Nouveau dictionnaire du voyageur, françois-allemand-latin et allemand-françois-latin | Vollstandiges franzosich-deutsch-lateinisches und deutsch-franzosisch-lateinisches worterbuch
worinn alle französiche gebräuchliche wörter, deren verschiedener gebrauch, bedeutung und construction, wie nicht weniger die auserlesensten, zierlichsten und eigenen redensarten,kunst und Sprüchwörter, ec. enthalten sind. Anietzo bey dieser neuen Auflage nach dem Dictionnaire de l’Académie françoise von neuem übersehen, durchgängig verbessert und mit starken Vermehrungen herausgegeben
Auteur(s) : CHOFFIN David Etienne
Plus d'informations sur cet ouvrage :
Originaire de Franche-Comté, David Étienne CHOFFIN fait ses études à Stuttgart. Il obtient deux places de professeur dans la ville de Halle, à l’université et à l’École des orphelins. Son ouvrage Amusements philologiques rencontre un certain écho en France, mais c’est en Allemagne que ses travaux linguistiques et lexicographiques sur les langues allemande et française vont lui permettre d’acquérir une certaine renommée. Au XVIIIe siècle, le français a acquis le statut de langue internationale dont l’usage est privilégié dans les cercles du pouvoir, chez les diplomates, mais plus largement parmi les élites intellectuelles, les aristocrates et la haute bourgeoisie européenne. Pendant que le latin reste l’espéranto des scientifiques, les langues nationales se codifient et s’uniformisent. La prééminence linguistique du français est prégnante, rejaillissant sur l’ensemble de la culture française et de Paris qui fait figure de capitale artistique et intellectuelle du continent. L’enseignement du français est très prisé, et ses enseignants sont très recherchés, en particulier en Allemagne, ce qui est le cas de l’auteur qui réside dans la principauté indépendante et puissante de Saxe.
Une fois installé, CHOFFIN se fait connaître par des traductions, des recueils et des compilations. Mais c’est surtout par ses ouvrages de langue qu’il acquiert une relative renommée. Parmi ses réalisations majeures, on peut citer un Dictionnaire portatif françois-allemand, et allemand-françois et une Grammaire françoise, dans un goût nouveau, réduite en tables, à l’usage des Dames et des autres personnes qui ne savent pas de latin. Ce livre est présenté comme un « ouvrage très utile aux demoiselles françoises qui enseignent cette langue en Allemagne ».
CHOFFIN, parfait germanophone, vit et travaille en Allemagne mais n’en reste pas moins imprégné de l’idée que sa langue maternelle est “supérieure” et que sa mission pédagogique consiste à la diffuser en Allemagne et non l’inverse. Il écrit ainsi : « La langue françoise seule a tous les avantages de ces langues, sans avoir les imperfections. Elle est tout ensemble douce & forte…On ne doit donc pas s’étonner de ce qu’elle est si estimée de tout le monde. »
À l’initiative du libraire BRONNER, CHOFFIN se voit proposer de retravailler et de corriger un classique de la lexicographie franco-allemande, le Dictionnaire du voyageur. Élaboré par le genevois Léonard CHOUET, la première édition de ce dictionnaire allemand-français-latin, langues « les plus communes parmi les nations chrétiennes », voit le jour en 1683. Ce livre se rattache à une série d’ouvrages trilingues habituellement désignés comme les “Hulsius”, du nom du grand éditeur qui est à l’origine de la vogue en Allemagne des dictionnaires multilingues. Par la suite l’ouvrage est réédité à plusieurs reprises en Suisse. En 1744, l’éditeur MOLLER, basé à Francfort, publie une « nouvelle édition revue et corrigée avec des augmentations considérables », dont il est précisé en préface que l’orthographe suivie est celle prônée par l’Académie française. CHOFFIN, à son tour, remanie et “actualise” le livre en s’appuyant sur la quatrième édition du Dictionnaire de l’Académie publiée en 1762 (présente sur Dicopathe). Cette nouvelle version sort simultanément à Leipzig et à Francfort en 1770.
Pour justifier l’appellation “du voyageur”, la taille des caractères a été diminuée pour pouvoir contenir le dictionnaire dans un format maniable. Ce souci est expliqué dès les premières éditions : « Il est incontestable que par le secours de ces trois langues, chacun sera en état de pouvoir parcourir toute l’Europe, de fréquenter toutes les cours des souverains, & de traiter toutes les affaires du monde, soit qu’elles regardent l’État ou le commerce. »
Comme l’indique la page de titre, ce livre se compose d’un premier lexique partant de mots français, traduits en allemand et en latin, suivi d’un deuxième partant cette fois de l’allemand. À partir de “mots-clés”, le Dictionnaire du voyageur indique un grand nombre d’expressions idiomatiques et de phrases-types. Par exemple, on apprend que « fouler une province de tailles & d’impôts » se traduit en allemand « Ein land mit zöllen und Auslagen hart trudfeit » et en latin « Exactione vectigalium provinciam vexare », ou que « le vice est profondément enraciné dans ton âme » donne « die Untugend hat gar zu tief in deirtem Gea müth eingewurzelt » et « Alte animo tuu infedis vitium ».
À noter que les mots et les phrases en allemand sont écrits en caractères gothiques. Cette langue est alors la dernière à avoir conservé cette graphie, même si elle s’ouvre pendant le XVIe siècle aux caractères dits “humanistiques”, progressivement adoptés en Europe à la Renaissance avec l’avènement de l’imprimerie. La forme particulière et tarabiscotée des lettres en rend la lecture souvent malaisée pour une personne non initiée et nécessite un temps d’adaptation.
En 1780, Une nouvelle édition corrigée et augmentée (« von neuem übersehen und durchgängig verbessert und mit starken Vermehrungen ») du Dictionnaire du voyageur, attribuée à CHOFFIN, décédé en 1773, sera publiée par le même éditeur.