Bibliographie, Bibliophilie

Dictionnaire typographique, historique et critique des livres rares, singuliers, estimés et recherchés en tous genres

contenant, par ordre alphabétique, les noms & surnoms de leurs auteurs, le lieu de leur naissance, le temps où ils ont vécu, & celui de leur mort, avec des remarques nécessaires pour en distinguer les bonnes éditions, & quelques anecdotes historiques, critiques & intéressantes, tirées des meilleures sources. On y a joint le prix qu'ils se vendent la plupart dans les ventes publiques

Auteur(s) : OSMONT Jean-Baptiste Louis

 à Paris, chez LACOMBE, libraire, quai de Conti
 édition originale
  1768
 2 vol : tome 1. A-M (XII-515 p.), tome 2. N-Z (456 p.)
 In-octavo
 cuir fauve moucheté, dos à cinq nerfs, caissons oneés de motifs floraux dorés, pièces de titre et de tomaison de maroquin rouge et noir
 bandeaux décoratifs, culs-de-lampe


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Jean-Baptiste Louis OSMONT, descendant d’une famille de libraires originaire de Rouen, se destine à adopter la même profession que ses aïeux en entreprenant de solides études. Dans le but de rationaliser et de faciliter sa future activité professionnelle, il collecte toutes les informations bibliographiques utiles pour la réalisation d’un futur catalogue raisonné des livres rares et recherchés.

La parution, à partir de 1763, de la Bibliographie instructive de BURE, vaste recueil bibliographique thématique et commenté, modifie son projet initial. Cet ouvrage lui inspire l’idée de réaliser un dictionnaire alphabétique, plus aisé à utiliser pour le grand public, et d’en compléter le contenu par les notices descriptives des livres présentés.

En effet, en raison la multiplicité des éditions parallèles, des rééditions et des contrefaçons, les lecteurs sont en attente d’un guide capable de les aider dans leurs achats. Comme l’écrit l’auteur, « l’amour des livres & le goût pour la littérature, s’étant aujourd’hui insinué dans tous les états de la vie, un dictionnaire propre à en donner la connoissance & à en déterminer le choix pourroit être reçu par le public avec plaisir ».

Renonçant à décrire les livres en détail, il fournit les informations nécessaires, selon lui, pour connaître un ouvrage et évaluer la valeur économique, intellectuelle et éditoriale des « bonnes éditions ». C’est ainsi que, si la biographie de l’auteur d’un livre se trouve réduite à son strict minimum, les éléments critiques et les anecdotes portant sur sa conception et son édition concourent souvent à étoffer le commentaire.

OSMONT opte pour un classement alphabétique par auteur, mais la lecture n’en est pas pour autant facilitée, car il fait figurer le titre de l’ouvrage en premier, suivi du nom de l’auteur en majuscules. Voici un exemple d’intitulé, classé à Ho selon le nom de l’auteur : « L’Art des armées navales, ou Traité des évolutions navales, avec la théorie de la construction des vaisseaux, par le père Paul HOSTE, Lyon, 1727. » Le fait que, pour certains personnages, le nom en français et en latin alterne selon les titres accentue encore la difficulté. Ainsi pour HORACE, on trouve successivement Les poésies d’HORACE, et HORATII emblemata. Les ouvrages anonymes, très nombreux, ne sont pas oubliés et sont rangés en fonction du « mot caractéristique de leur intitulé ». Institutionum Justiniani imperatoris est classé à Ju, les Mémoires de Philippe de COMMINES à Co.

L’ouvrage prend la forme d’une longue liste de livres plus ou moins rares, chacun faisant l’objet d’un court commentaire. La grande nouveauté introduite par OSMONT réside dans l’indication d’un prix moyen, estimé en fonction des catalogues des bibliothèques vendues récemment. L’Histoire universelle depuis l’an 1550 jusqu’à la mort d’HENRI IV, d’AGRIPPA d’AUBIGNÉ, édition 1616, vaut 24 livres, tandis que le Dictionnaire des arrêts des parlemens de France, en six volumes datés de 1727, par BRILLON, est évalué à 150 livres, sa rareté tenant au fait, comme l’explique OSMONT, que ce livre a été condamné et brûlé en public en 1620.

L’autre particularité remarquable de ce dictionnaire est le soin apporté aux livres italiens. Cette particularité tient au fait qu’OSMONT a bénéficié de la science de FLONCEL, censeur royal, secrétaire du ministère des affaires étrangères, possesseur d’une célèbre bibliothèque et grand connaisseur de la littérature italienne.

Salué comme un ouvrage pratique et novateur, ce dictionnaire suscite d’emblée des reproches pour des oublis, pour le côté subjectif de la sélection des livres et, ce qui est plus grave, pour de nombreuses erreurs. L’auteur revendique dans sa préface le soutien et la relecture du bibliothécaire de l’abbaye Sainte-GENEVIÈVE, l’abbé MERCIER. Ce dernier ne manquera pourtant pas de signaler par la suite des « bévues » d’OSMONT « à qui il en a échappé un très grand nombre ». Celui-ci est également vivement critiqué pour avoir omis de faire figurer dans ses notices les noms de l’imprimeur et de l’éditeur, informations indispensables à tout bibliophile qui se respecte pour lui permettre de distinguer les éditions entre elles.

S’il est devenu rapidement obsolète, ce dictionnaire aura eu le mérite d’ouvrir la voie à d’autres ouvrages plus aboutis, comme le Dictionnaire bibliographique, historique et critiqué des livres rares, de CAILLEAU et DUCLOS, le Dictionnaire bibliographique, de PSAUME *et surtout le célèbre Manuel du libraire et de l’amateur de livres, par BRUNET, qui demeure encore un ouvrage de référence sur le sujet.

Ce dictionnaire s’ouvre par une dédicace au marquis de PAULMY, ancien ministre mais également mécène et grand amateur de livres. À la fin du deuxième tome, OSMONT a placé les traductions italiennes d’auteurs antiques, qui composent la Collona græca et la Collona latina, ainsi qu’un catalogue alphabétique des auteurs édités par les ELZEVIR.



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