Pharmacologie, Pharmacie, Médecine

Matière médicale réformée ou Pharmacopée médico-chirurgicale

contenant l'exposition méthodique des médicaments simples & composés, de leurs caractères, de leurs vertus, de leur préparation & administration, & des espèces de maladies où ils sont indiqués; a un Avec un Tableau méthodique des classes, des genres & des espèces de maladies. A l'usage des praticiens.

Auteur(s) : VITET Louis

 à Lyon, chez les frères PERISSE, imprimeurs-libraires, grande rue mercière
 édition originale
  1780
 1 vol (XXXII-LX-552-144 p.)
 In-quarto
 basane fauve, dos lisse décoré avec motifs dorés, pièce de titre en maroquin noir


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Né à Lyon en 1736, Louis VITET aspire dans sa jeunesse à devenir chartreux. Mais son père lui pose alors comme condition préalable d’obtenir son diplôme de médecine à Montpellier. Prenant goût à ses études médicales, il renonce finalement à sa vocation religieuse. Après un passage par Paris, il revient dans sa ville natale où il anime des démonstrations publiques de chimie et d’anatomie. Il s’intéresse également à la médecine vétérinaire et, en 1771, il est l’auteur d’un ouvrage en trois volumes consacré à ce sujet ; cet ouvrage, qui connaîtra un beau succès, sera traduit en allemand et en néerlandais. En 1778, il publie un livre intitulé Pharmacopée de Lyon ou Exposition méthodique des médicaments simples et composés. Pour écarter une menace de procès en illégitimité, l’ouvrage sera réédité deux ans plus tard sous un titre modifié : Matière médicale réformée ou Pharmacopée médico-chirurgicale. C’est celui que nous allons vous présenter.

Dès son avant-propos, VITET montre un certain mécontentement envers la médecine de son temps qui, selon lui, souffrirait de nombreux archaïsmes en dépit des progrès scientifiques réalisés en deux siècles : “Mais, en considérant […] l’état actuel de la matière médicale & de la pharmacopée, on ne peut se refuser à des réflexions affligeantes. En effet, quoique la nature ait en quelque sorte entouré l’homme de ses bienfaits, on le voit ici tourner contre lui-même les avantages qu’il devoit en retirer. Au lieu d’établir ces deux sciences sur l’expérience & l’observation, au lieu de s’en tenir à des faits constans, & aux vertus reconnues par les praticiens, la matière médicale n’est, pour ainsi dire, aujourd’hui qu’un recueil absurde de ce que la prévention, le charlatanisme ou l’ignorance ont osé affirmer sur ses vertus des substances naturelles & la pharmacopée, qu’un assemblage de compositions monstrueuses, fruits de la science mystérieuse des empiriques & des alchimistes.”

Précédé d’une table des médicaments simples et composés rédigée en français et en latin, ainsi que d’une longue liste de remarques préliminaires qui sont autant de “préceptes très essentiels, sur la connoissance, le choix, la préparation, le mélange, la conservation, la prescription & l’administration des médicamens”, le livre est organisé en fonction de dix-sept classes “suivant les effets sensibles qu’ils produisent sur le corps humain” ;  soit  “les vomitifs, les purgatifs, les urinaires, les sudorifiques, les emménagogues, les expectorans doux & les expectorans ácres, les sternutatoires, les salivaires, les vésicatoires, les caustiques, les astringens insipides & les astringens austères, les sanguivores, les rafraîchisans, les reláchans mucilagineux & les reláchans huileux, les nutritifs, les assoupissans, les fortifians amers & les fortifians aromatiques”.

VITET inclut dans sa liste un grand nombre de plantes et de végétaux divers, mais aussi des produits d’origine animale ou minérale ainsi que des composés chimiques. Pour chaque élément, il indique le nom en latin, les indications sur l’endroit où on peut en trouver, sa saveur et son odeur. Il en indique ensuite les effets, qu’il baptise du mot de « vertus », sur le corps humain. Il passe ensuite à ce qu’il appelle la préparation, en détaillant les recettes pour fabriquer baumes, huiles, poudres, cataplasmes, infusions, etc., ainsi que les modes d’administration et d’utilisation et les doses prescrites. Il cite à l’occasion des remèdes “traditionnels”, tout en prenant soin pour chacun d’entre eux de préciser si ses effets en ont été prouvés scientifiquement.

Il complète son propos par une “Table générale des maladies pour lesquelles chaque espèce de remèdes y a été indiquée“. Cette “Table, nécessaire à tous ceux qui s’adonnent à la médecine”, comprend neuf classes ; à savoir “les maladies fébriles, les maladies inflammatoires, les maladies douloureuses, les maladies convulsives, les maladies de l’esprit, les maladies de faiblesse, les maladies évacuatoires, les maladies par déplacement des parties organiques, & les maladies par rétention de matières fluides ou solides“.

Son livre connaît un certain retentissement et achève de faire de VITET une célébrité locale. Il succède à Pierre POIVRE à l’Académie de Lyon en 1786, et l’intendant de Lyon lui confie la mission de créer une école de sages-femmes dans la ville. Il s’engage pour la Révolution et se retrouve, en 1790, élu maire de Lyon. Il devient ensuite président de l’administration départementale, après avoir refusé le mandat de député à l’Assemblée législative. Élu à la Convention nationale en septembre 1792, il est envoyé en mission à Lyon, puis dans le Languedoc avec la mission d’y calmer des troubles. Lors du procès de LOUIS XVI, il vote la détention et le bannissement de la race des Bourbons. Proche des Girondins, il se retire pour raison de santé à Lyon en 1793, mais se voit bientôt accusé de participer à la sédition qui agite la cité. Après l’écrasement de l’insurrection, il s’exile en Suisse et ne revient qu’après Thermidor. Sous le Directoire, il siège au Conseil des Cinq-Cents et il parviendra à se faire réélire.  Après le coup d’État de BONAPARTE, il quitte la vie politique. Consacrant désormais son temps à écrire, il publie ainsi, coup sur coup, La Médecine expectante et La Médecine du peuple ou Traité complet des maladies dont le peuple est communément affecté, ouvrage qui sera suivi quelques années plus tard par un Traité de la sangsue médicale. Il meurt à Paris en mai 1809.

Extraits 

Tabac : Feuilles sèches, pulvérisées & inspirées par le nez, font éternuer avec plus ou moins de force ceux qui ne font pas habitués à cette poudre. L’usage immodéré, ou trop longtemps continué des feuilles prises sous cette forme, cause des vertiges ; diminue la sensibilité de l’odorat, jusque même à le rendre incapable de distinguer les espèces d’odeurs ; il affaiblit la mémoire, il diminue la vivacité de l’imagination, il augmente le penchant vers l’apoplexie sanguine, il produit dans le nez plusieurs espèces de maladies ; il nuit aux tempéraments bilieux & sanguins […] La fumigation des feuilles introduites dans l’anus, calme les coliques venteuses ; convient dans l’apoplexie pituiteuse, la léthargie pituiteuse, l’asphyxie hystérique, l’asphyxie par les passions de l’âme, l’asphyxie des noyés, la tympanite sans inflammation ni disposition inflammatoire ; & favorise l’expulsion des matières fécales. L’infusion des feuilles en lavement est indiquée dans les mêmes espèces de maladies, lorsque la fumigation n’a été d’aucun secours ; elle produit une évacuation beaucoup plus abondante des matières fécales, elle irrite davantage l’intestin rectum. L’infusion aqueuse, en boisson, fait vomir, donne des coliques, purge, & cause une espèce d’ivresse de plus ou moins longue durée.

Hirondelle : Le peuple est persuadé que l’hirondelle rôtie, ou le bouillon fait avec les hirondelles, préserve de l’angine inflammatoire & fortifie la mémoire & la vue ; que le nid d’hirondelle, mis sur le col, favorise la résolution de l’angine inflammatoire ; & qu’appliqué sur une blessure faite par un chien enragé, il garantit de la rage. Le nid d’hirondelle broyé jusqu’à consistance de cataplasme, avec suffisante quantité d’eau, resserre en se desséchant les fibres & les vaisseaux de la partie du corps où on l’applique.

Araignée :  Toile d’araignée, mise sur une plaie récente & peu profonde, arrête le cours du sang & favorise la réunion des bords, rapprochés par un bandage particulier. On a écrit que l’araignée vivante, écrasée & appliquée sur le poignet, guérit les fièvres intermittentes, particulièrement la fièvre quarte. L’observation n’a rien prononcé sur cette prétendue propriété de l’araignée.



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