Biographies, Histoire

Dictionnaire biographique universel et pittoresque

contenant 3000 articles environ de plus que la plus complète des biographies publiées jusqu'à ce jour

Auteur(s) : ACKERMANN Paul

 Paris, Aimé ANDRÉ, libraire-éditeur, quai Malaquais, n°13
 édition originale
  1834
 4 vol (1907 p.), texte sur deux colonnes
 In-octavo
 demi-basane verte, dos à faux nerfs ornés de motifs et e filets dorés, titre et tomaison en lettres dorées
 120 portraits dans le texte


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Né en 1812 en Alsace dans une famille luthérienne,  Paul ACKERMANN est voué par ses parents à devenir pasteur. Il intègre la faculté protestante de Strasbourg mais, après avoir perdu la foi, il renonce à ce ministère pour se tourner vers des études de littérature, de grammaire et de philologie. Installé à Paris en 1833, il s’y lie d’amitié avec Charles NODIER. En 1836, les deux compères signeront conjointement le Vocabulaire de la langue française extrait de la dernière édition du Dictionnaire de l’Académie avec les étymologies, la prononciation et un vocabulaire géographique ; rédigé exclusivement pour les écoles, qui connaîtra plusieurs éditions dans le courant du siècle. Mais pour l’heure, le débutant qu’il est rédige en 1834 un ouvrage intitulé Dictionnaire biographique universel et pittoresque, sur lequel son nom n’apparaît pas, puisqu’il s’agit probablement d’une œuvre de commande du libraire Aimé ANDRÉ.

Ouvrage de compilation et de vulgarisation destiné à un large public, cette encyclopédie pratique, composée de quatre tomes et riche de près de 2000 pages, propose un très grand nombre de notices biographiques. Cette abondance est revendiquée sur la page de titre annonçant que le dictionnaire contient ”3 000 articles environ de plus que la plus complète des biographies publiées jusqu’à ce jour”. Si cette assertion à visée commerciale est sans doute quelque peu usurpée ou pour le moins présomptueuse, il n’en reste pas moins vrai que le lecteur, hier comme aujourd’hui,  peut saluer le fait que ce livre a l’avantage de citer un grand nombre de personnages secondaires, délaissés par d’autres dictionnaires biographiques et qui feront date, comme ceux de François-Xavier de FELLER et Louis-Gabriel MICHAUD.

Dans ce dictionnaire, nous trouvons un grand nombre de théologiens, de savants, de médecins, d’écrivains ou d’hommes de guerre qui ont en commun d’être passés au second plan, ou d’avoir été oubliés par la postérité. À ce titre, le livre constitue une véritable mine d’informations. Comme dans tout ouvrage de synthèse, ACKERMANN privilégie, à la manière d’un vadémécum, le nombre des entrées à la longueur des définitions. Ce choix induit une contraction extrême des notices qui dépassent rarement cinq à six lignes. Si certains grands personnages, tels NAPOLÉON ou CÉSAR, bénéficient de plusieurs pages, d’autres grandes figures de l’histoire mondiale, comme GENGIS KHAN et SOLIMAN, font l’objet de développements plus modestes.

Au cours des années suivantes, ACKERMANN publie d’autres textes qui seront remarqués par ses pairs, comme un Essai sur l’analyse physique des langues ou de la formation et de l’usage d’un alphabet méthodique. Il rédige également une nouvelle édition de La Deffence et Illustration de la Langue françoyse de du Bellay, qu’il fait précéder de son propre texte intitulé Discours sur le bon usage de la langue française. Devenu ami de PROUDHON, avec lequel il entame une correspondance suivie, il se voit admis au sein de la Société de linguistique de Paris.

Sur recommandation d’Alexander Von HUMBOLT, il intègre l’équipe de l’historien Johann PREUSS qui travaille sur l’édition des écrits de FRÉDÉRIC II. Trois des tomes de cette œuvre monumentale, qui totalisera 31 volumes, seront publiés sous sa direction. Malgré cette importante charge de travail, ACKERMANN n’oublie pas sa passion première pour sa langue natale. C’est ainsi qu’au cours de ses années en Prusse il publiera plusieurs ouvrages dont, entre autres, un Dictionnaire des Antonymes ou Contre-mot, basé sur un corpus de 1 400 citations littéraires d’écrivains des XVIIe et XVIIIe siècles, ainsi qu’un livre intitulé Remarques sur la langue française ou Répertoire grammatical.

Miné par le surmenage, ACKERMANN, atteint de phtisie, décède à Montbéliard en juillet 1846, alors qu’il nourrissait encore le projet d’un grand dictionnaire historique du français. Sa femme écrira ce bel éloge à son époux : “Mon mari n’eut jamais qu’une passion au monde, la langue française ; elle fut l’unique pensée de sa vie.”



Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Post comment