Un article, daté du 14 septembre et publié dans l’Obs, retrace les grandes étapes du projet, lancé en 1959, du Dictionnaire historique de l’Académie de la langue hébraïque.
Quasiment disparu en tant que langue vernaculaire, l’hébreu a survécu pendant des siècles au sein de la diaspora comme langue liturgique, en particulier par le biais de la Torah et du Talmud. À la fin du XVIIIe siècle, la langue hébraïque, sous l’influence de la Haskala, ou judaïsme des Lumières, commence à devenir une langue littéraire. Au XIXe siècle, l’hébreu s’est modernisé pour redevenir une langue parlée, essentiellement grâce au travail d’Eliezer BEN-YEHOUDA, fondateur dès 1889 du Comité de langue hébraïque, basé à Jérusalem.
Reconnue comme langue du peuple juif par le mouvement sioniste, l’hébreu moderne le diffuse par le biais d’un réseau d’écoles dans les communautés juives nouvellement installées en Palestine. À partir de 1910, les premiers locuteurs natifs voient le jour, assurant ainsi le renouveau d’une langue. Lorsque les Britanniques établissent leur mandat en 1922, l’hébreu est ainsi reconnu comme l’une des trois langues officielles de la Palestine. À la proclamation de l’indépendance d’Israël en mai 1948, l’hébreu moderne en devient la langue officielle, avec l’arabe. Avec l’arrivée massive d’immigrants juifs parlant des langues très diverses, la promotion de l’hébreu moderne devient un objectif primordial pour le nouvel État.
BEN-YEHOUDA travaille jusqu’à sa mort à l’élaboration d’un vaste Thesaurus de la langue hébraïque ancienne et moderne, continué après sa mort par sa femme et son fils. En 1953, le Comité de la langue hébraïque devient l’Académie de la langue hébraïque. Dès l’origine, une des missions principales de cet organisme est l’élaboration d’un Dictionnaire historique de la langue hébraïque (Hebrew Historical Dictionary) qui analyse et collecte un lexique vieux de plusieurs millénaires tout en intégrant progressivement tous les néologismes rendus nécessaires par l’évolution de la société.
Depuis 2005, le travail de rédaction est enfin entamé. Le dictionnaire compte actuellement près de 50 000 entrées, mais le projet est toujours en cours, et une vingtaine de chercheurs s’y consacrent à temps plein.
Ci-dessous, une vidéo diffusée sur le site I24 : interview de Gabriel BIRNBAUM, l’un des chercheurs qui participent à la conception de ce dictionnaire.