Encyclopédie poétique
Recueil complet de chef-d'oeuvres de poésie sur tous les sujets possibles, depuis MAROT, MALHERBE, &c. jusqu'à nos jours, présentés dans l'ordre alphabétique
Auteur(s) : GAIGNE Alexis-Toussaint de
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Ancien officier du génie dans l’armée autrichienne, Alexis-Toussaint de GAIGNE – son prénom est parfois changé en Alexandre-Toussaint – exerce ensuite, pendant de nombreuses années, la fonction d’aide de camp du comte de DAUN. Puis il se fait connaître en France par son Manuel ou journée militaire par lequel il entend faire partager au lecteur son expérience acquise lors d’opérations menées en Silésie. Dans cet ouvrage il ne se prive pas de délivrer ses avis sur la stratégie et la tactique militaires, sur la bonne organisation et l’approvisionnement d’une armée, mais aussi sur l’art des fortifications et des retranchements.
En marge de sa vocation militaire, GAIGNE nourrit une passion sincère pour la littérature, en particulier pour le théâtre et la poésie. L’auteur parle de la « lecture immense que j’ai faite de tous les poètes qui ont existé, depuis MAROT jusqu’à nos jours ». Il entreprend donc de rédiger un ouvrage qui se présenterait tout à la fois comme une anthologie et comme un dictionnaire poétique. À l’instar d’autres essayistes, il assimile à la poésie proprement dite les fables et les pièces de théâtre rimées. Après plus de deux années consacrées à la rédaction de l’ouvrage, la publication de cette Encyclopédie poétique s’échelonnera entre 1778 et 1781, pour compter au final dix-huit tomes.
Désireux de distinguer son livre des autres innombrables recueils de poésies publiés, GAIGNE adopte une classification à la fois alphabétique et thématique en sélectionnant un “mot-clé” dans le titre. Les notices sont en outre toutes numérotées de 1 à 3120. Deux exemples de titre d’article : « ADIEUX (les) d’une demoiselle qui se fait religieuse à son amant, ou La résolution affermie » et « AMOUR (l’) injuste, ou La force du penchant ». Les sujets sont très divers comme “le tremblement de terre de Lisbonne”, “l’homme sincère”, “un placet au roi pour être déchargé des impôts” ou “le valet devenu maître”. Il s’abstient de dispenser tout conseil méthodologique et renvoie les « nourrissons des Muses qui aspirent au titre de poète » à l’étude de BOILEAU, REMOND de SAINT-MARD, MOURGUES et l’abbé DUBOS.
Contrairement à d’autres auteurs de dictionnaires poétiques, telle La pléiade françoise qui constitue pourtant l’une de ses sources d’inspiration, GAIGNE n’entend pas se limiter aux auteurs et aux poèmes incontournables. Il revendique une certaine liberté dans sa sélection, sans dédaigner pour autant les œuvres plaisantes et certains poètes jugés secondaires, peu connus voire même anonymes. Comme il l’écrit : « On peut, au défaut de chefs-d’œuvre, faire une collection suivie de pièces très agréables & fort plaisantes, avec la certitude d’être utile. » On trouve, à côté de CORNEILLE, CRÉBILLON, RACINE, DORAT, FONTENELLE et même du roi de Prusse FRÉDÉRIC II, des inconnus comme LE PRIEUR ou Monsieur de V., « officier au régiment du roi » et des poètes peu diffusés ou quasi oubliés comme MONTAUZIER, DESPORTES, mademoiselle BERNARD ou FUMARS.
GAIGNE revendique avec force la caution de VOLTAIRE, décédé l’année même de la sortie de cette Encyclopédie poétique. Il le remercie de l’« l’honneur que vous daignez me faire en me permettant de placer votre nom en tête de cette immense collection », et lui dédie son livre avec un hommage très appuyé, comme le témoigne sa longue explication de l’allégorie en frontispice. Pourtant son dessein se démarque très clairement de l’esprit polémique et philosophique prôné par son protecteur, puisqu’il écrit : « J’ai proscrit tout ce qui sort des bornes du respect dû à la religion & aux mœurs, tout ce qui semble attaquer des nations dont le système politique se trouve lié au nôtre, tout ce qui pourroit flétrir la mémoire de gens respectables. »
À la fin de chaque tome figurent de courtes notices biographiques sur les poètes cités, classées par ordre chronologique. La version présentée ici est incomplète, car il manque les deux derniers tomes.