Concise Dictionary of Middle Egyptian (A)
Auteur(s) : FAULKNER Raymond Oliver
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Après avoir rejoint le Civil Service au cours de la première guerre mondiale, Raymond Oliver FAULKNER se prend de passion pour l’égyptologie. Il consacre son temps libre à suivre des cours à l’University College de Londres, sous la direction de Margaret MURRAY. Celle-ci est une anthropologue et archéologue renommée dont la réputation d’égyptologue souffrira plus tard d’avoir été occultée par ses écrits controversés sur la sorcellerie et le paganisme. Incitant Faulkner à suivre sa vocation, cette femme joue un rôle de mentor pour le jeune homme qui, des décennies plus tard, ne manquera pas de lui dédier son dictionnaire.
Les compétences de FAULKNER sont rapidement reconnues par ses pairs, et en 1926 il devient l’assistant d’Alan GARDINER, grande figure de la philologie de l’égyptien antique et auteur d’une grammaire égyptienne (Egyptian Grammar : Being an Introduction to the Study of Hieroglyphs) qui, publiée pour la première fois en 1927, fera date dans le milieu de l’égyptologie. Revu et augmenté à deux reprises, en 1950 et en 1957, cet ouvrage se focalise sur la langue littéraire du Moyen-Empire. Pour l’occasion, GARDINER fait exécuter une nouvelle fonte de caractères hiéroglyphiques et, en s’inspirant des plus beaux modèles de la XVIIIe dynastie, il renouvelle et élargit la nomenclature traditionnelle limitée à celle de l’époque saïte.
Encouragé par son aîné, FAULKNER publie des traductions et de nombreux travaux sur les hiéroglyphes et les textes égyptiens. Remarqué pour la qualité de son travail, en 1946 il devient le rédacteur en chef du Journal of Egyptian Archeology. Puis, en 1950, il reçoit la distinction de Fellow of the Society of Antiquaries, titre dont les initiales F.S.A. figureront désormais sur ses écrits auprès de son nom. En 1960, il est nommé Doctor of Letters, distinction qui l’autorise à adjoindre aussi la mention D.Lit. à son patronyme. Faulkner enseignera la langue égyptienne antique à l’université de Londres entre 1954 et 1967.
C’est en 1962 que paraît celui qui va rester son ouvrage le plus célèbre et le plus lu, le Concise Dictionary of Middle Egyptian, édité par le Griffith Institute et imprimé par les Presses de l’Université d’Oxford dirigées par Vivian RIDLER. Ce livre, célébré dès sa sortie comme une œuvre majeure pour l’enseignement de l’égyptologie, connaîtra de nombreuses éditions et traductions jusqu’à nos jours. Il s’agit du livre ici présenté dans sa version originale.
Si les chercheurs disposent depuis 1841 du Dictionnaire égyptien en langue hiéroglyphique de Jean-François CHAMPOLLION, ouvrage posthume qui va vite se révéler daté et insuffisant au vu des progrès effectués en quelques décennies par l’égyptologie, le dictionnaire de référence avant la parution du Concise Dictionary était le Wörterbuch der Ägyptischen Sprache d’Adolf ERMAN et Hermann GRAPOW. Cet ouvrage complet et très érudit présentait deux inconvénients majeurs : d’une part sa rédaction a été longue et la série commencée en 1926 n’a été achevée qu’en 1961, et d’autre part il occupe sept volumes volumineux, peu consultables hors des bibliothèques spécialisées. FAULKNER précise qu’il a voulu concevoir un outil pratique, concis et d’un prix accessible, destiné à être utilisé par les étudiants de troisième année et les épigraphistes qui travaillent “sur le terrain”.
Comme chez GARDINER, la langue de base du dictionnaire est le moyen égyptien qui, différent de l’ancien égyptien, s’est épanoui entre le XXe et le XVe siècle avant notre ère. Se forgeant dès la première période intermédiaire et les dynasties d’Héracléopolis, elle subsistera en tant que langue vernaculaire jusqu’à la fin de la XVIIIe, et comme langue littéraire et savante jusqu’à l’époque gréco-romaine. Représenté sous la forme d’hiéroglyphes mais également sous une forme cursive et hiératique, le moyen égyptien, considéré comme “classique”, a été employé dans une très grande partie des textes et des inscriptions retrouvés. Dès la fin du XIXe siècle, suite à la parution de la grammaire d’ERMAN, cette langue très documentée a été choisie pour l’apprentissage de l’ancien égyptien et de l’écriture hiéroglyphique.
Les 5 400 entrées contenues dans le livre respectent ce qui est improprement dénommé l’alphabet hiéroglyphique. Même si les Égyptiens de l’antiquité n’y ont jamais recouru, il présente l’avantage d’organiser un lexique en fonction de 24 signes qui ne correspondent qu’à un seul son. C’est ainsi que le dictionnaire commence avec l’idéogramme du vautour percnoptère qui se rattache au son a. Dans notre exemplaire, un précédent détenteur a copié au crayon une table des matières indiquant les pages correspondant aux différents caractères. Comme dans le dictionnaire de CHAMPOLLION, le texte imprimé est la reproduction à l’identique du manuscrit de FAULKNER.
Chaque caractère ou suite de caractères commence donc par une transcription en caractères modernes (translittération). Suivent la définition, soulignée d’un double trait, puis des références bibliographiques de textes anciens ou d’études modernes, soulignées d’un trait simple, éventuellement complétées par des variantes et leurs références. FAULKNER utilise un grand nombre d’abréviations et de signes, présentés dans des tables en début d’ouvrage. Par exemple EHT fait référence aux Egyptian Hieratic Texts of the New Kingdom de GARDINER. Le livre n’est donc absolument pas un ouvrage d’initiation abordable par le grand public ni un dictionnaire à parcourir en dilettante. Il s’agit bel et bien d’un outil de travail, assez austère dans sa présentation, destiné aux personnes déjà initiées aux arcanes de l’écriture hiéroglyphique.
Jusqu’à sa mort, survenue en 1982, FAULKNER continuera à produire de nombreuses publications et en particulier des traductions des textes égyptiens fondamentaux comme le Livre des morts et les Textes des pyramides.
Cet exemplaire comporte un ex-libris au nom de « Pierre PRUDON à Lyon » et un cachet portant la mention « PRUDON Pierre à Lyon, bibliothèque archéologique et philologique ». Précautionneux, l’ancien propriétaire avait pris le soin d’ajouter son adresse à la fin de l’ouvrage.