Vin, Viticulture

Dictionnaire-manuel du négociant en vins et spiritueux et du maître de chai

Guide utile à quiconque veut vendre ou manipuler des vins ou des spiritueux

Auteur(s) : FÉRET Édouard

 Bordeaux, FÉRET et fils, éditeurs, 15, rue de l'Intendance ; Paris, Libraires associés, éditeurs, 13, rue de Buci
 édition originale
  1896
 1 vol (VIII-633 p.)
 In-douze
 percaline, dos lisse
 accompagné de 300 vignettes


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Créée en 1812 par Jean-Baptiste FÉRET, la maison d’édition Féret, du fait de son implantation bordelaise, se spécialise dans les ouvrages sur la viticulture.  En 1850, elle publie une version française du Bordeaux, its Wines and the Claret Country. Ce livre, écrit pour ses compatriotes par Charles COCKS, un Britannique installé à Bordeaux, est à l’origine conçu comme un guide des communes viticoles de la Gironde. À ce titre, il contient des informations touristiques tout en passant en revue les différents crus remarquables produits dans le département. Il sera suivi par le Guide de l’étranger à Bordeaux et dans la Gironde. Bordeaux, ses environs et ses vins classés par ordre de mérite, qui rencontre d’emblée un franc succès car répondant parfaitement à la demande du public et des viticulteurs. Date importante pour le vignoble bordelais, c’est en 1855, à l’initiative de NAPOLÉON III, qu’à l’occasion de l’Exposition universelle sortira la classification officielle des vins de Bordeaux.

COCKS décède en 1854, et bien que déjà bien avancée, la rédaction d’une nouvelle édition doit patienter pendant plus d’une décennie avant de voir le jour. C’est le nouveau directeur, Édouard FÉRET, qui permet au projet d’aboutir. Énergique, ce dernier se passionne non seulement pour la viticulture et l’agriculture, mais également pour l’histoire de sa région.  Membre fondateur de la Société archéologique de Bordeaux et de nombreuses autres sociétés et revues savantes, il signera près de 200 publications au cours de sa longue carrière.

Une seconde édition, beaucoup plus aboutie et cette fois-ci illustrée, paraît en 1868. Dès lors, le “Féret”, comme on va prendre l’habitude de le désigner, devient un classique et une référence incontournable dans le vignoble bordelais. Édouard FÉRET supervisera personnellement sept éditions successives, la dernière datée de 1908, soit un an avant sa mort, ainsi que des traductions en diverses langues dont l’anglais, l’allemand et le norvégien. Le vin tenant lieu de “fonds de commerce” de sa maison d’édition, le dynamique Édouard en élargit l’offre en proposant d’autres livres en complément du guide. Citons en particulier l’Almanach du buveur, du négociant en vins et du viticulteur, Les Vins de Bordeaux : essai statistique et historique, et le livre que nous vous présentons aujourd’hui : le Dictionnaire-manuel du négociant en vins et spiritueux et du maître de chai, qui est publié en 1896.

Le but de cet ouvrage consiste avant tout à procurer un outil pratique aux personnes qui débutent une activité de commerce du vin ou de production centrée autour du chai, pour “trouver rapidement le conseil, l’enseignement sommaire qu’elles cherchent, pour comprendre un mot technique ou effectuer un travail quelconque, connaître un outil ou un vin français ou étranger”. Cette synthèse est basée sur des publications récentes mais aussi sur “l’expérience, les conseils et la science de praticiens ou de savants bordelais qui s’occupent spécialement des vins et spiritueux”. Plutôt touffu dans ses explications, parfois accompagné de tableaux de chiffres, le livre s’adresse à un public de “gens du métier” capables de déchiffrer ou d’interpréter les nombreuses informations qu’il contient. Si l’auteur ne s’attarde pas ici sur les différents cépages et crus en France et dans le monde, il est beaucoup plus disert sur les termes techniques, n’hésitant pas à rentrer dans le détail et à rédiger de véritables petits exposés dès lors que le sujet aborde des thématiques véritablement scientifiques comme, par exemple, la chimie.

Ce dictionnaire, avant tout centré sur la commercialisation des vins et spiritueux, ne néglige aucune information de nature juridique, fiscale ou douanière. Il reprend les diverses lois qui régissent la production, la distribution et la vente, au détail ou en gros, ainsi que les motifs d’infractions comme “l’adultération“, la fraude ou le trafic illégal. En effet, de très nombreux chapitres sont consacrés aux diverses altérations, falsifications et manipulations, potentiellement dangereuses pour la santé, qui ont conduit les autorités à durcir les règlements et à multiplier les contrôles.

Contrairement au souhait d’Édouard FÉRET, le Dictionnaire-manuel du négociant en vins et spiritueux et du maître de chai ne connaîtra aucune nouvelle édition. En revanche, son frère aîné, le guide Féret, qui n’est pas publié chaque année mais de manière assez aléatoire, en est à sa dix-neuvième édition datée de 2014, alors qu’une vingtième est en cours de préparation.

Quelques extraits

*Acerbe (vin). Réunit à l’âpreté la saveur qui caractérise les acides végétaux. Il manque de corps, de sève, de délicatesse. Il agace les dents. Il contient en surabondance les acides tartrique, malique, etc. Il provient ordinairement de raisins très incomplètement mûrs et de mauvais cépages. On le traite en y ajoutant du tartrate neutre de potasse pour ramener son acidité au degré voulu, ou mieux en le mélangeant à des vins corsés, moelleux et manquant d’acidité. Il est facile au maître expérimenté de distinguer l’acidité des vins acerbes et celle des vins piqués atteints par l’acescence. Acescence. Maladie du vin qui a pour effet la transformation de l’alcool en acide acétique par suite de l’action du mycoderma aceti.

*Tiretoir ou Trétoir ou Tire à barrer ou Chien (nom bordelais). Outil composé d’une pièce de bois arrondie, d’environ 65 centimètres de long sur 5 à 8 centimètres de diamètre selon ses parties, coupée en bec de flûte ; l’une de ses extrémités est ferrée. Sur ce bec vient s’abattre un crochet de fer aplati, pris par une charnière, vers le milieu de la pièce de bois. Le chien sert à écarter les bouts de deux ou trois douves au moment de placer la dernière pièce de la fonçaille. Il sert aussi, au moins dans le Bordelais, pour mettre le talus (dernier cercle d’un fût). Un chien de même genre sert à cercler en fer les caisses de vin.

*Cachet pour bonde. Cachet en cuivre, portant gravé en creux, soit la raison sociale de la maison expéditrice, soit des attributs ou marques déposées. Ce cachet sert à sceller les esquives ou bondillons qui se trouvent sur le fond des fûts, de façon à empêcher que ces esquives ou bondillons soient enlevés, ce qui permettrait la fraude en cours de route.



Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Post comment