Dictionnaire humoristique de la gastronomie | Dictionnaire humoristique de la médecine | Dictionnaire de l’Académie de l’humour français
Auteur(s) : ACADÉMIE DE L'HUMOUR
DOCQUOIS Georges, CURNONSKY, GEIGER Georges, BRINGER Rodolphe, BONOT Georges, COOLUS Romain, MORTIER Pierre, TRÉBLA, LAUTREC Gabriel de, MUCHO André, DERYS Gaston, DUPLAN, MOY Jules, DUBREUIL René, GALOPIN Arnould, ZAMACHOIS Miguel, XANROF Léon, DEKOBRA Maurice, LA MAZIÈRE Pierre, BONNAUD Dominique, DRAULT Jean, GARÇON Maurice, AURIOL George, REBOUX Paul, CAMI, DELORME Hugues, VARENNE Pierre, LELIÈVRE Léo, CLUNY Charles, BRUNEL Noré, REY Etienne.
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Le 31 mai 1923, à Paris, un dîner entre amis réunit neuf écrivains. L’un d’entre eux, Gabriel de LAUTREC, déclare être candidat à l’Académie française. Cette annonce donne à un autre convive, Georges GEIGER, l’idée de fonder une institution littéraire dont ils seraient tous membres. C’est dans ces conditions que l’AHF, c’est-à-dire l’Académie de l’humour français, est créée en fin de soirée, à l’heure des cigares et des digestifs. La première séance officielle se tient le 13 décembre suivant chez GEIGER, puis le petit cercle de fondateurs s’étoffera par cooptation, pour compter jusqu’à plus d’une trentaine de membres.
Comme dans beaucoup de confréries “ludiques”, le but initial, plutôt flou, de l’entreprise, reste avant tout convivial. En 1926, DOCQUOIS en définira ainsi sa philosophie d’origine : “Notre compagnie n’avait point pour programme de faire de l’humour mais d’en disserter, et de chercher patiemment à en dégager le statut.” Elle se fixe bientôt d’un objectif plus concret : promouvoir et distinguer, par un “prix de l’humour”, les œuvres nouvelles de jeunes humoristes.
L’AHF se veut le refuge de la gaieté, apanage des “hommes sains de la cervelle”. Elle se revendique aussi comme héritière d’une certaine tradition française d’humour léger, décomplexé et littéraire, qui recourt volontiers au calembour, à l’ironie et à l’humour noir. Selon nos éminents académiciens, ce type d’humour, à la fois spirituel, leste et bon enfant, que l’on pourrait qualifier de “rabelaisien”, est menacé de disparition à moyen terme : “Les jeunes ne sont plus gais, ils sont pratiques, ils suivent la mode qui, pour l’instant, est aux écrits sérieux. La gaieté ne se manifeste plus que de façon niaise ou grossière… Nos contemporains comprendront-ils qu’ils ont besoin de délassement intellectuel ?”
Parmi la joyeuse assemblée très éclectique qui se réunit une fois par mois autour d’un plantureux repas, se remarquent notamment TRÉBLA, Georges DOCQUOIS, Arnould GALOPIN, Rodolphe BRINGER, Pierre-Henri CAMI, Gaston DERYS, George AURIOL, Miguel ZAMACOÏS, Romain COOLUS, CURNONSKY, Jules LÉVY, Maurice DEKOBRA, Pierre MORTIER, Maurice GARÇON et André MYCHO. C’est ce dernier qui, en 1926 lors d’une séance, lance l’idée d’un dictionnaire, décision approuvée dans l’enthousiasme à l’unanimité. Dès lors les réunions deviennent plus fréquentes, mais comme chez leur prestigieuse “consœur” du quai Conti, les travaux progressent plus lentement que prévu, ralentis par la disparition de membres emblématiques et l’inégale implication des académiciens dans l’élaboration du dictionnaire.
En 1934, le Dictionnaire de l’Académie de l’humour français est enfin publié. Il est suivi par plusieurs ouvrages thématiques : le Dictionnaire de l’amour (1938), le Dictionnaire humoristique de la médecine (1939), le Dictionnaire humoristique de la gastronomie (1941) et le Dictionnaire humoristique des lettres et des arts (1947). La version présentée ici est un recueil artisanalement réalisé contenant le Dictionnaire de l’Académie de l’humour français complété par des ouvrages consacrés à la gastronomie et à la médecine. Les pages sont illustrées par des dessins de Joseph HÉMARD, un dessinateur très prolifique qui émaille ici les pages d’illustrations parodiques, souvent très dénudées et coquines.
Les définitions, généralement très brèves, sont tour à tour grivoises, grinçantes, énigmatiques, cyniques, bouffonnes, loufoques, surréalistes, voire parfois même sentencieuses et moralisatrices. À l’image de l’assemblée bigarrée dont elles sont issues, elles apparaissent d’une qualité littéraire et comique très inégale. Le calembour et le double sens y règnent en maîtres et la lecture de ces ouvrages fait irrésistiblement penser aux chansonniers d’antan, à l’almanach Vermot ou aux mots croisés du Canard enchaîné. Pour donner quelques exemples, le mot Colique est défini comme “luttes intestines”, le Célibataire est “le mari de la femme des autres”, le Champagne est un “vin qui sert à baptiser les bateaux pour leur donner beaucoup de mousses”, l’Alcoolisme se voit attribuer le titre de “force de la biture”, tandis que l’Hérédité est “la seule succession qu’on n’ait, hélas, pas le droit de refuser”, tandis que le Boulanger est un “homme heureux quand il est dans le pétrin”. À chacun, selon sa sensibilité, d’apprécier ou non cette forme d’humour un peu surannée, mais dont il faut malgré tout reconnaître qu’elle entretient une certaine gymnastique de l’esprit.
Voici quelques définitions extraites des dictionnaires de l’Académie de l’humour :
Auteur : Un monsieur qui gagne à être connu
Gaffeur : Sot périlleux
Manger : Raison de vivres
Intoxication : L’amer et les poisons
Tuberculose : Chant du Koch qui prépare le chant du cygne
Cave : Refuge d’autant plus agréable qu’il est embouteillé
Jeunesse : Fruit que l’on consomme avant maturité
Pêches cardinales : Dessert de riches lieux
Longévité : Succès d’années
Constipation : Embouteillage malgré le sens unique
Opticiens : Qui se font payer très cher ce que les autres ont à l’œil
Usurier : Quelqu’un qui veut prêter plus haut que l’écu
Suicide : Manque de savoir-vivre
Bailler : Exercer involontairement un droit de critique
Ostréiculture : Supplice de Cancale