Dictionnaire universel
contenant généralement tous les mots françois tant vieux que modernes, et les termes de toutes les sciences et des arts. Sçavoir la philosophie, logique et physique ; la médecine ou anatomie ; pathologie, térapeutique, chirurgie, pharmacopée, chymie, botanique ; ou l'histoire naturelle des plantes, et celle des animaux, minéraux, métaux et pierreries, et les noms des drogues artificielles. La jurisprudence civile et canonique, féodale et municipale, et sur tout celle des ordonnances. Les mathématiques, la géométrie, l'arithmétique et l'algèbre, la trigonométrie, Géodesie, ou l'arpentage, et les sections coniques ; l'astronomie, l'astrologie, la gnomonique, la géographie, la musique, tant en théorie qu'en pratique, les instrumens à vent et à cordes ; l'optique, catoptrique, dioptrique, et perspective ; l'architecture civile et militaire, la pyrotechnie, tactique et statique. Les arts, la rhétorique, la poësie, la grammaire, la peinture, sculpture, etc. La marine, le manège, l'art de faire des armes, le blason, la vénerie, fauconnerie, pesche, l'agriculture, ou maison rustique, et la pluspart des arts méchaniques. Plusieurs termes de relations d'Orient et d'Occident, la qualité des poids, mesures et monnoyes, les étymologies des mots, l'invention des choses, et l'origine de plusieurs proverbes, et leur relation à ceux des autres Langues. Et enfin les noms des auteurs qui ont traité des matières qui regardent les mots, expliquez avec quelques histoires, curiositez naturelles, et sentences morales, qui seront rapportées pour donner des exemples de phrases et de constructions. Le tout extrait des plus excellens auteurs anciens et modernes
Auteur(s) : FURETIERE Antoine, BASNAGE de BAUVAL Henri
HUET, REGIS Pierre de
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Suivant sans enthousiasme des études de droit en vue de devenir avocat, Nicolas FURETIÈRE s’essaie d’abord à l’écriture de poésies et de courts récits. S’il fréquente la scène littéraire parisienne, il ne réussit guère à percer comme écrivain et vit de sa charge de procureur fiscal. Il ne continue pas moins à publier plusieurs écrits satiriques et réussit même en 1662 à être admis à l’Académie française.
Mais rapidement FURETIÈRE se fait remarquer par son impatience, son esprit mordant et un certain mépris de ses collègues. De fait, il est particulièrement irrité par la lenteur des travaux de l’Académie qui tarde exagérément à présenter le dictionnaire de la langue française qui est, depuis sa fondation, l’un de ses principaux objectifs ; aussi entreprend-il la rédaction de son propre livre. En théorie, seule l’Académie détient le privilège pour publier un dictionnaire de référence du français. Pour contourner l’interdit, FURETIÈRE prétend ne vouloir rédiger qu’un dictionnaire des arts et des sciences qui viendrait ainsi compléter le dictionnaire “officiel” de l’Académie. Il obtient d’ailleurs sans difficulté un privilège pour le publier. En 1684, il présente un échantillon de son futur ouvrage dans un opuscule intitulé Essais d’un dictionnaire universel, contenant généralement tous les mots françois tant vieux que modernes, et les termes de toutes les sciences et des arts.
Il suscite immédiatement un violent ressentiment de la part de ses collègues qui voient dans ce projet une attaque contre l’institution et ses membres et un moyen de confisquer sa mission. Avec CHARPENTIER à leur tête, une majorité d’académiciens lui demandent de renoncer et le menacent de poursuites. Devant son refus, son exclusion de l’Académie est votée le 19 janvier 1685 par dix-neuf des vingt membres présents. Dans la foulée, le privilège, lié à l’Académie, lui est également retiré. Seule satisfaction, le roi fit en sorte que son siège d’académicien restât vacant de son vivant.
FURETIÈRE se lance ensuite dans une violente guerre de libelles appelés factums. Furieux et accablé de calomnies, il n’hésite pas à engager un procès dont il ne verra pas la conclusion. Devant les obstacles et pour contourner le privilège de l’Académie, il se résigne à faire imprimer son livre en Hollande, chez LEERS, éditeur à Rotterdam. Ce dernier est également l’ami de BAYLE qui rédige la préface de la première édition. Décédé en mai 1688, FURETIÈRE n’assiste pas à la parution du dictionnaire qui voit finalement le jour en 1690. Post mortem, l’auteur peut ainsi damer le pion à ses anciens condisciples de l’Académie française dont il a été exclu avec fracas.
Publié après les ouvrages fondateurs de Jean NICOT et de César-Pierre RICHELET (présents sur Dicopathe), le Dictionnaire universel apparaît comme l’un des premiers grands dictionnaires monolingues français. S’il s’intéresse en premier lieu à la description de concepts et de choses, son livre n’en est pas moins un dictionnaire qui décrit, et donc “normalise” la langue française. Record pour l’époque, on n’y compte pas moins de 40 000 entrées. Par la richesse de son contenu, dont témoignent son interminable titre à rallonge et la diversité des sujets abordés, cet ouvrage peut être considéré comme la toute première ébauche de l’Encyclopédie.
Finalement la première édition du Dictionnaire de l’Académie françoise ne verra le jour qu’en 1694, soit 60 ans après la mise en chantier du projet initial. Tel qu’il est publié, l’ouvrage de l’Académie apparaît incomplet et moins fourni que celui de son “concurrent”. Il est possible d’imaginer qu’il a été édité un peu “en catastrophe”, par des académiciens aiguillonnés par la parution de celui de FURETIÉRE.
La version du Dictionnaire universel ici présentée est qualifiée de seconde édition. Le texte initial a été augmenté, mais également remanié en profondeur par Henri BASNAGE de BEAUVAL aussi bien dans sa langue que dans son contenu, ce qui en fait une œuvre hybride et nouvelle. La préface évoque « la politesse et l’exactitude du langage » et précise : « On a retouché ou refondu presque tous les articles. Il y en a peu qui soient demeurez entiers, en sorte que si le fond est de lui [FURETIÈRE], à peine pourroit-il réclamer la moitié de l’ouvrage. »
Ami personnel de Pierre BAYLE, Henri BASNAGE de BEAUVAL, assisté par un ministre réformé du nom de HUET, révise le dictionnaire en retranchant aussi bien ce qui va contre les protestants et le culte réformé que les parties du contenu trop marquées par le catholicisme. Même s’il s’en est défendu par la suite, il n’hésite pas à “calviniser” certaines définitions, comme Baptême, Liberté ou Purgatoire, et à les remplacer par des citations.
Dès sa sortie ce dictionnaire est immédiatement en butte à de virulentes critiques. Les jésuites évoquent un ouvrage infecté du « venin de l’hérésie » et entreprennent très rapidement l’élaboration d’un nouveau dictionnaire universel “catholiquement correct”, rédigé en latin et en français, qui sera publié en 1704 et passera à la postérité sous le nom de Dictionnaire de Trévoux (présent sur Dicopathe).
Dès lors le Trévoux, comme l’habitude va se prendre de le dénommer, prend l’ascendant sur le Furetière et se maintient en position hégémonique en France jusqu’à la parution de l’Encyclopédie. Soulignons que célèbre ouvrage de DIDEROT et D’ALEMBERT reprendra en grande partie le dictionnaire de FURETIÈRE, version “protestante” de BASNAGE de BEAUVAL, lequel dénoncera bien évidemment l’odieux plagiat dont il se juge victime.
Pour les articles concernant la médecine, la botanique, la pharmacie, l’anatomie et la chirurgie, BASNAGE de BEAUVAL fait appel à un médecin installé à Amsterdam : Pierre de RÉGIS. Les articles comprennent ponctuellement des explications étymologiques avec en particulier des références empruntées à MÉNAGE et à VAUGELAS. En préambule figurent une reproduction de la préface de la première édition et une table des noms des auteurs cités. La version de BASNAGE de BAUVAL sera à son tour corrigée et augmentée par BRUTEL de LA RIVIÈRE pour être de nouveau publiée à La Haye en 1727.
Bonjour,
Je recherche le tome 3 du Dictionnaire de Trévoux 1704. Si vous le voyez passer ou si vous connaissez un vendeur, merci de m’en informer sur http://www.histopresse.com Cordialement: JP Boudet.