Dictionnaire historique portatif des femmes célèbres
Auteur(s) : LACROIX Jean-François de
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Compilateur prolifique du XVIIIe siècle, Jean-François de LACROIX a laissé peu d’informations personnelles fiables sur sa personne, étant parfois confondu avec un homonyme qui a joué un rôle important sous la Révolution. Auteur de nombreux dictionnaires sur l’histoire, la littérature et la religion, on peut, dans son œuvre, mettre en valeur le Dictionnaire historique des sièges et batailles mémorables, présent sur Dicopathe, ainsi que de multiples recueils d’anecdotes. Au moment où il rédige ce Dictionnaire des femmes célèbres, il collabore à l’Histoire littéraire des femmes françoises avec l’abbé de LA PORTE. Les deux ouvrages sortent la même année, en 1769, sans que le nom de LACROIX figure sur l’un ou l’autre livre.
Comme il le reconnaît lui-même, l’auteur puise abondamment la matière de son dictionnaire dans les journaux et chez « tous les panégyristes connus du beau sexe ». Le livre répond certainement à une commande commerciale destinée à attirer le public par une offre large et variée. L’auteur trace à l’attention de ses lecteurs les portraits « des femmes guerrières & courageuses, avec les traits curieux qui les caractérisent, des reines et des princesses, qui par leur rang ou leurs mérites ont joué quelque rôle dans le monde, des sçavantes, dont les talens ont honoré à la fois leur sexe & leur siècle, des mères tendres ou barbares, des épouses fidèles ou volages, mille autres femmes illustres par une piété rare & solide, à qui l’Église ou l’estime publique rend de justes honneurs ».
Parmi les personnalités décrites, il choisit surtout des femmes de pouvoir au sens large, des femmes de guerre et des femmes de lettres. LACROIX consacre de longues biographies à BLANCHE de CASTILLE, LOUISE LABÉ, MARGUERITE d’ANJOU, CATHERINE de MÉDICIS, madame de MAINTENON, MADELEINE de SCUDÉRY, NINON de LENCLOS, ou encore à des personnages plus “exotiques” comme la reine africaine ZUNDA-RIANGOLA, à l’épouse anonyme de YU-TA, empereur de Chine, ou encore à la sultane BAFFO. Il n’oublie pas des figures bibliques, telles qu’AGAR et RACHEL, des personnages mythologiques comme BRISÉIS, des criminelles célèbres comme la marquise de BRINVILLIERS, des courtisanes et des saintes.
Nous ne sommes pas en présence d’un dictionnaire exhaustif, car beaucoup de noms célèbres en sont absents ; pour le qualifier il faudrait plutôt parler d’un recueil ou d’un florilège. La longueur des notices n’est pas toujours proportionnelle à la renommée, en étant souvent liée à la documentation disponible et au goût de l’auteur pour le sensationnel et l’anecdote. C’est ainsi qu’il consacre sept pages aux filles de l’ARÉTIN, Adria et Austria, sept également à madame TIQUET exécutée en 1699 pour avoir assassiné son mari, alors qu’il ne réserve que huit pages à Jeanne d’ARC, deux à MONTESPAN, et seulement dix lignes à madame de SÉVIGNÉ. Probablement guidé par un souci de prudence, LACROIX ne se penche pas sur ses contemporaines, exception faite de la reine Marie LESZCZYNSKA, décédée l’année précédente, mais on ne retrouve ici ni madame de POMPADOUR, ni CATHERINE II, ni MARIE-THÉRÈSE d’Autriche.
Ponctuellement, l’auteur trace des portraits collectifs, parfois agrémentés de descriptions “ethnologiques” comme dans le cas des Acarnaniennes, des Amazones, des femmes arabes ou de celles des îles Mariannes. On ne sait quel fut l’accueil réservé à ce Dictionnaire des femmes célèbres, mais on peut supposer qu’il fut favorable puisqu’une seconde édition, augmentée d’un petit supplément placé à la fin du second volume, sera publiée à Paris en 1788, et que LACROIX poursuivra son œuvre prolifique jusqu’à la mort sans que l’on sache précisément la date de son décès.