Dictionnaire œconomique | Supplément au Dictionnaire œconomique
contenant divers moyens d'augmenter son bien, et de conserver sa santé avec plusieurs remèdes assurez et éprouvez pour un très grand nombre de maladies, & de beaux Secrets pour parvenir à une longue & heureuse vieillesse. Quantité de moyens pour élever, nourrir, guérir & faire profiter toutes sortes d'animaux domestiques, comme brebis, moutons, boeufs, chevaux, mulets, poules, abeilles & vers de soie. Différents filets pour la pêche de toutes fortes de poissons, & pour la chasse de toutes fortes d'oiseaux & animaux, &c. Une infinité de secrets découverts dans le jardinage, la botanique, l'agriculture, les terres, les vignes, les arbres, comme aussi la connoissance des plantes des païs étrangers, & leurs qualités spécifiques, &c. Les moyens de tirer tout l'avantage des Fabriques de savon, d'amidon, de filer le coton, de faire à peu de frais des pierreries artificielles, fort ressemblantes aux naturelles, de peindre en mignature sans savoir le dessein, & travailler baiettes ou étoffes établies nouvellement en ce royaume, pour l'usage de ce pays, & pour l'Espagne, &c. Les moyens dont se servent les marchands pour faire de gros établissements, ceux par lesquels les Anglois & les Hollandois se sont enrichis, en trafiquant des chevaux des chèvres & des brebis, &c. Tout ce que doivent faire les artisans, jardiniers, vignerons, marchands, négociants, banquiers, commissionnaires, magistrats, officiers de justice, gentilhommes, & autres d'une qualité & d'un emploi plus relevé, pour s'enrichir, &c. Chacun pourra se convaincre de toutes ces vérités, en cherchant ce qui peut lui convenir, chaque chose étant rangée par ordre alphabétique, comme dans les dictionnaires
Auteur(s) : CHOMEL Noël, DANJOU M. P.
Plus d'informations sur cet ouvrage :
Noël CHOMEL est un religieux chargé de gérer les biens fonciers de la communauté du séminaire d’Avron occupé par la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice. Dans cette tâche il prend goût à la nature, au jardinage et à l’agriculture, et fait la connaissance de Jean-Baptiste de LA QUINTINIE, jardinier et agronome réputé. À son contact il bénéficie de l’érudition de celui qui deviendra le directeur de tous les jardins fruitiers et potagers royaux, en particulier au château de Versailles.
Il rassemble patiemment la matière d’un ouvrage à vocation encyclopédique, comme en témoigne l’imposant titre complet du livre. L’abbé CHOMEL a pour ambition de réunir toutes les connaissances utiles pour bien gérer les domaines ruraux et les exploitations agricoles. Faux-ami, le terme “œconomique” n’est pas à interpréter au sens moderne du mot économie, mais se rapproche plus de son étymologie grecque : la bonne gestion de la maisonnée, du domaine (oikos). Rappelons que dans l’Église, et ce jusqu’à nos jours, l’économe est la personne chargée de la gestion financière et matérielle d’une communauté.
C’est seulement en 1709 que CHOMEL, alors âgé de 76 ans, voit publier sa grande œuvre. Le succès est au rendez-vous, et l’ouvrage sera réédité, remanié et augmenté tout au long du siècle. Il sera même traduit à l’étranger. Pour les troisième et quatrième éditions, deux groupes de rédacteurs “concurrents” s’affairent sur le texte, d’un côté un certain DANJOU, dont ne sait rien, sinon sa fonction de prêtre, de l’autre côté Jean MARRET, « docteur en médecine », et Pierre ROGER, « docteur en théologie ». Le premier publie simultanément à Paris et Lyon, les deux autres à Amsterdam et à Commercy.
C’est ainsi que le bibliophile se retrouve aujourd’hui avec deux versions parallèles, sorties quasiment en même temps (1732 et 1740 pour DANJOU, 1732 et 1741 pour MARRET). Le tandem MARRET-ROGER publie par la suite des suppléments en 1741, de même que DANJOU en 1743. C’est cette dernière “version DANJOU” qui est ici présentée avec, sur la page de titre, la mention : « considérablement augmenté par divers curieux » et « enrichi d’un très grand nombre de figures ». La préface de cette édition évoque d’ailleurs « l’imperfection de ces éditions faites tant en Hollande qu’à Commercy ».
À noter qu’en 1767, le texte est de nouveau remanié par L.-H. de LA MARRE qui insère une partie des suppléments dans le dictionnaire. L’exemplaire ici présenté est réputé correspondre à la version la plus exhaustive. Il se présente en trois tomes et contient des définitions très détaillées avec parfois des indications pratiques pour greffer, tailler, amender, ou pour soigner et élever les animaux. À côté de techniques destinées à rentabiliser et améliorer la production figurent des recettes (abricots séchés, compote de pommes, poitrine d’agneau, etc.) et des remèdes naturels comme, par exemple : délayer des gousses d’ail dans du vin blanc ou du lait chaud pour lutter contre la colique.
Comme le titre peut le laisser supposer, la matière rassemblée sous le terme “œconomique” est considérable et outrepasse largement le domaine proprement dit de l’agriculture et de l’agronomie. C’est ainsi qu’on rencontre dans cette véritable encyclopédie des termes de fauconnerie, de géologie, ou d’arithmétique et, dans les suppléments, des termes d’architecture et de droit. De nombreux articles bien illustrés décrivent les techniques de chasse, comme par exemple celui sur les alouettes détaillant les manières de les capturer avec des miroirs, des filets ou des lacets.
Notons également de longs développements sur les manières de piéger le loup. Un soin particulier est également porté sur des industries en plein essor comme celle de la soie. Un long article sur l’art de “gouverner” les vers à soie nous fait découvrir une bénédiction officielle spécialement dédiée à leur protection… Dans l’article sur le coton figure la description détaillée de différents types d’étoffes (adatis, caladaris, etc.). Au début du premier tome, on a la surprise de découvrir un petit poème : Stances irrégulières à monsieur CHOMEL.