La semaine dernière, le Dicopathe a pu assister, en avant-première, à la projection du film Ex-Libris au cinéma American Cosmograph de Toulouse : the New York Public Library. Le film était présenté en personne par son metteur en scène de 87 ans, Frederick WISEMAN. D’entrée, le réalisateur, politiquement très engagé, s’est longuement attardé sur la victoire de Donald Trump aux présidentielles, qu’il considère comme une immense catastrophe, n’hésitant pas à affirmer : « Trump ne lit pas. Il ne lit même pas les rapports des services de renseignements. Il agit seulement par instinct. C’est un excellent acteur, mais, à la différence de Ronald Reagan, il ne sait pas qu’il est acteur. »
En cinquante ans, ce documentariste américain, surnommé ‹ le Woody Allen du docu ›, a réalisé une quarantaine de films sur les sujets les plus divers. Son tout premier documentaire, Titicut Follies, tourné en 1967 sur un centre de soins pour aliénés-criminels du Massachussets, restera interdit de projection pendant 24 ans en raison de l’image peu reluisante de l’établissement véhiculée par le film. Après ses films réalisés sur les sujets les plus divers comme l’université de Berkeley, Central Park ou, chez nous, la Comédie française, l’Opéra de Paris et le Crazy Horse, il plante cette fois-ci ses caméras au cœur de la troisième plus grande bibliothèque du monde. Fidèle à sa méthode, Wiseman se glisse discrètement au sein de la bibliothèque et, telle une petite souris discrète mais attentive, il entreprend d’en démonter les rouages.
Pendant trois heures et dix-sept minutes, la durée du film, il dissèque le cerveau de la ville, la prestigieuse NYPL, fondée en 1895, avec ses 17,4 millions de visiteurs par an, sa collection de 46,5 millions de documents et ses 92 annexes hyper-actives à New York, en particulier à Harlem et dans le Bronx. Le réalisateur, visiblement admiratif, affirme qu’elle constitue la plus importante institution culturelle de New York, devant le MOMA lui-même.
Nous découvrons, au fil des images, une NYPL animée par de grandes idées : la recherche du bien commun, l’association harmonieuse des politiques publiques et des initiatives privées, la reconnaissance des puissances de l’esprit, le parti-pris de la générosité… Autant dire que les principes sur lesquels repose cette institution sont aux antipodes de ceux qui animent le président actuel des États-Unis !
Pour conclure, rappelons cette formule de Toni Morrison, citée au cours du film : « Les bibliothèques sont les piliers de notre démocratie. »