diplomatique, Histoire

Dictionnaire diplomatique

ou Étymologies des termes des bas siècles , pour servir à l'intelligence des archives, chartres, etc.

Auteur(s) : MONTIGNOT Henri

 à Nancy, de l'imprimerie C.S. LAMONT
 édition originale
  1787
 1 vol (12-319 p.)
 In-octavo
 reliure d'attente brochée bleue


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Né à Nancy, en 1715 ou 1720 selon les sources, Henri MONTIGNOT embrasse la carrière ecclésiastique et devient chanoine de Toul. Docteur en théologie, il sort de l’anonymat par son érudition et ses publications, en particulier ses Remarques théologiques et critiques sur l’histoire du peuple de Dieu. En 1752, il devient membre de la prestigieuse Société royale des sciences et belles-lettres de Nancy créée par le duc STANISLAS quelques années auparavant. La suite de sa biographie demeure méconnue, mais il semble qu’il serait décédé vers 1790.

Dans la liste des ouvrages qu’il a signés, nous trouvons, à côté d’une étude sur l’astronomie selon PTOLÉMÉE et de divers essais théologiques, un livre publié en 1787 sous le titre Dictionnaire de diplomatique ; il s’agit de l’ouvrage présenté ici. Sous la Renaissance, cette discipline a été ainsi baptisée en référence au terme “diplômes” qui désigne les actes manuscrits. La diplomatique s’attache à un thème sensible pour les sujets et les institutions du royaume : l’art d’interpréter mais surtout d’authentifier les documents anciens, comme les chartes, les donations, les testaments, les titres de propriété, les édits, les généalogies, etc. Sous l’Ancien Régime, beaucoup de droits et de privilèges, mais aussi les titres et les intérêts financiers qui s’y rattachent, se fondent sur des documents manuscrits, souvent fort anciens ou du moins supposés l’être car les contrefaçons sont légion. En effet, il arrive que certains manuscrits soient intégralement faux ou qu’ils aient été maquillés, parfois plusieurs siècles auparavant. Le temps passant, la supercherie finit souvent par être entérinée, de sorte qu’il peut arriver que des contrefaçons soient présentées de bonne foi par ceux qui s’y réfèrent.

Les conflits étant très nombreux, il devient coutumier, pour trancher un différend immobilier, pécuniaire ou judiciaire, de faire appel à des spécialistes capables de démêler l’histoire de divers documents, mais surtout d’en garantir ou infirmer la valeur. C’est ainsi que, dès la fin du XVe siècle, naît une véritable science : la diplomatique ; mais il faudra attendre le De Re Diplomatica de Jean MABILLON pour la voir se doter d’un véritable manuel de référence. Par la suite, ce livre sera repris et amendé par dom de VAINES, qui rédigera un Dictionnaire raisonné de diplomatique, dont il donnera la définition suivante : “Lart diplomatique offre les lumières suffisantes pour distinguer le vrai du faux ; le moderne de lantique, & même un siècle dun autre.”

Pour débusquer les falsifications et les manipulations éventuelles, tous les paramètres doivent être pris en compte : la nature du support (papyrus, parchemin ou papier, lequel ne se “démocratisera” qu’à la toute fin du Moyen Âge), la composition, la qualité et la couleur des encres, les alphabets, les types de lettres utilisés, ou encore les sceaux, les signatures, les monogrammes et autres symboles. Mais si les données techniques et matérielles sont essentielles, elles ne suffisent pas toujours à garantir l’ancienneté et la véracité d’un manuscrit, car des matériaux anciens ont pu être réutilisés. En définitive, le critère le plus probant pour authentifier un document reste sa forme et le contenu de son texte, la longue pratique des archives ayant permis de définir l’évolution des règles de rédaction au cours des âges.

Philologue et latiniste chevronné, MONTIGNOT va centrer sa démonstration sur la langue elle-même et, plus précisément, sur le “bas latin”, qui a beaucoup évolué entre la fin de l’Antiquité et le début de la Renaissance. Mais, contrairement à ses devanciers, il ne propose pas une étude commentée des formules, des tournures, des abréviations et de la ponctuation. Il se focalise sur le vocabulaire utilisé dans les chartes, actes, titres, diplômes et autres documents auxquels la loi reconnaît une valeur officielle. Il en résulte que son livre s’apparente plus à un dictionnaire historique qu’à un manuel sur l’étude critique des archives. Son dictionnaire s’inspire des travaux de DU CANGE, l’auteur du glossaire de la basse latinité,  qui recourait à l’étymologie pour étayer sa démonstration.

De ce fait, l’ouvrage de MONTIGNOT ressemble davantage à un guide de civilisation, de la Basse Antiquité au Moyen Âge, qu’à un véritable dictionnaire de diplomatique au sens qui est alors donné à ce mot. Dans son livre, l’auteur fournit un glossaire pour aider à la bonne compréhension du texte, mais il s’abstient d’aborder les aspects techniques que l’on pouvait retrouver dans les autres ouvrages dédiés à ce sujet. C’est ainsi que le dictionnaire contient de courtes explications sur ce qu’est une Commenda, l’Infang, un Perpunctum ou encore la Tolta et un Prediera, tout comme des renseignements sur les usages, les coutumes et les lois du passé.

Quelques extraits

*GUNT FANNO : Étendard. Cet étendard étoit toujours attaché au haut d’une lance, d’où il se développoit. Il s’appelloit aussi oriflamme. A flammâ seu purpureo panne. À Florence, le Gonfalonier étoit un Magifirac pris d’entre le Peuple. Il étoit chargé de faire observer les lois, & de contenir l’autorité des Grands & des Nobles dans ses bornes. Les Confrères Gonfaloniers étoient une Société d’Hommes qui se dévouoient au rachat des Captifs.

*ICTUS ORBUS : Meurtrissure, coup qui ne fait pas couler le sang, & qui est caché. « Aucuns cas aviennent si orbe, con ne peut pas tantofl savoir si c’est cas qui apparteigne à Haute-Justice. (Beaumanoir)

*WIFA, GUIFA : Les marques que fait apposer le nouveau maître à un bien dont il entre en jouissance par l’autorité du Juge.

*LAGAN : Droit du Seigneur de s’approprier les effets que la mer jette sur les côtes du continent dont il est Seigneur. Autrefois, les débris des naufrages leur appartenoient. Cette cruelle jurisprudence a été abolie. Les effets naufragés n’appartiennent au Seigneur que quand ils ne sont plus réclamés, qu’ils n’ont plus de maître & sont des effets perdus.

*PES : Nos anciens faisoient tailler le nez aux malfaiteurs, c’étoit la première peine ; s’ils récidivoient, on leur faisoit tailler le pied, pedis amputatio. Quelquefois c’étoit la première loi pénale, selon la qualité des crimes.
(Lois de Saint-Louis, Capitulaires de l’an 813) 

*LAMPADARE : Brûler les côtes avec des lampes ardentes, tourment apprêté aux Martyrs. LAMPADARII : Officiers & domestiques des grands officiers de l’Empire d’Orient, comme des préfets, des questeurs : ces Lampadaires portoient des bougies allumées, marchant devant les Empereurs & les grands de l’État. Dans les cérémonies les Patriarches avoient encore leur Lampadaire.

*IGNITEGIUM : Heure à laquelle tous les citoyens, au son de la cloche, sont obligés de se retirer dans leur logis & de couvrir leur feu. Le Roi Guillaume le Bâtard fit cette ordonnance pour arrêter les vols.



Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Post comment