Dictionnaire de synonimes françois
Auteur(s) : HUREAU de LIVOY Timothée
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Attaché à la congrégation des barnabites, Timothée HUREAU de LIVOY, plus connu sous le nom de plume de “père LIVOY”, enseigne dans différents collèges. Membre de l’Académie des arcades de Rome, il traduit plusieurs auteurs italiens en français, dont DENINA, MURATORI, BARTOLI, ainsi que le récit de voyage de CAIMO.
Dans la lignée des grands dictionnaires de la fin du XVIIIe siècle émerge le projet d’un ouvrage uniquement consacré aux synonymes. Au début du XVIIIe siècle, certains dictionnaires citent, de manière très laconique, les synonymes dans certaines définitions, mais l’ouvrage de référence sur la matière reste encore à écrire. C’est chose faite en 1718, avec la publication de La justesse de la langue française de l’abbé GIRARD, qui sera à nouveau publié en 1736 sous le titre plus explicite de Synonymes françois. Cet ouvrage fait date et conserve quasiment le monopole sur le sujet pendant un demi-siècle. Loin de se contenter de dresser une simple liste, GIRARD ambitionne de décrire des termes proches dans leur signification générale, tout en se distinguant et en se nuançant en fonction d’une analyse sémantique plus fine. Il parle ainsi de la « différence délicate des synonymes », et s’intéresse au « caractère singulier de ces mots, qui se ressemblant comme frères par une idée commune, sont néanmoins distingués l’un de l’autre par quelque idée accessoire & particulière à chacun d’eux ».
S’il rend explicitement hommage à son prédécesseur, LIVOY ne cache pas son intention première : fournir un livre beaucoup plus condensé et d’« usage plus facile ». Le dictionnaire de GIRARD reste sa référence, mais, selon son point de vue, « sans y déroger en rien, je pense qu’il est peu de mots qui n’ayent avec d’autres certains rapports qui les en rapprochent, & dont les traits de ressemblance ne donnent droit d’en user à peu près équivalemment selon les circonstances, quelque fois avec plus d’énergie ». Son but est plus utilitaire, moins littéraire et linguistique. Pour répondre à la demande d’un large public, il s’appuie sur un constat simple : « Presque tous les hommes éprouvent de la difficulté à développer & rendre leur pensée, souvent faute d’un mot qui semble se refuser à leur imagination. » Le lecteur peut ainsi rapidement et aisément trouver un terme adéquat pour éviter les redondances et enrichir son texte
Pour autant LIVOY ne renonce pas à distinguer les synonymes en sous-groupes, selon leurs nuances sémantiques ou stylistiques, en particulier selon le sens figuré. Ainsi “Dégouter” se divise en deux sections : l’une prenant le sens de “répugner“, et l’autre le sens de “couler goutte à goutte” Sans explications supplémentaires ni argumentations, ces sous-groupes sont simplement séparés par une barre horizontale qui marque le changement de signification. L’auteur a également pris soin d’intégrer des mots considérés comme anciens ou vieillis, indiqués par le symbole *, jugeant qu’ils sont encore usités dans certaines professions ou dans certaines provinces.
Même si l’ouvrage rencontre un certain succès du fait de son côté pratique, il ne fera pas date dans une linguistique française en pleine effervescence. En 1786, l’abbé ROUBAUD publie ses Nouveaux synonymes françois avec le soutien de l’Académie et surclasse le livre de LIVOY. Cependant son travail ne sombrera pas dans l’oubli. Il sera repris et très remanié par le grammairien et encyclopédiste BEAUZÉE dans une nouvelle version qui sera publiée en 1788.
En préambule du livre, LIVOY a placé une dédicace au conseiller d’État d’AGUESSEAU.