Jeux de cartes

Encyclopédie des jeux de cartes

jeux de combinaisons, de ruse, de hasard, patiences

Auteur(s) : BOUSSAC Jean

 Paris, librairie Ernest Kolb, Léon CHAILLEY successeur, 8, rue Saint-Joseph
 nouvelle édition (la première date de 1896)
  1920
 1 vol (344 p.)
 In-douze
 demi-chagrin rouge, dos lisse à fillets dorés
 tableaux et figures


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Attestées en Occident à partir de la fin du Moyen Âge et probablement originaires d’Orient, les cartes à jouer vont se diffuser rapidement, pour donner naissance à une multitude de jeux très diversifiés. Mal vus par une Église qui condamne déjà les jeux de hasard, ils sont de plus en plus pratiqués comme jeux de société, de salon, mais aussi d’argent ; phénomène qui donnera naissance à des établissements spécialisés tels que tripots et casinos. Une corporation des cartiers finit par voir le jour et une véritable industrie se met en place. Celle-ci profite du développement de l’usage du papier et de la gravure sur bois pour prendre de l’ampleur et connaître un véritable âge d’or aux XVIIIe et XIXe siècles.

En 1896, un dénommé Jean BOUSSAC, au sujet duquel nous ne disposons d’aucune information biographique, publie une synthèse des jeux les plus connus. D’autres auteurs, tels que Charles VAN TENAC et RICHARD, ont déjà signé des livres présentant les règles de nombreux jeux mais, contrairement à BOUSSAC, sans centrer leurs propos sur les cartes à jouer. L’ouvrage, intitulé Encyclopédie des jeux de cartes, débute par une brève introduction qui soumet au lecteur quelques réflexions sur l’éthique dans le domaine du jeu. Il le met en garde contre les tricheurs professionnels qui, connus sous les noms de “philosophes” ou de “grecs”, écument les cercles de jeu à l’affût de “pigeons à plumer”. BOUSSAC passe en revue les mille et une ruses, plus ou moins sophistiquées, dont usent les escrocs – cartes marquées, trafiquées ou escamotées -, rappelant opportunément in fine les règles juridiques applicables sur les dettes de jeu.

L’auteur répartit les jeux de cartes en plusieurs catégories : “les jeux de combinaisons”  (Piquet, Manille, Cinq-cents, l’Écarté, le Bésigue, l’Impériale, le Whist, etc.), “les jeux de ruse ou de diplomatie” (Bouillote, Poker), “les jeux de hasard “(Baccara, Lansquenet, Pharaon, la Banque italienne, la Ferme, le Hoc, le Trente et quarante, etc.), ainsi que “les patiences et réussites”  (Tercet, Mère Michel, Crapette, etc.). Il clôt son inventaire par un chapitre consacré à la cartomancie et un appendice dédié au bridge ; lequel, curieusement oublié par l’auteur, aurait logiquement dû figurer aux côtés du Whist. Pour chaque jeu, il présente les règles et décrit le déroulement d’une partie, ne négligeant jamais à l’occasion de dispenser des conseils pratiques.

Clair et précis, cet ouvrage demeure une référence, en particulier pour les jeux anciens dont beaucoup, très populaires en leur temps, ne sont plus guère pratiqués. Le livre sera régulièrement réimprimé à l’identique – ce qui est le cas de notre exemplaire daté de 1920 – et ce, jusqu’à nos jours.

Quelques extraits

– Rams : Le rams est un jeu simple, qui n’exige aucune étude préalable ; avec un peu d’habitude et d’attention, on y devient très fort, en très peu de temps. Le rams se joue à trois, quatre, cinq et même six personnes, avec un jeu ordinaire de 32 cartes, dont la valeur est la même qu’à l’écarté : le roi, la dame, le valet, l’as et le dix, le neuf, le huit et le sept. Telle est la suite des cartes dans le véritable rams ; mais il faut se hâter de dire que cet ordre est généralement modifié, et que, dans la plupart des salons et des cafés, on adopte la série du piquet, et qu’en conséquence l’as est la plus forte carte. Le rams se joue de deux manières, ou plus exactement la marque varie selon que l’on joue à qui perdra la partie, ou que l’on donne aux jetons une certaine valeur payée à l’avance. Dans la première partie, chacun se débarrasse de ses jetons à mesure qu’il fait des levées ; dans l’autre, au contraire, chacun cherche à avoir le plus de jetons qu’il peut, car chacun de ces jetons, à la fin de la partie, lui sera payé selon la valeur convenue, avec l’argent qui a été déposé à la cagnotte ou sous le chandelier.

– Le poker français à 32 cartes : Le poker français ne se joue qu’entre quatre joueurs. S’il se trouve cinq personnes réunies, ayant l’habitude de jouer ensemble ou désireuses de faire une partie sans exclure aucune d’entre elles, la cinquième rentre au bout d’un quart d’heure. Car tel est presque toujours le temps convenu au bout duquel les places sont tirées à nouveau. Le roulement entre les joueurs s’établit ensuite dans l’ordre déterminé par le tirage des places. […] La valeur des combinaisons au poker français diffère un peu de celle du jeu américain : ainsi la séquence est battue par le brelan, et le full est battu par le flush. En l’absence d’un jeu quelconque, quand deux joueurs se trouvent en présence dans un engagement, c’est celui qui a la plus forte carte dans son jeu qui gagne. […] Il est inutile de s’asseoir à une table de poker si l’on n’est pas à même de deviner promptement la manière de jouer de ses adversaires, et, surtout, si l’on ne se sent pas capable de cacher la sienne, dans la limite du possible. Il faut être un psychologue pour parler le docte charabia de la pédantocratie moderne. Les joueurs, bien rares, qui ont encore le temps de réfléchir, auront sans doute remarqué que le poker n’est qu’une bouillotte un peu modifiée et un peu plus compliquée.



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