Français (langue)

Dictionnaire-manuel-illustré des idées suggérées par des mots

Tous les mots de la langue française groupés d'après le sens

Auteur(s) : ROUAIX paul

 Paris, Armand COLIN et Cie, éditeurs, 5, rue de Mézières
 réimpression de la première édition
  1898
 1 vol. (547p.)
 In-douze
 chagrin noir, dos à cinq nerfs, auteur et titres en lettres dorées, décoration de fleurs de lys stylisées
 planches de figures hors texte


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Le Britannique Peter Mark ROGET est l’inventeur d’une nouvelle classification lexicographique qui substitue aux traditionnelles classifications alphabétique et thématique une organisation analogique du vocabulaire qui permet de relier de manière simple et méthodique les mots rattachés à une idée commune ou à un même objet. ROGET ne se contente pas de regrouper les synonymes qui, par définition, partagent une définition commune ; il rattache à un mot “principal” tout le lexique qui s’y rapporte. Basé sur le principe de l’association d’idées, ce concept prend le nom de thesaurus, lequel, utilisé autrefois pour les titres de dictionnaires, va désormais, et jusqu’à nos jours, qualifier un ouvrage conçu sur un classement analogique.

Au cours d’un séjour en Angleterre, Prudence BOISSIÈRE découvre l’ouvrage de ROGET et s’en inspire directement pour réaliser le Dictionnaire analogique de la langue française, publié pour la première fois par les éditions Larousse en 1862. Cet ouvrage connaîtra un grand succès de librairie en France comme à l’étranger. C’est sur ce modèle que s’appuie Paul ROUAIX pour en réaliser, quelques décennies plus tard, une version remaniée et “actualisée”. Écrivain touche-à-tout, cet auteur prolifique a laissé une bibliographie éclectique, comprenant des romans, des essais, des livres de critique d’art mais aussi des ouvrages sur la linguistique. En 1897, il présente sa version sous le titre de Dictionnaire-manuel-illustré des idées suggérées par des mots, qui connaît à son tour un grand engouement et sera réimprimé à plusieurs reprises. Il s’agit du livre ici présenté dans une édition de 1898.

Comme ses prédécesseurs, ROUAIX met en avant l’intérêt pédagogique d’un dictionnaire basé sur un classement analogique, qui contribue à développer le vocabulaire de base de l’utilisateur grâce aux associations d’idées : « La grammaire enseigne les lois des formes et des juxtapositions de mots ; rien n’enseigne les mots. Les enfants sont d’une pauvreté de vocabulaire peu imaginable. Et pourtant, qu’ils ouvrent un livre, qu’on leur parle : ils comprennent beaucoup plus d’expressions qu’il ne seraient capables d’en employer ; chez eux, la compréhension se fait à la simple lecture ou à l’audition des mots de la langue maternelle, et cela avec les nuances qui distinguent l’idée de ces analogues. »

Évitant l’inconvénient de devoir chercher mot après mot avec le risque de passer à côté d’une large partie du lexique, le grand intérêt de ce type d’ouvrage consiste à permettre de retrouver facilement tout le vocabulaire attaché à une même idée de manière directe et indirecte, et ce grâce à une toile de renvois vers ce qu’on appellerait aujourd’hui des “mots-clés”. Pour exemple, socinianisme renvoie à religion, olivète à plante, tourtière à cuisine, pollen à fleur, rabouillère à lapin. Certains mots génèrent de véritables listes encyclopédiques, telles que l’article minéralogie qui comporte plus de 380 noms de minéraux, ou l’article métiers qui s’étale sur 9 pages de 4 colonnes chacune, dans lequel nous rencontrons des mots aussi divers qu’arbalétrier, uléma, catisseur, viguier, zouave et même rapsode.

ROUAIX présente sa démarche en ces termes : « Aux mots représentant l’idée simple, sous la désignation la plus simple, se juxtaposent, en un ordre raisonné, les mots qui traduisent cette idée dans ses éléments, ses espèces, ses nuances, groupement fécond en synonymes, équivalents, associations d’idées, etc. Ces mots éveillent des idées, remédiant ainsi à la difficulté plus grande d’aller de l’idée au mot que du mot à l’idée. » Ainsi peigne rassemble les termes démêloir, peigne fin, champ, dent, peignures, peignage, coup de peigne, coiffer, peigner, peignier, auxquels s’ajoute un renvoi à cheveu. Fer contient aussi bien les termes techniques de la sidérurgie et de la mine comme haut fourneau, coulée, fonte et laminoir, mais aussi, par association d’idées, paille, fort, maréchal-ferrant et rouiller. Au détour de certaines pages nous découvrons des termes peu usités ou devenus obsolètes comme enjaveler, furfuracé, préopinant, et besaïgue.

Souhaitant sans doute “égayer” un ouvrage assez austère dans sa forme, l’auteur apporte une touche visuelle à l’ensemble, et place à la fin du dictionnaire 16 pages de planches, dont certaines représentant le harnachement du cheval, un squelette, une locomotive et la voilure d’un navire.

Malgré l’inconvénient, inhérent à tout dictionnaire, de vieillir et de voir son vocabulaire devenir incomplet voire archaïque, le dictionnaire des idées de ROUAIX est promis à une longue carrière. Il a été constamment réédité jusqu’à notre époque et, sous le titre Trouver le mot juste, ce livre, remanié et corrigé, est toujours disponible en librairie dans une édition de poche datée de 2001, tout en souffrant sur le même sujet d’une sévère concurrence des éditions Robert.

Notre exemplaire comporte un tampon au nom de Charles UETTWILLER.



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