Lexicon manuale ad scriptores mediae et infimae latinitatis | Recueil de mots de la basse-latinité
Auteur(s) : MAIGNE d'ARNIS W.-H.
Plus d'informations sur cet ouvrage :
Édité par le célèbre abbé MIGNÉ, le Lexicon manuale ad scriptores mediae et infimae latinitatis (Lexique manuel pour les écrivains de la moyenne et basse latinité) a pour auteur un certain W.-H. MAIGNE d’ARNIS. Nous ne disposons guère d’informations complémentaires pour pouvoir ébaucher un portrait, même sommaire, de ce latiniste dont il semble que ce soit le seul ouvrage connu. En effet, nous ne pouvons rapprocher avec certitude cet auteur de W. MAIGNE – nom de plume de Paulin Guillaume NEULAT -, qui a signé plusieurs titres pour l’Encyclopédie Roret, comme le Dictionnaire encyclopédique des ordres de chevalerie civils et militaires déjà présenté sur notre site.
Cet ouvrage, comme d’autres glossaires de latin tardif pré-médiéval, répond à une nécessité : corriger l’altération importante subie par le latin dit classique entre les IIIe et VIe siècles. En effet, au fil du temps, le latin écrit déjà contaminé par des formes dialectales s’est métissé du vocabulaire issu d’autres langues pratiquées dans l’Empire. Cette évolution, qui se poursuivra pendant des siècles, donnera naissance aux langues dites romanes, dans lesquelles les déclinaisons se simplifient, les mots se modifient et perdent leurs terminaisons. Devenu une langue à part, le “bas latin”, parfois aussi qualifié de “latin tardif”, posera des problèmes aux traducteurs et sera source de contresens et d’erreurs d’interprétation ; ce qui est d’autant plus dommageable qu’en Occident beaucoup de Pères de l’Église ont écrit dans cet idiome, par ailleurs utilisé par saint JÉRÔME pour sa traduction de la Bible.
L’humanisme, qui considère le Bas-Empire et le Moyen Âge comme une simple parenthèse entre l’Antiquité et la Renaissance, veut revenir à la pureté retrouvée du latin classique. De ce fait, les écrits de cette période seront longtemps négligés, jusqu’à la publication, en 1678, du Glossarium ad scriptores mediæ et inifinimæ latinitatis, rédigé par DU CANGE.Cet ouvrage contient près de 140 000 mots expliqués en latin “moderne”. Cet auteur, ne s’attardant pas sur les questions grammaticales, s’attache plutôt à retracer la signification historique des termes à travers de véritables brèves dissertations émaillées de très nombreuses citations et de références bibliographiques. Le livre publié par MIGNÉ, celui présenté ici, s’inscrit clairement dans la continuité de cet important dictionnaire, mais en se cantonnant à la “basse latinité”. Le livre de DU CANGE deviendra un classique et connaîtra plusieurs éditions augmentées et corrigées, dont une version de dix volumes publiés en 1883 et 1886.
En se basant en grande partie sur l’œuvre de son prédécesseur, MAIGNE d’ARNIS se propose d’en réaliser une synthèse d’autant plus attendue que l’ouvrage de DU CANGE est devenu volumineux et trop coûteux pour être accessible au plus grand nombre. Il souhaite proposer un “dictionnaire des termes des bas siècles, assez complet pour faciliter l’intelligence des écrits de ces temps reculés, et en même temps d’une valeur commerciale assez modeste pour n’être inabordable à personne”. Une sélection drastique a ainsi été opérée : “Tout vocable qui nous a paru venir d’une mauvaise lecture a été retranché. Nous avons également supprimé les formes orthographiques de tous les mots faciles à reconnaître malgré leur altération. Nous n’avons pas été plus indulgents pour les termes languedociens, espagnols, italiens, etc., donnés par les continuateurs de du Cange pour des mots latins, à moins qu’ils ne se trouvent dans les Vies des saints, auquel cas nous avons cru devoir les maintenir. Enfin, nous avons élagué certains mots qualifiés de noms communs et qui sont véritablement des noms propres de villages, de rivières, de ruisseaux, etc.” En revanche, le vocabulaire retenu est enrichi “d’un grand nombre de mots pris dans les ouvrages des écrivains ecclésiastiques, et dans plusieurs glossaires inédits“.
Même s’il ambitionne d’être un ouvrage de vulgarisation grand public, cet épais Lexicon manuale reste réservé à des latinistes avertis. Les nombreuses citations, parfois la définition elle-même, figurent en latin non traduit. Le livre se présente comme un outil pratique à l’usage des spécialistes, des universitaires, des paléographes, des archivistes ou des historiens. Du fait de la nature des documents traités, les sources peuvent être littéraires, mais aussi de nature juridique, administrative et ecclésiastique. Globalement, l’ouvrage retrace l’évolution d’une société qui va de l’Empire romain à l’instauration de la féodalité.
Ce dictionnaire, qui connaîtra un certain succès, sera réédité en 1866 par les éditions MIGNÉ, puis en 1890 par les frères GARNIER.
Quelques définitions
– Acceptoricius canis. — Canis aviarius, seu cum accipitre venatur aves ; chien de chasse, chien spécialement destiné à la chasse aux oiseaux, mais pouvant servir aussi à chasser d’autres espèces de gibier.
– Copaudus -Vircujus uxor, ipso sciente, mochatur ; mari dont la femme est infidèle.
– Exheredari – Extra familiam quæ naturalis est hæres, exire ; sortir de la famille pour aller à des étrangers (en parlant d’un bien). Exheredari se, hona sua dissipare ac disperdere ; dévorer, dissiper sa fortune.
– Novellare – Sylvestrem agrum extricare, agrum ante incultum colere ; défricher une terre, mettre une friche en culture. (A. SS.) Renovare ; renouveler, recommencer. (A. SS.) Nova nuntiare, scribere ; annoncer des nouvelles, écrire.
– Alaphisare – Iteratis alapis percutere ; souffleter plusieurs fois.