Le 19 octobre dernier, les responsables du projet ENCCRE ont vu l’achèvement de la première étape de leur travail avec la mise en ligne de l’Encyclopédie de DIDEROT et d’ALEMBERT * dans son intégralité. Ce magnifique résultat est le fruit d’une œuvre collective considérable. Ce sont en effet des institutions prestigieuses comme le CNRS ou la Bibliothèque Mazarine, mais aussi plusieurs universités françaises et internationales, qui ont participé à cette vaste entreprise.
Initié à partir de 2011 à l’initiative de l’Académie des sciences, le projet ENCCRE (acronyme d’Edition Numérique Collaborative et CRitique de l’ Encyclopédie) s’est fixé comme objectif de numériser l’intégralité des vingt-huit volumes de cette œuvre titanesque. Coordonnés par Alexandre GUILBAUD, Marie LECA-TSIOMIS, Irène PASSERON, et Alain CERNUSCHI, ce sont près de cent-vingt chercheurs, historiens, informaticiens, ingénieurs et étudiants qui auront collaborés à l’entreprise, aussi bien au niveau du collationnement et du travail intellectuel et critique sur le texte lui-même qu’au niveau de la numérisation proprement dite.
Pour pouvoir mettre en ligne les dix-sept volumes de texte et les onze volumes de planches de l’Encyclopédie, il leur a d’abord fallu rechercher une édition de référence sur laquelle travailler. Ce choix était d’autant plus important que les collections originales, complètes et authentiques, étaient relativement rares au sein d’une multitude d’éditions parallèles et de contrefaçons. C’est finalement l’exemplaire conservé à la bibliothèque Mazarine qui a été sélectionné pour servir de document de travail à l’ensemble de l’équipe.
Le but premier des porteurs du projet consistait à présenter une version tout à fait originale, “non-hybride” de l’Encyclopédie, en mettant à la disposition de l’internaute les facilités numériques nécessaires pour pouvoir la consulter aisément. A ce jour, l’équipe de l’ENCCRE a réalisé ce considérable travail de numérisation du texte et des planches, qu’elle tient désormais à la disposition de tous les internautes.
La seconde étape de l’entreprise est d’ores et déjà engagée. Elle consiste à compléter les planches et les pages numérisées par des notes, des commentaires, des documents sur l’histoire de l’Encyclopédie ainsi que des indications bibliographiques, grammaticales ou historiques. Pour l’heure, les commentaires des chercheurs portant sur environ 200 articles ont déjà été publiés, alors que 500 autres sont en cours de traitement. Sachant que l’Encyclopédie compte plus de 74 000 articles, l’intégration progressive de toutes les annexes s’étalera sur plusieurs années.A chacun désormais de partir à la découverte de cette œuvre majeure de l’histoire littéraire et intellectuelle de la France et même de l’Europe, décrite par Alexandre GUIBAUD en ces termes : “une œuvre polyphonique et bouillonnante traversée, de façon parfois bien cachée, des plus importants combats politiques, philosophiques, religieux, moraux et scientifiques de son temps” .
Au passage, nous pouvons signaler que cet événement constitue un beau cadeau post-mortem à d’ALEMBERT, né il y avait tout juste trois-cent ans le 16 novembre dernier.
Ci dessous, l’intervention de Michel ZINK lors de la conférence donnée à l’Institut de France le 19 octobre 2017.
2 commentaires