de GERMAIN de SAINT-PIERRE – suit des études de médecine avant de se tourner résolument vers la botanique. Il suit les cours d’Achlle RICHARD et noue une solide amitié avec Ernest COSSON.  Il est en 1854 un des quinze membres fondateurs de la Société botanique de France, dont il sera à deux reprises le vice-président puis le président entre 1870 et 1871. Autre pôle d’intérêt, il travaille assidument avec Charles NAUDIN sur les hybridations.

GERMAIN est l’auteur de nombreux mémoires publiés dans divers périodiques ainsi que dans diverses publication dont un Guide du botaniste de 1851. Avec son comparse COSSON, il signe également une description de la flore des environs de Paris. En 1870, il publie un ouvrage de synthèse, le Nouveau dictionnaire de botanique qui, selon les propres mots de l’auteur, “a pour but de rendre le lecteur capable de s’occuper avec succès de l`étude de la botanique, de l’initier à la connaissance de la structure des plantes, en lui facilitant à la fois l’examen et l’analyse des objets de son étude, et l’intelligence des auteurs qui les ont décrits : nous lui mettons les plantes sous les yeux et les livres à la main”.

Abondamment illustré, l’ouvrage passe en revue ausi bien le vocabulaire spécifique de la botanique, que la description des diverses plantes. Usant d’un style très précis, il n’hésite pas en entrer dans les détails – dont les éventuelles applications médicamenteuses – sans abuser de son indéniable érudition. Il s’attarde tout particulièrement sur l‘”organographie” végétale et “les groupes phanérogamiques et cryptogamiques .

Animé d’un réel souci de vulgarisation, il présente une synthèse de ses travaux et de ceux de ses collègues d’hier et d’aujourd’hui. Il insiste avec force sur la nécessité du travail sur le terrain en incitant les étudiants et les amateurs à herboriser : “Au lieu de commencer l’étude de la botanique par des recherches dans les livres, par la lecture de descriptions qui vous sembleraient souvent un peu arides, même avec le secours des figures gravées, qui sont surtout destinées à vous mettre sur la voie pour l’examen de la plante vivante, commencez par chercher la nature dans la nature, par herboriser (avec ou sans maître), par recueillir et préparer des plantes. Vous ne tarderez pas à vous attacher ainsi aux objets qui auront frappé votre attention, vous voudrez connaitre les espèces que vous aurez rencontrées ; leur examen deviendra plein de charmes et l’analyse des organes qui constituent la fleur, le fruit et la graine, loin de paraître aride, semblera, dans ses plus petits détails, du plus grand intérêt”.

Séjournant fréquemment à Hyères, où il a fait construire un château néogothique, GERMAIN de SAINT-PIERRE s’éteint dans cette ville en 1882

Quelques extraits

Digitale (Digitalis purpurea, F. des Scrofularinées). La Digitale  est douée de propriétés très énergiques, et agit, à trop haute dose, comme poison narcotico-acre. Son emploi, même le mieux dirigé, peut occasionner des accidents cérébraux, de l’agitation, du délire, etc.; mais ces accidents se dissipent sans laisser de traces, si l’on suspend l’emploi du médicament. L’extrait de digitale, et l’alcaloïde qui en constitue la partie active (et qu’on administre à la faible dose de 2 à 5 milligrammes en vingt-quatre heures), sont fréquemment et utilement employés dans le traitement des fièvres intermittentes, mais surtout des affections du cœur (névroses et maladies organiques): les préparations de digitale ont la précieuse propriété de ralentir et de régulariser les battements.  du cœur et d’en diminuer l’intensité. À dose plus élevée, la digitale agit à la manière des éméto-cathartiques; l’intolérance de l’estomac pour une dose très élevée peut, jusqu’à un certain point, préserver du danger de l’intoxication.

Carline (Carlina vulgaris, fam. des Composées-Cinarocéphales) (fig. 186). La racine du Carlina vulgaris renferme une matière résineuse âcre et amère, douée de propriétés purgatives. Les Carlina acanthifolia et C. subacaulis sont remarquables par la beauté de leur large capitule, qui s’étale à la surface du sol, dans les lieux arides des hautes montagnes. Endlicher dit, en parlant de la carline : “Elle cache sa tige sous la terre; son unique et vaste capitule étale en rayons luisants, blancs ou dorés, le large cercle des écailles de son involucre qui se détache en étoile sur un entourage d’herbe verte. Elle est si singulière au milieu des autres plantes de la solitude, qu’il n’est pas étonnant qu’elle ait été, plus que les autres, employée dans les arts magiques. Dans les pays de montagnes, on mange le réceptacle charnu de la carline comme celui de l’artichaut”.

Dimorphisme. « Une tendance chez les végétaux à l’avortement de l’androcée ou du gynécée (étamines et ovaires). » (H. Lecoq. ) — En d’autres termes, une tendance des fleurs hermaphrodites à devenir unisexuées, soit par l’atrophie du sexe male (étamines et pollen), soit par l’atrophie du sexe femelle (ovaire et ovules). Cette dissociation des sexes aurait pour résultat non de stériliser la plante, mais au contraire de rendre l’organe femelle plus apte à être fécondé, et à donner des produits bien constitués et vigoureux. Dans le règne végétal comme dans le règne animal, la nature repousse les alliances entre trop proches parents ; ces unions restent souvent stériles, et lorsqu’elles donnent des produits, souvent ils sont débiles, incomplétement développés, et ils s’éteignent sans postérité. Dans les fleurs hermaphrodites on a remarqué que les étamines (souvent d’ailleurs mal placées pour entrer en communication dans une même fleur avec le stigmate) fécondent rarement l’ovaire de leur propre fleur. Très ordinairement, au contraire, le pollen d’une fleur sert à en féconder une autre; tantôt la nature a placé dans ce but les fleurs d’une même inflorescence les unes au-dessous des autres, tantôt ce sont les insectes, surtout les abeilles (mettez des ruches dans les vergers!), qui sont les agents de ces fécondations croisées, soit de fleur à fleur chez un même individu, ou d’une fleur à la fleur d’un autre individu de la même espèce.



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