Mega etymologicon | Magnum etymologicum
grecae linguae, nunc recens summa adhibita diligentia excusum, & innumerabilibus pene dictionibus locupletatum. Quas ut facilius cognoscere lector possit, singulis manus index est apposita. Adeo ut ferè nihil in hoc libro desiderari iam possit ab iis, qui Graecis literis nauant operam
Auteur(s) : Anonyme
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Rédigé par un lexicographe byzantin inconnu aux environs de 1100-1150, le Mega Etymologicon est l’un des plus anciens et des plus complets lexiques connus de grec ancien. Par lui-même iI ne constitue pas une œuvre purement originale mais se présente plutôt comme une compilation de nombreux ouvrages souvent très anciens.
Les deux principales sources utilisées sont l’Etymologicum genuinum et l’Etymologicum gudianum. Redécouvert seulement au XIXe siècle, l’Etymologicum genuinum date du IXe siècle et reprend le travail d’auteurs et de grammairiens antiques tels que HÉRODIEN, ORION de Thèbes, et byzantins comme George CHOIROBOSKOS, THEOGNOSTUS le grammairien et OROS d’Alexandrie. Compilé dans le sud de l’Italie au Xe siècle, l’Etymologicum gudianum renferme de nombreuses citations d’auteurs grecs anciens dont les écrits ont disparu. D’autres sources d’inspiration ont pu être identifiées comme, par exemple, les écrits d’ÉTIENNE de Byzance et DIOGÉNIEN d’Héraclée.
Le Mega Etymologicon se présente comme un témoin tardif de l’importante activité lexicographique et littéraire déployée au IXe siècle à Byzance sous l’égide du patriarche PHOTIOS. Pendant les siècles suivants, il sera l’un des ouvrages de référence utilisés par les moines pour traduire les textes en grec ancien. En 1499, Zacharias KALLIERGIS et Nikolas VLASTOS, deux Crétois installés à Venise, où ils viennent de fonder une imprimerie spécialisée dans les ouvrages en alphabet grec, publient la première version imprimée de l’Etymologicon dont la qualité typographique reste encore appréciée de nos jours par les spécialistes. Les études grecques sont alors à l’honneur avec la Renaissance et la redécouverte de l’Antiquité. C’est ainsi que la même année, en 1499, est publié à Milan un Lexicon graecum, version imprimée de la principale encyclopédie en grec : la Souda (ou Suidas).
L’imprimerie grecque semble avoir rapidement périclité car, dès 1503, les livres qui en sont issus font partie du catalogue d’Alde MANUCE. Imprimeur innovant et dynamique, il représente l’une des figures les plus importantes de l’humanisme et du monde éditorial de son temps. Profitant de la présence à Venise de nombreux érudits réfugiés en provenance de Byzance, de Crète et de Grèce, il les rassemble au sein d’une véritable académie (dénommée Neacademia ou Académie aldine) pour collecter, corriger et diffuser les manuscrits rédigés en grec. Il confie à Francesco GRIFFO, créateur de l’aldine, prototype de l’italique, le soin de graver les caractères grecs en s’inspirant de l’écriture cursive de Marcus MUSURUS.
Paul MANUCE, fils et successeur du précédent, imprime en 1549 la nouvelle version du Mega Etymologicon (ici présentée), pour le compte de son oncle Frederico TURRESANO. Brouillés depuis 1537, les deux parents se rapprochent par nécessité dans le but de réimprimer en grec des ouvrages devenus rares et recherchés. Après un bref préambule en latin rédigé par TURRESANO, cette version reprend, en ouverture du dictionnaire, des caractères et des vignettes imprimés en rouge, ce qui constituait une des particularités marquantes de l’édition de 1499. Le texte a été augmenté, ce que précise dans le titre la mention « Manus index est apposita » : une petite main figurant à côté de chaque nouveauté. Les mots grecs, rangés par ordre alphabétique, sont accompagnés de remarques historiques, grammaticales, mythologiques et étymologiques.
La marque d’imprimeur des MANUCE, apposée en début et en fin d’ouvrage, représente un dauphin (symbole d’agilité et de rapidité) entourant une ancre (symbole de stabilité et de solidité). Elle illustre la devise familiale empruntée à l’empereur AUGUSTE : Festina lente (Hâte-toi lentement).