Art militaire, Armée, Histoire, Histoire militaire, Batailles, Guerres et conflits

Dictionnaire historique des sièges et batailles mémorables de l’histoire ancienne et moderne

ou Anecdotes militaires de tous les peuples du monde

Auteur(s) : LACROIX Jean-François de

 à Paris, chez VINCENT, imprimeur-libraire, rue Saint-Séverin
 édition origibale
  1771
 3 vol : Tome 1. Azaz-Exiles (XXXII-670 p.), Tome 2. Faënza-Oxydraques (702 p.), Tome 3. Padoue-Zutphen(472-352 p.)
 In-douze
 basane fauve marbrée, dos à cinq nerfs orné de fleurons et de filets dorés, pièces de titre et de tomaison
 bandeaux décoratifs, lettrines, culs-de-lampe, plan dépliant de la bataille de Fontenoy


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Bien qu’il ait laissé une bibliographie bien fournie, nous ne disposons guère d’informations personnelles fiables sur Jean-François de LACROIX. Certains lexicographes le font naître à Compiègne et l’associent à un Jean-François de LACROIX, marquis de CASTRIES, mais nous n’avons aucune certitude sur l’identité réelle de cet auteur, à commencer par son nom de plume qui peut n’être qu’un pseudonyme.

Il fait partie des nombreux compilateurs qui ont foisonné tout au long du XVIIIe siècle, vivant de commandes de libraires et multipliant recueils et dictionnaires sur des sujets très variés. Pour sa part, LACROIX semble s’être fait une spécialité des recueils d’anecdotes historiques et littéraires (Anecdotes angloises, Anecdotes arabes et musulmanes, Anecdotes italiennes, etc.), et des dictionnaires thématiques (Dictionnaire historique des femmes célèbres, Dictionnaire historique des cultes religieux, etc.). En 1770, il publie Anecdotes militaires de tous les peuples, en trois volumes et au format in-8, ouvrage réédité l’année suivante sous un format plus réduit sous le titre de Dictionnaire historique des sièges et de batailles. C’est ce dictionnaire qui est ici présenté.

En bon compilateur soucieux de plaire à un large lectorat, LACROIX ne cherche pas à réaliser un traité militaire avec de grandes analyses stratégiques et de longues descriptions techniques. Il se livre parfois à quelques envolées lyriques, mais son style reste clair et fluide, sans être pour autant austère ni purement descriptif. Au final, il propose un récit vivant et émaillé de citations, d’anecdotes, et donne la part belle aux exploits des combattants et de leurs chefs.

À fin du premier tome, une table alphabétique de près de cinquante pages recense les personnages importants cités dans l’ouvrage. Ce dictionnaire, écrit-il, « réunit à la fois l’utile & l’agréable. Il peut instruire et amuser également les deux sexes & tous les âges. » LACROIX revendique néanmoins une certaine objectivité dans son travail de recherche : « Nous avons banni ce faux patriotisme, qui pallie ou qui rabaisse les exploits des nations rivales, pour relever le triomphe de la nation ou pour dissimuler ses pertes. » Si toutes les batailles citées dans la Bible ainsi que le siège de Troie sont présentes, nous ne retrouvons ici ni ARTHUR ni LANCELOT ni encore l’exploit légendaire de ROLAND à Roncevaux « qui n’est au fond qu’une expédition de brigands ».

Pour permettre au lecteur de s’y retrouver, le dictionnaire est précédé d’une table chronologique des batailles présentées dans l’ouvrage, depuis le siège de Bactre par les Assyriens (– 2130) à celui de Cassel (1762). Sont évoquées les batailles célèbres et décisives de l’histoire, comme Arbelès, Actium, Andrinople, Muret, Azincourt, ou encore Rocroi, Leuthen et Culloden. Soulignons cependant que beaucoup de grandes batailles manquent curieusement à l’appel, comme Las Navas de Tolosa, Lépante ou la Montagne blanche.

Ponctuellement, LACROIX sort du cadre strictement européen en évoquant les conflits coloniaux, en particulier les affrontements franco-anglais en Inde et en Amérique du Nord. Il présente aussi l’expansion musulmane, les faits d’armes de Tamerlan, des souverains perses et des Moghols. Grand moment de gloire du règne de Louis XV, Fontenoy fait l’objet d’un très long développement et d’une carte dépliante représentant le champ de bataille. Ce faisant, l’auteur souhaite sans doute contrebalancer la longue liste des désastreuses et humiliantes défaites de la guerre de Sept Ans qui ont considérablement ébranlé le prestige militaire et diplomatique de la France, comme Rossbach (orthographié Rosback), Québec, Belle-Ile (en fait les Cardinaux), ou encore Louisbourg,

Le Dictionnaire historique des sièges et des batailles est réédité et actualisé en 1809 afin de pouvoir y intégrer les batailles intervenues depuis 1763, dont celles de la guerre d’indépendance américaine, présentée comme la revanche militaire de la France sur l’Angleterre, mais aussi celles de la Révolution et de l’Empire. C’est ainsi qu’Austerlitz, Eylau (orthographié Eylan ici), la Chesapeake et Fleurus font leur entrée dans le dictionnaire. La préface témoigne des intentions patriotiques et de la propagande guerrière qui inspire cette nouvelle édition : « Quinze années de guerre perpétuelle qui ont changé la face de l’Europe et enfanté des armées de héros, une multitude de faits nouveaux, d’anecdotes piquantes et de traits singuliers, dignes d’attirer l’attention des militaires, dans un siècle où la gloire des armées françaises remplit l’univers, nous ont fourni une grande abondance de matériaux… Les jeunes gens et particulièrement les jeunes militaires y verront agir les grands capitaines, ils partageront les entreprises hardies de ces âmes intrépides… Ils s’empresseront de marcher sur les traces glorieuses de leurs pères. »



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