Les chronologies sont des auxiliaires indispensables pour tous ceux qui veulent rédiger des études historiques. Pour réaliser ces annales, leurs auteurs ont progressivement disposé d’outils méthodologiques et scientifiques, qui leur ont permis d’établir des datations “fiables” et de proposer au grand public des ouvrages de référence comme, par exemple, L’Art de vérifier les dates, publié en 1750 par les érudits bénédictins de la congrégation de Saint-Maur. Plus connu pour avoir été le biographe de NAPOLÉON I^er, Emmanuel de LAS CASES se trouve être également l’auteur d’un vaste Atlas historique, chronologique, géographique et généalogique qui, publié pour la première fois en 1802 sous le pseudonyme de LE SAGE, connaîtra un grand succès et plusieurs rééditions.

Mais ces ouvrages, malgré leurs qualités, ont également des inconvénients. Ils peuvent d’abord être entachés d’un parti pris religieux ou philosophique qui fausse l’esprit critique et nuit à la rigueur scientifique de l’ensemble. Ensuite, la rédaction du livre peut s’avérer complexe pour qui ne dispose pas d’une érudition personnelle suffisante lui permettant d’accéder aux informations nécessaires.

Entre 1842 et 1843, l’éditeur parisien Alphonse LEVASSEUR propose un Dictionnaire des dates, des faits, des lieux et des hommes historiques, en deux volumes ; il s’agit de l’ouvrage présenté ici. Le livre se veut avant tout un outil pratique et accessible au plus grand nombre. La direction de cet ouvrage collectif a été confiée à un certain A.-L. d’HARMONVILLE, au sujet duquel nous ne disposons d’aucun élément biographique. Celui-ci précise son objectif dès le préambule : “Notre système a été le plus simple de tous, il a consisté surtout à nous abstenir de ces classifications arbitraires dont les esprits les plus méthodiques n’ont eux-mêmes jamais pu bien déterminer les limites, à ne nous astreindre qu’à l’ordre alphabétique des noms de personnes, de lieux, de peuples et de choses, en faisant en sorte de nous préserver de toute omission essentielle, et en resserrant la matière avec une extrême concision, afin d’avoir place pour tout dans le moins d’étendue possible.”

D’HARMONVILLE dit s’être entouré d’une “société de savants et de gens de lettres“, sans que la liste détaillée de ces personnalités ne soit présente dans le livre. Le travail fourni a pourtant été considérable, car l’auteur avance lui-même que ce sont près d’un million de faits qui sont rapportés dans le dictionnaire. Il est vrai que l’objectif annoncé vise à une certaine exhaustivité, ses concepteurs ne s’étant pas cantonnés aux grandes dates et aux grands personnages de l’histoire “générale”. Ils se sont également intéressés aux arts, aux sciences, à l’archéologie, à l’architecture, aux généalogies des familles princières, aux églises chrétiennes, à l’évolution des techniques ainsi qu’à l’industrie et au commerce. Malgré les inévitables contraintes liées à ce genre de compilation – dont la raison d’être consiste à proposer un maximum de personnages, de lieux, et d’événements, dans un format réduit -, beaucoup de notices sont largement développées, en particulier celles concernant les pays, certains personnages et lignages, ou encore l’histoire de l’Église, ce qui contraste avec d’autres articles très concis. Les auteurs font preuve d’un réel souci d’érudition, sans se refuser le cas échéant à rentrer dans l’anecdotique, caractéristiques qui, à bien des égards, font de ce dictionnaire une mini-encyclopédie. Ce relatif foisonnement explique que l’ensemble n’a pu être contenu dans un seul volume comme initialement prévu par l’éditeur.

L’ouvrage a connu un certain succès et, s’il n’a pas été réédité en France, il a en revanche fait l’objet d’une version italienne ; il s’agit du Dizionario delle date, dei fatti, luoghi ed uomini storici, o Repertorio alfabetico di cronologia universale, lequel, augmenté de plus de 8000 articles pour le public péninsulaire, a été publié à Venise en 6 volumes entre 1842 et 1846.

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