Dictionnaire des chasses
contenant l'histoire de la chasse chez les différentes nations ; le précis des ouvrages anciens et modernes qui en ont traité ; la description des animaux qui font l'objet de la grande et de la petite chasse ; celle des armes, instrumens, pièges, filets, engins et procédés de toute espèce employé dans cet art ; l'explication des termes de chasse, ainsi que les lois et les dispositions réglementaires sur l'exercice de la chasse dans les bois et en plaine.
Auteur(s) : BAUDRILLART Jacques-Joseph
DE QUINGERY
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Né à Givron au sein d’une famille de cultivateurs aisés, Jacques-Joseph BAUDRILLART suit sa scolarité au collège de Rethel, où il témoigne de dispositions pour les mathématiques, la physique et la chimie. En 1791, il intègre la Garde nationale de Charleville avant, l’année suivante, de rejoindre le bataillon des Ardennes. Employé dans les hôpitaux ambulants, il suit l’armée en campagne puis, en 1801, quitte le service avec le grade de quartier-maître. Ayant observé avec attention le mode d’exploitation des forêts en Allemagne, il le définit en ces termes : “C’est l’art de diviser une forêt en coupes successives, ou de régler l’étendue ou l’âge des coupes annuelles, de manière à assurer une succession constante de produits pour le plus grand intérêt de la conservation de la forêt, de la consommation en général et du propriétaire ; il intègre l’administration forestière.” Tout en collaborant au Mémorial forestier et aux Annales forestières, il traduit des ouvrages de Friedrich August Ludwig von BURGSDORFF et de Georg Ludwig HARTIG, deux grands spécialistes de l’agronomie et de la sylviculture.
BAUDRILLART acquiert rapidement du galon au point, en 1819, de devenir chef de division à la Direction générale des forêts de France. Son emploi du temps bien chargé ne l’empêche pas de travailler à une véritable encyclopédie, qui prend le titre de Traité général des eaux et forêts, chasses et pêches. Entre 1828 et 1848, il enchaînera une série de publications, qui totaliseront 12 volumes et 3 atlas. Ce Traité comprend un Recueil chronologique des règlements forestiers (8 volumes), un Dictionnaire général raisonné et historique des eaux et forêts (2 volumes et un atlas), un Dictionnaire des pêches (1 volume et un atlas), et enfin un Dictionnaire des chasses, composé d’un volume et d’un atlas ; c’est ce dernier ouvrage que nous présentons ici.
Dédié au comte de GIRARDIN, le dictionnaire était initialement programmé pour 1829 – les planches lithographiées étant pour leur part déjà prêtes depuis 1827 -, mais, écrit-il, “le grand nombre d’ouvrages sur les chasses, anciens et modernes, tant français qu’étrangers, que M. Baudrillart a été obligé de consulter et de traduire ; la nécessité de coordonner entre elles les solutions souvent divergentes que présentent ces ouvrages ; les occupations de l’emploi supérieur qu’il avait à l’Administration des forêts et les travaux dans les diverses commissions des sociétés savantes dont il était membre, l’avaient empêché, malgré son ardeur et son zèle infatigables pour le travail, de donner à la publication du Dictionnaire général des chasses la même activité qu’il donnait aux autres ouvrages”.
Le dictionnaire n’est finalement édité qu’en 1834, après que le manuscrit a été préalablement soumis à M. de QUINGERY, ancien chef de bureau à l’Administration de la vénerie et des chasses de CHARLES X, “qui a bien voulu se charger d’en revoir l’ensemble, d’y ajouter ou d’en refaire les articles trop imparfaits“.
Fidèle à son esprit encyclopédique, l’auteur débute son ouvrage par un long discours préliminaire, suivi d’une bibliographie critique très détaillée qui retrace l’histoire de la chasse depuis les débuts de l’humanité et dans différentes parties du monde. Volontiers lyrique, il livre une définition toute personnelle de cette activité : “Le chasseur, semblable au guerrier, ne marche qu’avec des instruments de mort ou de captivité ; il varie ses moyens d’attaque suivant les mœurs, les habitudes, la force ou la ruse des animaux ; il forme à son art destructeur le cheval, le chien, le lion même et les oiseaux carnivores. L’industrie multiplie et perfectionne ses armes, ses pièges et ses amorces trompeuses. C’est ainsi qu’il parvient à vaincre tous les êtres vivants et à les mettre en sa possession. Le tigre, le lion, l’ours, le loup, le léopard tombent sous ses coups ou dans ses pièges, et il perce de la même main l’animal terrible qui rugit dans les forêts, le quadrupède timide qui cherche son salut dans la fuite, l’oiseau qui vit de carnage et celui qui fait retentir les airs de ses chants mélodieux.”
L’ouvrage passe en revue différents types de chasses, dont la fauconnerie, diverses armes – un long chapitre compare les différents fusils et recense les fabricants les plus renommés – et accessoires comme les pièges et les appeaux, mais l’auteur semble particulièrement féru d’histoire naturelle. Le volume de texte fait la part belle aux animaux, qu’il s’agisse des chiens, des oiseaux, des cervidés, du sanglier ou du renard. Il s’intéresse à leurs mœurs, leur caractère, en citant les noms régionaux. Véritable mine d’informations, l’ouvrage décrit les nombreuses techniques de chasse traditionnelles, dont beaucoup ont aujourd’hui disparu. L’atlas présente de belles planches mettant en scène différents animaux – chiens, cervidés, oiseaux, etc. -, des armes, des appeaux, des partitions de cor et des pièges parfois insolites.
Le livre connaîtra un beau succès et sera même traduit en allemand. BAUDRILLART, qui poursuivra une belle carrière, est à l’origine de la création de l’École royale forestière de Nancy, ancêtre de l’actuelle École nationale du génie rural, des eaux et des forêts (ENGREF). Pourtant, lors d’un remaniement de l’organisation administrative de son département, il se voit rétrograder et, pour ainsi dire, mis sur la touche. Très affecté, il en fait un malaise cardiaque qui ruine sa santé, et meurt un an plus tard, en 1832.
Son dictionnaire est longtemps resté très prisé, avant que d’autres parutions ne viennent le concurrencer, comme Le Livre de toutes les chasses, dictionnaire encyclopédique du chasseur d’Ernest PARENT, et le Nouveau Dictionnaire des chasses, signé par Amédée PAIRAULT.
Quelques extraits
– Appeau à chevreuil. Cet appeau sert à imiter le cri chevrotant de la femelle, pour attirer le mâle, dans le temps du rut, à la portée du fusil. On rend parfaitement ce cri en se servant d’une feuille de poirier, ou de toute autre feuille lisse et dure, ou d’un morceau d’épiderme de bouleau. Le chasseur qui ne sait point en faire usage doit se procurer un appeau à chevreuil.
– Viandis. C’est la pâture des bêtes fauves. On dit qu’un cerf va viander lorsqu’il va pâturer pendant la nuit dans les terres ensemencées qui, en termes de vénerie, se nomment gagnages.
– Amour. En fauconnerie, on dit : voler d’amour, en parlant des oiseaux qu’on laisse voler en liberté, afin qu’ils soutiennent les chiens.
– Chasse – Comment on peuple un canton de perdrix. Quand il s’agit d’accroître le nombre trop faible de perdrix de l’une ou de l’autre espèce dans un canton qui leur convienne, et d’y former une réserve qui en mérite le nom, il faut observer les règles suivantes : 1° Détruire par tous les moyens possibles les bêtes carnassières, les oiseaux de proie, les chats errants dans les champs et interdire aux chiens l’entrée de la réserve, depuis le printemps jusqu’à l’automne ; 2° Dès que la neige empêche les perdrix d’atteindre jusqu’aux semis de grains, leur procurer du grain de blé, de seigle, d’avoine et d’autres espèces, ainsi que du chou, que l’on place dans des huttes en forme de buissons, faites avec des branches entrelacées ensemble, et où les perdrix se retirent pour se garantir des oiseaux de proie ; 3° Défendre sous des peines sévères la tendue des filets aux perdrix ; 4° S’abstenir pendant plusieurs années d’en tuer aucune ; 5° Plus tard, épargner dans la chasse en automne le tiers de chaque compagnie pour la propagation, et chercher jusque vers la fin de septembre à détruire le vieux mâle de chaque compagnie, parce que dans l’arrière-saison et en hiver il excite ordinairement la compagnie à émigrer.
– Bréhaigne, Bréhaine ou Bréhagne. Expressions d’usage en vénerie, pour signifier une biche qui ne porte plus, que l’âge a rendue stérile ; alors elle laisse un pied large, assez semblable à celui du cerf, et qui trompe quelquefois les chasseurs.
une jument aussi peut être bréhaigne , cad stérile…Bizarrerie , sa mâchoire inférieure porte des “crochets” , 4 comme les mâles…Quel est le rapport??? une transgenre?
Celle que j’ai connue était “pisseuse” (sans doute un dérèglement hormonal) et susceptible!