Morale chrétienne, Confession, Droit canon, Catholicisme

Dictionnaire de cas de conscience

ou Décisions des plus considérables dificultez touchant la morale et la discipline ecclésiastique : tirées de l'Ecriture, des conciles, des Pères, des décrétales des papes, et des plus célébres théologiens et canonistes. Avec une table générale des matiéres, et celles des conciles, des papes, des auteurs cités, et des trois cens neuf titres qui composent tout l'ouvrage

Auteur(s) : PONTAS Jean

 à Basle, chez Jean BRANDMULLER
 
  1736
 3 vol : tome 1. A-D (1416-XCVIII), tome 2. E-O (1582-CIV), tome 3. P-Z (1364-LXXXV). Numérotation par colonnes (2 colonnes par page)
 In-folio
 veau marbré, dos à nerfs orné


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Proche de BOSSUET, Jean PONTAS se présente, sur la page de titre, comme « prêtre, docteur en droit canon de la faculté de Paris & sous-pénitencier de l’église de Paris ». Il connaît donc bien son sujet pour avoir déjà publié de nombreux ouvrages sur le sacerdoce et le droit canonique. Mais ce qui va assurer sa postérité est son travail de casuiste. Afin de venir en aide aux ecclésiastiques qui sont confronté lors des confessions à des situations souvent complexes votre inextricables, il entend présenter des cas réels ou inventés mais toujours exemplaires, confronter les textes existants et fournir une conclusion moralement et juridiquement fondée.

S’appuyant sur des écrits souvent anciens, complexes et parfois contradictoires, l’auteur entend placer son ouvrage sous l’angle de la modération : « Nous avons tâché de ne rien outrer dans nos décisions, & de prendre, autant que nous l’avons pu, un juste milieu entre les opinions trop sévères et celles qui nous ont paru trop relâchées… Et lorsque nous avons répondu à des questions que le droit n’a pas décidées, nous avons pris de nous fonder toujours sur l’équité naturelle. »

Les nombreux articles débutent par un exposé pointilleux et truffé de références et de citations, et surtout sont illustrés de nombreux cas pratiques : « Nous avons pris le parti de former des espèces de cas particuliers, sur lesquels nous avons donné des décisions convenables. » Ces cas, très personnalisés et parfois un peu saugrenus, comme le démontrent les exemples ci-dessous, égayent à coup sûr un propos par ailleurs érudit et fort austère. S’il ne s’agit pas du premier ni du seul “guide” pour confesseur (voir sur Dicopathe le célèbre De sancto matrimonii sacramento, de SANCHEZ), sa rédaction sous forme de dictionnaire lui vaut un certain succès, et il sera réédité plusieurs fois, simultanément à Bâle et à Paris.

Presque un demi-siècle plus tard sort à Paris une version abrégée et remaniée de l’ouvrage, établie par Pierre COLLET. Dans sa préface, celui-ci rendra hommage au travail accompli par PONTAS et à sa valeur, mais il pointera sévèrement du doigt des répétitions, certaines contradictions entre les articles, et mettra surtout en cause le plan adopté, déclarant ainsi : « C’est en vertu de son plan que les matières sont coupées et pour ainsi dire hachées en morceaux très séparés, en sorte qu’il faut souvent parcourir trois ou quatre titres, plus ou moins éloignés, pour avoir une idée passable de ce qui concerne un seul point. »

Placée après la préface, nous trouvons la reproduction d’une lettre écrite à l’auteur par l’abbé Simon MENASSIER, docteur à la Sorbonne. Au début du premier tome figure une longue liste commentée des auteurs cités. À la fin de chaque volume, une table des matières récapitule par thème les cas de conscience posés. Une citation latine, attribuée au pape CÉLESTIN Ier, figure sur la page de titre : « Nulli sacerdotum liceat canones ignorare, nec quicquam facere, quod possit Patrum regulis obviare » (Qu’il ne soit permis à aucun prêtre d’ignorer les canons, ni de faire quoi que ce soit qui puisse s’écarter des règles posées par les Pères).

En 1733, un nouveau dictionnaire de cas de conscience, qui est en fait un recueil remanié des écrits de deux spécialistes du droit canonique, LAMET et FROMAGEAU, est publié. Il sera alors considéré par beaucoup comme un supplément au livre de PONTAS, et un dictionnaire portatif compilant les deux livres verra le jour dès 1758.

Exemples de cas pratiques

*ATTOUCHEMENT

Firmin, rendant de fréquentes visites à Marie, sa fiancée, la caresse souvent, en lui touchant le visage, les mains et les bras, & en lui donnant même des baisers avec quelque délectation de peu de durée, mais sans avoir aucune intention criminelle ; peut-on dire qu’il pèche mortellement en cela ?

*CONFIRMATION

Asclépius, âgé de 20 ans, n’aïant point été encore confirmé, et se rencontrant dans un bourg, où il apprend que l’évêque va donner la confirmation, prend la résolution de prendre ce sacrement… mais quoiqu’il se sente en état de pêché mortel, il ne se confesse point et se contente de faire un acte de contrition… et fait une forte résolution de ne plus retomber dans le pêché. L’a-t’il pu faire sans sacrilège en omettant la confession ?

*DEVOIR CONJUGAL

Adam a coutume d’exiger le devoir conjugal les jours de dimanche & de fêtes. Pèche-t-il en cela ?

*ÉVÊQUE

Artémon, archevêque de Lima, prétend avoir le pouvoir de rentrer dans tous les monastères de filles qui dépendent de sa juridiction toutes les fois qu’il lui plaît & même sans qu’il y en ait une nécessité légitime. Cela lui est-il permis à cause de sa dignité & de sa qualité de supérieur immédiat ?

*FORNICATION

Léopold a corrompu, sous de fausses promesses de mariage, Cécile dont la réputation étoit auparavant bien établie dans l’esprit du public. Est-il en conscience obligé de l’épouser, l’un & l’autre étant d’une condition égale ?

*PRÊT A USAGE

Anastase ayant prêté son cheval à Louis pour aller de Paris à Bordeaux, & Louis ayant fait ce voyage, le cheval s’est trouvé détérioré de moitié après son retour. Sur qui doit tomber ce dommage ?

*TUER

Basile aïant été rencontré par Ambroise, qui se vantoit depuis long-tems qu’il le tuëroit en quelque lieu qu’il trouvât, et Ambroise l’aïant attaqué l’épée à la main & s’efforçant de le tuer, Basile l’a tué lui-même. L’a-t’il pu faire sans aucun pêché ?

*YVRESSE

Théotime étant tout à fait yvre a juré & blasphémé plusieurs fois le saint nom de dieu, ou bien a injurié & battu une personne : est-il coupable de ces pêchez devant dieu, quoiqu’il ne fut pas maître de sa raison dans l’état où il étoit ?

Les réponses, souvent embarrassées, à ces cas de conscience sont dans le dictionnaire !



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