Dictionnaire chinois, français et latin

publié d'après l'ordre de sa majesté et roi NAPOLEON le grand

Auteur(s) : GUIGNES Chrétien Louis Joseph de, GLEMONA Basile de (père)

 à Paris, de l'Imprimerie impériale
 
  1813
 1 vol (LVI-1112 p.)
 In-folio
 demi-chagrin, plats de toile rouge
 gravures sur buis de caractères chinois


Plus d'informations sur cet ouvrage :

L’histoire de ce dictionnaire est tout à fait étonnante et sans doute unique dans la mesure où elle s’étale pratiquement sur plus d’une centaine d’années ! En effet le dictionnaire de Chrétien Louis Joseph de GUIGNES, fils du célèbre orientaliste Joseph de GUIGNES, publié en 1813, est l’aboutissement d’un travail collectif de longue haleine dont le projet remonte en réalité à la fin règne de LOUIS XIV avec deux sources principales:

La première trouve à son origine un franciscain et ancien missionnaire en Chine : le père Basile de GLEMONA, ou Basilio de GLEMONA BROLLO. Celui-ci rédige, entre 1694 et 1699, un vocabulaire chinois-latin, le Han-Tsé-Sin-Yih, qui décrit et traduit plus de 7 000 idéogrammes.

Le Chinois Arcade HUANG constitue la seconde source. Converti au christianisme, il arrive à Paris aux environs de 1704, introduit par les Missions étrangères, et entreprend, avec le soutien des autorités, la rédaction d’un lexique chinois-français, assisté dans sa tâche par Nicolas FRERET et par le sinologue Étienne FOURMONT.

Décédé en 1716, HUANG laisse derrière lui une somme de notes qui sont reprises et retravaillées par FOURMONT. C’est ce dernier qui, en 1719, présentera au régent Philippe d’ORLÉANS les premiers résultats de ses travaux et en particulier une table des 214 clés , essentielle pour comprendre l’écriture chinoise.

Bénéficiant plus que jamais de la confiance du pouvoir, FOURMONT supervise la gravure des caractères chinois qui se prolonge jusqu’en 1742. Gravés dans du bois de buis, ils sont appelés “les buis du RÉGENT” et, selon les estimations, comprennent entre 80 000 et 110 000 caractères constituant alors un ensemble unique en Europe. Au décès de FOURMONT en 1745, ces caractères sont entreposés à la Bibliothèque royale puis versés en 1802 à la Bibliothèque impériale.

Le projet restera en suspens pendant des décennies, jusqu’à ce que, par un décret de 1808, NAPOLÉON Ier confie à de GUIGNES la mission d’achever le dictionnaire. Sinologue reconnu, ancien élève de FOURMONT, il a été employé comme traducteur lors de l’ambassade du Hollandais Isaac TITSINGH en Chine en 1795 pour le compte de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales.

Le rédacteur conçoit ce Dictionnaire chinois-français en utilisant les caractères des buis du régent, mais aussi le manuscrit original du lexique de de GLEMOLA prêté par la bibliothèque du Vatican. C’est ainsi qu’il entreprend de fondre l’ensemble dans un même ouvrage en l’agrémentant d’une traduction française.

Si de GUIGNES est cité comme auteur de l’ouvrage et voit son seul nom apparaître sur la page de titre, il faut cependant souligner que son travail a été largement inspiré par celui du père de GLEMOLA qui, simplement cité dans l’introduction, aurait toute légitimité pour être reconnu co-auteur de l’ouvrage.

À la suite de l’introduction est placé un tableau de l’orthographe et de la prononciation chinoises. La préface est suivie de la fameuse table des 214 clés, accompagnée d’une méthodologie pour l’utiliser. Le corps du dictionnaire par lui-même est constitué de 980 pages de caractères, avec un classement des clés par nombre croissant de traits, de 1 jusqu’à 17.

Sous chaque caractère est indiquée sa prononciation et, en face, se trouve à la fois une courte traduction française et une traduction en latin souvent plus développée. Le texte se répartit sur deux colonnes. En fin d’ouvrage figurent un tableau de noms propres chinois, un petit dictionnaire par tons et trois tables toniques.



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