culture générale

Encyclopédie des gens du monde

répertoire universel des sciences, des lettres et des arts : avec des notices sur les principales familles historiques et sur les personnages célèbres, morts et vivans

Auteur(s) : ARTAUD de MONTOR Alexis-François, WÜRTZ Jean-Godefroy

 

ANDERS, ANDRAL, AUBERT de VITRY, BERR Michel, CASTERA, CHAMROBERT, CHARLIER, CHOPPIN d'ARNOUVILLE, DEPPING Georges Bernard, DUFAU, baron d'ECKSTEIN (ECKSTEIN Ferdinand), FAYOT, FETIS François-Joseph, GENCE, GUILLEMIN, JOUY, KLAPROTH, abbé LABOUDERIE, LAFARGUE, LEBRUN Isidore, LECLERC-THOUIN Oscar, LEFEBVRE-CAUCHY, MATOREZ, MATTER, ORFILA Mathieu, PARISOT Valentin, PONCELET, RATIER, REINAUD, SCHNITZLER Jean-Henri, SINNER, THIEBAUT de BERNAUD Arsène, VIEL-CASTEL Henri de, baron WALCKENAER, WALEZ, WORMS, YOUNG, AVEZAC, AUDIFFRET, comtesse de BRADI, colonel CARETTE, MORAWSKI Théodore, REGNARD Emile, vicomte de SANTAREM, FEUILLET de CONCHES, COGNAT, pasteur CUVIER, HAAG, LE ROY de CHANTIGNY, et al.

 Paris, librairie de TREUTTEL et WURTZ, rue de lille, n°17 ; Strasbourg, Grand'rue, n°15 ; Londres, 30 Soho square
 édition originale
  1833-1844
 22 vol
 In-octavo
 basane d'époque, dos à nerfs ornés de filets et de guirlandes dorées


Plus d'informations sur cet ouvrage :

En 1704, Johann Friedrich GLEDITSCH, libraire à Leipzig, édite le Reales staats und Zeitung lexikon (Lexique de l’État et des journaux), ouvrage qualifié de “dictionnaire de culture générale”. En 1708, le titre de ce livre devient le Reales Staats Zeitungs und Conversations Lexicon. Pendant des années, la paternité de ce dictionnaire sera à tort attribuée au rédacteur de la préface, un géographe du nom de Johann HÜBNER.

L’éditeur ne se contente pas de procurer une aide au lecteur pour ses lectures, il cherche aussi à lui permettre de disposer d’une culture de base suffisante pour soutenir une conversation sur des sujets savants sans en avoir une connaissance approfondie. Choisi à dessein pour attirer l’attention du public, le mot “conversation” fait ici référence à l’art de la conversation tel qu’il est pratiqué en France, à la cour et dans les salons depuis le milieu du XVIIe siècle. Cette pratique mondaine, qui associe esprit, érudition et talent oratoire, devient une source de curiosité et d’envie pour les élites lettrées de toute l’Europe soucieuses d’en acquérir les codes et les usages. Le succès du livre est immédiat ; il sera réimprimé et augmenté pendant plusieurs décennies

Le dictionnaire fait ensuite l’objet d’une refonte en profondeur par un professeur de Leipzig, Renatus Gotthelf LÖBEL. Entre 1796 et 1808 l’ouvrage sort en six volumes sous le titre de Conversationslexikon mit vorzüglicher Rücksicht auf die gegenwärtigen Zeiten. LÖBEL décédant en 1799, le cinquième tome est rédigé par Johann Karl WERTHER et le sixième par Johann Friedrich HERZOG.

Ce dictionnaire à peine achevé, l’éditeur Fredrich Arnold BROCKHAUS en rachète les droits. Il reprend la base de l’ouvrage, le remodèle en partie et l’enrichit de données et de biographies contemporaines. L’ouvrage connaît un succès exponentiel au cours des années. Il prend également de plus en plus d’ampleur, passant de huit volumes en 1811 à douze en 1827 et quinze en 1848. Ce dictionnaire s’impose peu à peu comme la référence encyclopédique de langue allemande dont l’aventure, sous le titre de la Brockhaus Enzyklopädie, se perpétue encore de nos jours.

En France son succès ne passe pas inaperçu chez les libraires français. Ceux-ci sont en effet à la recherche d’encyclopédies synthétiques accessibles par un large public, soit tout le contraire de la très volumineuse Encyclopédie méthodique de PANCKOUCKE. La maison d’édition TREUTTEL et RTZ, en contact avec des commissionnaires allemands, envisage de traduite le Brockhaus en français et va jusqu’à éditer un prospectus de présentation du projet. Finalement l’éditeur opte pour un livre nouveau, plus “francisé”, qui prend le titre, a priori assez curieux, d’Encyclopédie des gens du monde. Publié entre 1833 et 1844, celui-ci conserve comme base le Brockhaus dont certains articles, signalés par les lettres C.L. et C.L.M, sont intégralement reproduits. Annoncée en douze tomes, elle en comprend 22 au final, chaque tome étant divisé en deux parties reliées ensemble dans la version ici présentée.

La préface définit ainsi l’expression “gens du monde” : « Tous ceux chez qui le besoin d’une instruction supérieure est éveillée. » Les auteurs défendent l’idée d’une encyclopédie ni trop savante ni trop “élémentaire”, mais « intelligible pour tous ». Le public visé est donc très large, et l’objectif recherché généraliste : « On peut le dire, les connaissances ne sont véritablement utiles et ne nous appartiennent en propre qu’à condition qu’elles soient encyclopédiques, c’est-à-dire enchaînées, vues dans leur ensemble, s’expliquant les unes par les autres. »

Pour les éditeurs, ce livre doit dresser un panorama le plus large possible sans se perdre dans des hypothèses, des détails d’érudition et des polémiques non tranchées. Pour l’élaboration des articles, ils revendiquent la “méthode historique”, censée être un gage d’impartialité et d’équilibre. Elle consiste à écarter à la fois ce qui relève du dogmatisme ou ce qui est frappé d’incertitude : « Notre tâche à nous, c’est d’exposer les questions plutôt que de les trancher ; nous rapporterons les idées produites à différentes époques plutôt que nous n’établirons les nôtres ; nous constaterons ce qui aura été fait ou écrit, sans décider ce qu’il faudrait écrire et faire encore, et sans condamner le passé d’après les idées qui n’appartiendraient qu’aux temps où nous vivons. Les hypothèses nous sont interdites ; nous nous mettrons en garde contre les idées que l’on appelle neuves et dont le principal mérite est d’être hardies. » Cette objectivité et cette prudence ne seront pas du goût de Pierre LAROUSSE qui, plus tard, y verra un manque d’ouverture d’esprit et une grande frilosité, d’où un ouvrage qu’il juge tronqué et incomplet. Il déclarera, au sujet de la ligne éditoriale de cette encyclopédie : « Impossible de se suicider avec plus de dextérité. »

L’équipe de rédacteurs est placée sous la direction d’Alexis-François ARTAUD de MONTOR. En dehors d’une carrière diplomatique réalisée sous l’Empire et la Restauration, il est connu en tant que “littérateur”. Grand amoureux de l’Italie, il s’est fait un nom par ses traductions et ses essais sur des écrivains et des artistes italiens, ainsi que sur l’histoire de la papauté. Sa collection de Primitifs italiens est particulièrement renommée. Dans la nombreuse équipe de contributeurs mobilisés, on peut retenir quelques noms connus comme Michel BERR, SAINT-ALBIN BERVILLE, Georges Bernard DEPPING, le baron d’ECKSTEIN, François-Joseph FETIS, l’abbé Jean LABOUDERIE, Mathieu ORFILA, Valentin PARISOT, Jean-Henri SCHNITZLER, Arsène THIEBAUT de BERNAUD ou Charles Athanase WALCKENAER.

Dès sa sortie, l’Encyclopédie des gens du monde se trouve en concurrence frontale avec une publication proche d’elle, dans le fond et dans la forme, portée par l’éditeur Ambroise FIRMIN DIDOT : le Dictionnaire de la conversation et de la lecture. Dirigé par William DUCKETT, cet ouvrage est, lui aussi, très largement inspiré du Brockhaus et comprendra au final plus d’une cinquantaine de volumes. Par la suite, ces deux dictionnaires encyclopédiques seront éclipsés par ceux élaborés par LAROUSSE et ses successeurs.



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