culture générale

Dictionnaire populaire illustré d’histoire, de géographie, de biographie, de technologie, de mythologie, d’antiquités, de droit usuel, des beaux-arts et de littérature

Auteur(s) : DÉCEMBRE-ALONNIER Joseph, ALONNIER Edmond

 Paris, Imprimerie parisienne-Dupray de la Mahérie, impasse des Filles-Dieu, 5 (Boul. Bonne-Nouvelle, 26)
 édition originale
  1864 (environ)
 3 vol. (3 000 p.).
 In-quarto
 demi-cuir rouge, dos à quatre nerfs, caissons ornés de motifs dorés, titre et tomaison en lettres dorées
 environ 1 000 gravures sur bois par TRICHON, d'après CASTELLI, Yan d'ARGENT, YUNDT, LIX, DELANNOY, GERLIER, JANET-LANGE, PHILIPPOTEAUX, THORIGNY, CLERGET, ROYER, et LANCON


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Après avoir appris la typographie, Joseph DÉCEMBRE quitte sa Lorraine natale pour Paris afin d’y parfaire sa formation par un apprentissage de prote aux Ateliers typographiques de Montrouge. Créée par l’abbé MIGNE, cette vaste entreprise est spécialisée dans l’impression et la publication de dictionnaires et d’encyclopédies. Poursuivant sa carrière dans d’autres imprimeries, Joseph DÉCEMBRE mène en parallèle une carrière d’écrivain, de journaliste et de traducteur. À une date indéterminée, il fait la rencontre d’Edmond ALONNIER qui, par la suite, deviendra son beau-père. Les deux hommes collaborent et publient, sous le nom collectif de DÉCEMBRE-ALONNIER, plusieurs ouvrages de vulgarisation des sciences et des lettres, dont la Bohème littéraire et Typographes et gens de lettres.

Aux environs de 1860, les deux amis entreprennent la rédaction d’un ambitieux dictionnaire encyclopédique destiné à un très large public, le Dictionnaire populaire illustré. La diffusion de l’ouvrage débute sous forme de souscriptions et de livraisons. La Revue de l’instruction publique du 18 août 1864 parle de « 150 livraisons à 10 c. L’ouvrage complet fera 3 volumes à 5 fr le volume ». En adéquation avec le terme “populaire” utilisé dans le titre, le prix proposé se veut modique, comparé à celui des offres concurrentes de l’époque. Nous ignorons le nom des contributeurs à la rédaction des articles ; sur la page de titre figure simplement la mention « avec le concours des savants, des artistes, des professeurs et des littérateurs les plus distingués ».

L’illustration, assez théâtrale selon le goût de l’époque, est mise en avant par les concepteurs de l’ouvrage comme un argument publicitaire majeur. Les noms des artistes sont connus, et ceux de certains d’entre eux sont mentionnés sur les pages de titre. Parmi eux figurent plusieurs des illustrateurs les plus renommés de l’époque comme Yan DARGENT, Horace CASTELLI, auteur de la belle illustration de la page de titre, Gustave JUNDT (orthographié ici YUNDT), Frédéric LIX, JANET-LANGE, Auguste-André LANCON, mais également des jeunes peintres au début de leur carrière comme Paul PHILIPOTTEAUX. La gravure sur bois de l’ensemble des dessins a été confiée à Auguste TRICHON. La place importante accordée à l’illustration (les images occupent souvent près d’un tiers de page), associée à un prix abordable et à un texte fourni, feront de ce dictionnaire populaire un précurseur d’un genre qui, quelques décennies plus tard, trouvera son aboutissement avec le Nouveau Larousse illustré.

Tiré à 150 000 exemplaires, le Dictionnaire populaire illustré connaît un beau succès public, sans être pour autant épargné par les critiques qui y relèvent de nombreuses erreurs et approximations. Certaines orthographes sont effectivement fantaisistes, et la syntaxe souvent fluctuante. Victor CHAUVIN, parlant de l’équipe rédactionnelle, déclare, impitoyable : « Cette docte phalange paraît n’avoir conservé qu’un souvenir assez confus des éléments les plus simples de notre langue, et le directeur ne ferait peut-être pas mal de donner une image de moins, et de consacrer le prix du bois à l’achat d’une grammaire, que ses collaborateurs reliraient à tour de rôle. »

L’œuvre étant collective, la qualité et le développement des notices sont en outre très variables. Ainsi la définition donnée à “Abolitionnistes” est-elle curieuse et lapidaire : « Nom donné aux États-Unis aux partisans de l’abolition de l’esclavage. Ce sont les manœuvres et les prétentions exagérées, intempestives, des abolitionnistes qui ont suscité la guerre civile entre le Nord et le Sud. » Idem pour l’article consacré à ABÉLARD (orthographié ici ABAILARD) qui se conclut par cette sentence abrupte : « ABAILARD, sans le savoir, en proclamant la liberté de l’examen, établissait entre la philosophie et la religion une rivalité qui pouvait devenir dangereuse, et précédait en quelque sorte le protestantisme. » Certains personnages importants de l’histoire sont “expédiés”, comme AGRIPPA qui n’a droit qu’à dix lignes, alors que d’autres, d’importance secondaire, bénéficient d’un long article, tel le gastronome AIGREFEUILLE qui occupe cinquante-huit lignes à lui seul.

Portés par leur succès, DÉCEMBRE et ALONNIER publieront par la suite d’autres dictionnaires thématiques, tels que le Buffon populaire illustré et le Dictionnaire de la Révolution française. Le binôme ne négligera pas pour autant les sujets contemporains, pour preuve le Coup d’État du 2 décembre 1851, publié en 1868. Après le décès d’ALONNIER en 1871, son beau-fils conservera pour lui le nom collectif de DÉCEMBRE-ALONNIER, tout en produisant des romans et des essais historiques sous des pseudonymes comme SEMPRONIUS ou Louis de VALLIÈRES. Enfin, pour conclure sur ce personnage, signalons que, initié à la franc-maçonnerie dès 1867, il occupera par la suite des fonctions éminentes dans le Grand Orient de France.



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