Si, par commodité et par usage, il est habituel de parler de “la” langue française, personne ne conteste désormais qu’elle soit véritablement plurielle. En France même, la langue “académique” connaît bien des variantes du fait de l’existence de tournures régionales ou argotiques, mais c’est dans le vaste domaine de la francophonie que cette diversité peut trouver pleinement à s’exprimer. En 2014, une étude de l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie) recense 274 millions de locuteurs francophones “confirmés”, dont 36 % en Europe et 54 % en Afrique. Ce calcul prend en compte le fait que le français, bien que langue officielle dans 29 pays dans le monde, n’implique pas toujours une pratique quotidienne et la maîtrise concrète des bases linguistiques. Présente sur les cinq continents (voir la carte de l’OIF ci-dessous), étudiée comme langue étrangère par plus de 125 millions d’élèves, le français est l’une des langues les plus parlées au monde.
Succédant en 1957 à l’Académie des sciences coloniales, l’Académie des sciences d’outre-mer (ASOM) se fixe entre autres missions de « promouvoir la nécessité pour la Francophonie institutionnelle d’avoir un regard sur l’aspect novateur du français en partage de par le monde ». Cet objectif doit conduire à l’élaboration d’un dictionnaire du français d’“outre-mer”, c’est-à-dire “des” français parlés dans le monde.
À l’occasion de la Journée internationale de la Francophonie de 2013, l’ASOM signe un accord de partenariat avec deux institutions hébergées dans l’université Jean Moulin-Lyon-3 : l’Institut pour l’étude de la Francophonie et de la mondialisation (IFRAMOND) devenu en 2014 l’Institut international pour la Francophonie (2IF) et le Réseau international des chaires Senghor de la Francophonie. Un comité est chargé de faire des propositions à la commission du dictionnaire sur la base d’un inventaire réalisé après des enquêtes et un gros travail de documentation réalisé par les chaires Senghor de la Francophonie représentées par18 bureaux répartis sur les cinq continents.
Après cinq années de collecte et de travail, Pierre GENY et Jacques COMBY peuvent désormais présenter un dictionnaire consultable en ligne, le Dictionnaire des synonymes des mots et expressions des français parlés dans le monde. Il est prévu que par la suite il puisse être visionné sur Smartphone avant de faire l’objet d’une version papier.
Un moteur de recherche permet de rechercher trouver un mot-clé et des synonymes, mais également de restreindre la demande par thème ou secteur géographique, permettant ainsi de savoureuses découvertes linguistiques. Quelques exemples :
*Être courageux : S’amarrer le cœur (Louisiane), Diambar (Sénégal), Franc (Belgique)
*Exagérer : Aquiger (Suisse), Beurrer épais (Québec), Péter à cul cassé (Louisiane), Ambitionner (Québec et Acadie), Faire une noce avec une queue de morue (Réunion)
*Aller aux toilettes (faire ses besoins) : Aller à la culotte (Belgique), Aller voir Winston Churchill (Côte-d’Ivoire), Aller chez madame Victor (Haïti)
*Maîtresse (amante) : Pneu de secours (Côte-d’Ivoire), Deuxième bureau (Gabon, Tchad, Sénégal)
*Bien, Bon : Besef (Algérie), Fort (Burundi), Cinq-cinq (Madagascar, Mauritanie, Sénégal)
*Voiture, Tacot : Bagne (Gabon, Côte-d’Ivoire), Char, Bazou ou Mimoune (Québec), Carcasse (Congo)
*Être malade : Pécloter (Suisse), Être en faiblesse (Réunion), Filer croche (Québec)
*Bavarder : Babeluter (Belgique), Placoter (Québec), Palabrer (Sénégal), Casser la causette (Réunion)
*Vivre avec quelqu’un, concubinage : S’adopter (Québec, Louisiane), Vivre en autogéré (Tchad), Être en popote (Gabon), Rester avec (Nouvelle-Calédonie).
Vous trouverez d’autres exemples dans cet article du Télégramme de Brest.
Ci-dessous, la présentation en novembre 2017 du projet par Pierre GENY, secrétaire perpétuel de l’ASOM.
Ce dictionnaire n’est pas le premier du genre. En 1986, un Dictionnaire général de la francophonie est édité par la maison Letouzey et Ané. En 1997, les éditions Hachette publient un dictionnaire de référence, le Dictionnaire universel francophone, appelé également le DUF, riche de près de 130 000 articles. Sur Internet, la Base de données lexicographiques panfrancophone (BDLP), dont le projet lancé en 2004 à l’initiative du Québec est proche de celui de l’AVOM, propose un lexique composé par les contributions de 18 pays et régions.
Madame, Monsieur, Bonjour,
Étant à la recherche d’un synonyme pour une expression fort banale, (en plus de… de surcroît…)
je n’ai pas encore “testé“ votre site.
Mais je tiens à vous remercier pour le fou-rire que votre nom vient de me provoquer !
Je suis, à l’évidence une dicopathe :/))
Alors bravo, et merci pour le grand sourire de ce matin !
Belle journée,
Evelyne Faure