L’Institut oriental de Chicago et ses dictionnaires de langues antiques disparues
Il n’existait jusqu’à présent aucun ouvrage recensant de manière détaillée et exhaustive tous les films français. Cette absence pouvait paraître étonnante dans un pays qui est pourtant à l’origine du cinématographe né à Lyon en 1895. La réalisation d’une telle encyclopédie se heurtait sans doute à de réelles difficultés en raison du manque partiel ou total d’informations sur de nombreux films. C’est le défi qu’un cinéphile passionné, Armel de LORME, a décidé de relever. Ce dernier, tout à la fois journaliste, critique, historien, réalisateur, éditeur, photographe et auteur de théâtre, se présentait comme un véritable érudit du septième art. Il s’était fait connaître au début des années 2000 par la création d’un site internet consacré à l’histoire et à la mémoire du cinéma français : L’@ide-mémoire. Pour l’aider dans sa tâche titanesque, il a pu compter sur le concours de Raymond CHIRAT, lui-même auteur d’un ouvrage remarqué, le Catalogue des longs métrages français de fiction dont la parution a débuté en 1975. Deux autres passionnés ont décidé de s’associer à l’aventure : Christophe BIER et Stéphane BOUDIN.
Inspiré par les travaux de Paul VECCHIALI, rédacteur d’une Encinéclopédie publiée en 2010 et consacrée aux cinéastes français des années 1930, de LORME décidait de réaliser lui aussi une encyclopédie consacrée au cinéma. Mais son objectif était beaucoup plus ambitieux, puisqu’il envisageait ni plus ni moins de répertorier sans exception tous les films français de fiction réalisés entre 1929, date du premier film parlant français (Les trois masques, d’André HUGON), et 1979, date marquée par l’apparition de la vidéo grand public.
D’emblée le projet apparaissait titanesque, car l’encyclopédie prévue au départ pour recenser 5 500 longs métrages devrait, selon les estimations actuelles, contenir au final des notices portant sur plus de 7 000 films. Le premier volume de l’Encyclopédie des films français de fiction, qui référence 262 films classés, d’À belles dents à L’ampélopède, a vu le jour début 2010. Les volumes se sont ensuite succédé à un rythme soutenu (ci-dessous la couverture du deuxième volume de suppléments) jusqu’au tome 16, qui va de F. comme Fairbanks à La femme spectacle. À cette date, 1 906 films avaient déjà été présentés.
Dans leur inventaire, de LORME et ses contributeurs ne se sont pas cantonnés au cinéma “d’auteur”, ils ont recherché tous les longs métrages, n’hésitant pas à passer au crible les films B ou Z, le cinéma dit populaire avec ses nanars parfois réjouissants et même les films érotiques ou pornographiques. C’est ainsi que des films réputés comme Le cercle rouge, Angélique et le roi, Casque d’or, L’aveu, La femme du boulanger, Ascenseur pour l’échafaud, Les aventures de Rabbi Jacob ou Le crabe-tambour voisinent, selon les hasards de l’ordre alphabétique, avec d’autres réalisations nettement moins prisées des cinéphiles comme Les charlots font l’Espagne, Arrête ton char, bidasse, Les chevaliers de la croupe, Chaude et perverse Émilia, Cinq filles en furie ou Check-up à la suédoise.
La grande difficulté à laquelle sont confrontés les encyclopédistes consiste à mettre la main sur les nombreux films tombés dans l’oubli et non réédités. Malgré la création de la Cinémathèque en 1936, la conservation des films n’a pas toujours été assurée par les producteurs et des propriétaires de cinéma, de sorte que bien de longs métrages ont disparu corps et biens. De LORME et ses acolytes ont donc dû faire preuve de pugnacité pour retrouver les œuvres disparues. Pour ce faire ils ont pris le parti de ne négliger aucune piste, que ce soit en faisant appel à la bonne volonté des collectionneurs, des éditeurs ou des maisons de production, mais aussi en écumant les brocantes à la recherche de copies sous support VHS, DVD ou BETACAM. Des films perdus et des raretés ont été ainsi retrouvés qui ont ensuite alimenté les séances de visionnage de l’équipe de l’@ide-mémoire. Pour combler les oublis relevés dans les 16 premiers tomes déjà édités, quatre tomes de suppléments sont parus à partir de 2016 avant d’être eux-mêmes complétés par le Répertoire général des films français de fiction, sorti en 2017.
Les contributeurs se sont efforcés d’être exhaustifs et pointilleux. Pour chaque film, ils ont tenté de restituer la distribution dans son entier, poussant le détail jusqu’à citer un personnage qui passe furtivement devant la caméra ou un figurant qui ne prononce pas un seul mot. Chaque œuvre fait l’objet d’un résumé, d’un point de vue critique et d’un récit détaillé des anecdotes afférentes au film. Quelques exemples de notices sont visibles ici.
De LORME lui-même définit son encyclopédie comme un “work in progress” soumis à l’obligation de voir son rythme de publications suffisamment soutenu pour maintenir la dynamique de l’entreprise. En attendant la finalisation de ce beau projet, il est toujours possible de se référer à un ouvrage de référence bâti selon un ordre chronologique : l’Histoire du cinéma français : encyclopédie des films, de Maurice BESSY, Raymond CHIRAT et André BERNARD.
Dans l’émission du 22 mars 2013 de la série Un livre, un jour, Olivier BARROT, journaliste, grand amoureux des livres mais également cinéphile averti, recevait Armel de LORME à l’occasion de la sortie du tome 7. Sur le blog lecoinducinéphage.com, une interview de janvier 2010 est également consultable.
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Je suis tombe completement par hasard sur cet article. Merci de vos mots qui nous touchent tout particulierement, mon collaborateur fidele Stephane Margaillan et moi. Le tome XVII est sur les rails et sort dans deux semaines, qui fera la part belle a Femmes femmes, Le Feu follet ou La Fin du jour, mais egalement a des decouvertes de toute derniere minute : La Fete aujourd’hui la fete demain, La Fessee, Le Feu sacre… Avec en prime une nouvelle rubrique (les releves de generiques effectues sur copie), et, en guise de cerise sur le gateau, une interview very long drink de Paul Vecchiali autour de Femmes femmes. Plusieurs unitaires autour du cinema francais des annees 1929-1944 paraitront egalement a partir de novembre et tout au long du 1er semestre 2020. Amicalement. Armel De Lorme
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