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Calepini Dictionarium

quanta maxima fide ac diligentia fieri potuit accuratè emendatum, multisque partibus cumulatum, adiectae sunt latinis dictionibus hebraeae, graecae, gallicae, italicae, hispanicae & germanicae accesserunt insignes loquendi modilectiores etymologiae, opposita, translationes, adagia ex optimis quibusque auctoribus decerpta. Huc, praeter alia, accendunt certae syllabarum quantitatis notae, singulis vocibus inscriptae : magna silua nominum, tum appellatiuorum, tum propriorum : ut virorum, mulierum, sectarum, populorum, deorum, siderum, ventorum, urbinum, marium, fluviorum : montium & reliquorum : vt sunt vici, promontoria, stagna, paludes, &c. Ita ut haec editio omnibus thesauris & dictionariis, quae hactenus collecta sunt, incredibili & rerum & verborum numero sit locupletior

Auteur(s) : CALEPINUS Ambrosius (CALEPINO Ambrogio)

 à Lyon, pour le compte de Philippe TINGHI de Florence (Lugdini, sumptibus philippi TINGHI florentini)
 
  1580
 1 vol (1374 p.)
 In-folio
 veau brun, dos à nerfs, reliure du XVIIe siècle
 bandeaux décoratifs, lettrines ornées, culs-de-lampe


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Les dictionnaires plurilingues sont apparus en Occident à la fin du XVe siècle avec le Catholicon, ouvrage trilingue breton-français-latin, achevé en 1464, et le Lexique latin-français, publié en ? par le Genevois Louis CRUSE dit GUERBIN. Mais il faudra attendre le début du XVIe siècle pour que ce type de dictionnaires connaisse un essor prodigieux, dû en grande partie à un moine italien, créateur du véritable prototype du genre.

Issu de la famille des comtes CALEPIO, de Bergame, Ambrogio CALEPINO, plus connu sous la forme francisée de son nom, Ambroise CALEPIN, intègre l’ordre des Capucins à l’âge de seize ans. Doté d’une grande aptitude dans le domaine linguistique, notre moine consacre toute son énergie à la conception d’un dictionnaire alphabétique, le Dictionarium latinum qui, achevé en 1502, est édité à Reggio d’Émilie. Sur la base de cette première édition, CALEPIN, en infatigable perfectionniste, décide de retravailler sans cesse son texte et d’adjoindre aux définitions des équivalents puisés dans d’autres langues. L’année 1509 voit la publication à Venise de la dernière version écrite de la main de CALEPIN. Dans cet ouvrage, l’auteur propose, face aux noms latins, des équivalents en grec, en hébreu et en italien. Cette nouvelle formule rencontrera un immense succès, mais l’auteur, qui continuait malgré son grand âge et une cécité avancée à amender son livre, décède en 1511.

Avant même la disparition de son concepteur, ce dictionnaire a déjà véritablement “essaimé” en Europe, sous forme de nombreuses rééditions remaniées et augmentées. Faire un recensement exhaustif de toutes les versions publiées en Europe relève de la gageure, car les langues présentées face au latin varient selon le lieu d’impression, et au final c’est au nombre de 211 qu’on peut évaluer les diverses éditions, de toute nature, portant le nom de Calepin. Malgré ce côté hétéroclite, ce livre se trouve être un des grands succès éditoriaux de la Renaissance, et de grands imprimeurs comme les ESTIENNE et les MANUCE ne manqueront pas d’en publier certaines versions. La ville de Venise à elle seule produira 74 éditions, tandis que Paris en éditera 36, Bâle 30 et Lyon 29.

En 1545, le dictionnaire passe à six langues : latin, grec, français, allemand, italien et espagnol, suivi en 1551 d’une édition en huit langues (latin, hébreu, grec, français, italien, allemand, espagnol, anglais). Cette “inflation” plurilingue se poursuit encore, puisqu’en 1586 une édition proposera dix langues, et qu’en 1590 l’édition dite « de Bâle » contiendra onze langues, dont le polonais et le hongrois.

Une des spécificités de l’ouvrage “princeps” de CALEPIN réside dans le fait qu’il va à contre-courant de ses pairs, qui cherchent à codifier un latin classique épuré de ses scories tardives et de ses tournures typiquement médiévales. À l’inverse, notre auteur fait le choix délibéré d’intégrer dans son corpus les mots propres au Bas-Empire et ceux forgés au Moyen Âge. C’est ainsi, par exemple, que pour désigner le cheval il propose aussi bien Equus que Caballus.

L’édition que nous présentons ici a été réalisée en 1580 pour le compte de Filippo TINGHI, libraire originaire de Florence et installé à Lyon. Sa marque d’éditeur, représentant une fleur de lys, orne la page de titre de notre exemplaire. Cette version est en sept langues : latin, hébreu, grec, français, italien, allemand et espagnol. Notons quand même que toutes les langues ne sont pas présentes dans chacune des définitions. La plupart des définitions contiennent, à côté d’indications étymologiques, une citation ou un exemple littéraire commenté.

L’ouvrage est plurilingue mais il s’agit avant tout d’un dictionnaire de latin, pris comme langue usuelle de référence, dans laquelle sont rédigés tous les développements. Le Dictionarium de 1580 ne se borne pas aux mots communs, puisqu’on y trouve également des noms de lieux, comme Carthage, et des noms de personnages historiques ou mythologiques de l’Antiquité, comme CATON, AGRIPPA, JUPITER ou les amazones.

Plusieurs écrivains et philologues continueront à réviser et amender l’ouvrage jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, la dernière édition recensée datant de 1778. Si, dans un premier temps, le Calepin devient de plus en plus volumineux, des versions abrégées et plus faciles à transporter apparaîtront ensuite, à l’instar du Perfectissimus Calepinus Parvus, initié par Cesare CARDINO et publié entre 1613 et 1770. Certaines éditions remaniées rencontreront un vif succès, assurant la pérennité du livre, qui, dès lors, n’aura plus grand-chose à voir avec la version initiale de 1509. Parmi ces éditions longtemps très prisées, nous pouvons citer celles réalisées par Jean PASSERAT, par le père Jean Louis de LA CERDA, par le jésuite Laurent CHIFFLET, et surtout la version en sept langues de 1718, rédigée par Jacopo FACCIOLATI qui, en son temps, rencontrera un très vif succès.

Véritable bible de l’Europe polyglotte, le Calepin devient, au fil du temps, un nom commun qui désigne une somme érudite recelant une immense quantité d’informations dans un volume réduit. Devenant un livre de référence que l’on emporte partout avec soi, et fréquemment annoté par ses propriétaires, il finit par être assimilé à un recueil de notes, puis à un carnet transportable, ce qui paraît paradoxal quand on se rappelle à quel point l’ouvrage, au fil des parutions, était volumineux et pesant !

Ex-libris portant la devise “On abuse du vrai”, attribuée à Antoine MOURADIAN.



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