Bibliothèque orientale ou Dictionaire universel
contenant généralement tout ce qui regarde la connoissance des peuples de l'Orient. Leurs histoires et traditions véritables ou fabuleuses ; leurs religions, sectes et politique, leurs gouvernement, loix, coutumes, mœurs, guerres, & les révolutions de leurs empires ; leurs sciences et leurs arts, leurs théologie, mythologie, magie, physique, morale, médecine, mathématiques, histoire naturelle, chronologie, géographie, observations astronomiques, grammaire, & réthorique ; les vies et actions remarquables de tous leurs saints, docteurs, philosophes, historiens, poëtes, capitaines, & de tous ceux qui se sont rendus illustres parmi eux, par leur vertu, ou par leur savoir ; des jugemens critiques, et des extraits de tous leurs ouvrages, de leurs traités, traductions, commentaires, abrégés, recueils de fables, de sentences, de maximes, de proverbes, de contes, de bons mots, & de tous leurs livres écrits en arabe, en persan, ou en turc, sur toutes sortes de sciences, d'arts, & de professions
Auteur(s) : HERBELOT de MOLAINVILLE Barthélémy d, GALLAND Antoine
Plus d'informations sur cet ouvrage :
Barthélémy d’HERBELOT de MOLAINVILLE est un spécialiste des langues orientales, un temps attaché comme secrétaire et interprète auprès de LOUIS XIV, avant d’occuper une chaire de syriaque au Collège de France. Il consacre une grande part de sa vie à rassembler la documentation nécessaire à la rédaction de ce dictionnaire qu’il n’aura pas la satisfaction de voir achevé, car il décède en 1695.
Son travail est alors repris et terminé par Antoine GALLAND, grand voyageur et bon connaisseur de l’Orient. On doit à ce dernier la traduction française des Mille et une nuits, élément central de l’orientalisme. Pour réaliser son dictionnaire, d’HERBELOT s’inspire beaucoup du travail de l’érudit et savant turc Katip CELEBI (ou Haji KHALIFA), auteur d’un considérable dictionnaire bibliographique en langue turque : le Kashf al-zunun’an asami al-kutub wa al-funun. Ce ne sont pas moins de 180 titres de livres qui sont recensés dans la liste qui figure au début de cet ouvrage. Les écrivains persans comme FERDOWSI, MIR-KHAVAND ou encore QAZWINI y sont largement dominants. L’originalité du travail des auteurs tient au fait qu’ils se basent prioritairement sur des sources purement orientales et non sur des récits de voyageurs ou de diplomates.
GALLAND écrit : « Ce qui reste à dire de l’ouvrage de notre auteur, c’est qu’il est sorti tout nouveau de son cabinet, et qu’il n’a rien emprunté d’aucun des auteurs européens. » Cet ouvrage, fondateur d’un orientalisme qui, par souci d’authenticité, prend essentiellement ses sources dans la littérature orientale, diffuse une image très romanesque de l’Orient. D’HERBELOT illustre ses articles par de nombreuses anecdotes, contes, extraits de chroniques et autres récits mythologiques souvent hauts en couleur, qui dépeignent un Orient fantasmé, marqué par le raffinement, la cruauté et la sensualité.
Quoi qu’il en soit, ce dictionnaire restera jusqu’à la fin du XIXe siècle une précieuse source d’inspiration pour des générations d’artistes, d’écrivains et de voyageurs. Dans un dictionnaire qui compte près de 8 600 entrées, les articles sont précis, souvent très détaillés sur les personnages historiques, et ils s’étendent parfois sur plusieurs pages.
En préambule, dans un long “Discours” servant de préface, Antoine GALLAND rend hommage à d’HERBELOT, retrace les grandes lignes de l’histoire de l’Orient, décrit en détail la religion musulmane et présente les sources littéraires utilisées pour la rédaction ainsi que les langues traduites. Suit un Éloge de monsieur d’HERBELOT rédigé par monsieur COUSIN, président à la cour des monnoyes. Une table des noms propres et des matières figure en fin d’ouvrage. À noter que, l’ouvrage suit l’ordre alphabétique ordinaire, le supplément regroupant des sons spécifiques : DH, KE, KH, KI et TH.