culture générale

Cyclopaedia

or, An universal dictionary of arts and sciences : containing the definitions of the terms, and accounts of the things signified thereby, in the several arts, both liberal and mechanical, and the several sciences, human and divine : the figures, kinds, properties, productions, preparations, and uses, of things natural and artificial : the rise, progress, and state of things ecclesiastical, civil, military, and commercial : with several systems, sects, opinions, &c. among philosophers, divines, mathematicians, physicians, antiquaries, critics, &c. : the whole intended as a course of ancient and modern learning : compiled from the best authors, dictionaries, journals, memoirs, transactions, ephemerides, &c. in several languages

Auteur(s) : CHAMBERS Ephraïm

 London, printed for D. MIDWATER, J. SENEX, R. GOSLING, W. INNIS, C. RIVINGTON, A. WARD, J. and P. KNAPTON, E. SYMON, S. BIRT, D. BROWN, T. LONGMAN, R. HETT, C. HITCH, J. CHUCKBURGH, J. PEMBERTON, A. MILLIAR, and the executors of J. DARBY
 
  1741
 2 vol : tome 1. A-K (XXXV-512 feuillets non paginés), tome 2. l-Z (482 feuillets non paginés),
 In-folio
 cuir fauve dos à six nerfs, titre et tomaison dorés
 1 planche dépliante en frontispice présentant les différents métiers signée John STURT d'après Sébastien LECLERC, gravures, planches hors-texte, dépliants, culs-de lampe


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Élevé dans une famille de quakers, Ephraïm CHAMBERS est mis dans sa prime jeunesse en apprentissage chez un géographe, fabricant de globes terrestres. Stimulé par cet environnement, le goût des sciences se développe rapidement chez lui. Si, pour les années suivantes, les détails de sa vie personnelle et les conditions de la genèse de son livre nous restent inconnues, il sort de l’anonymat en 1728 avec la parution de la Cyclopædia, or an Universal Dictionary of Arts and Sciences.

Ce livre, érudit et novateur à bien des égards, connaît immédiatement un succès retentissant. Dès l’année suivante, son auteur intègre la prestigieuse Royal Society. En 1738, une seconde édition augmentée devait paraître. Mais un acte de la Chambre des communes obligeant désormais les éditeurs à publier à part les additions d’un livre, le projet avorte, ce qui n’empêche pas la réédition de la Cyclopædia de connaître de nouveau un grand engouement. D’autres éditions se succèdent à un rythme soutenu, dont celle présentée ici qui voit le jour à Londres en 1741.

Avec la parution de sa Cyclopædia, dictionnaire universel des arts des sciences, CHAMBERS inaugure un mouvement d’ampleur européenne qui verra l’éclosion, au cours du XVIIIe siècle, des grandes encyclopédies. Elle en devient le prototype et inspire toutes celles qui vont suivre en Europe. Devant l’importance des progrès scientifiques et techniques réalisés depuis la fin du Moyen Âge, la demande du public est forte pour des synthèses présentant les arts mécaniques et les sciences.

Alors que le développement, encore modeste, des manufactures et du machinisme annonce déjà la future révolution industrielle, l’Angleterre connaît depuis un siècle et demi un grand rayonnement scientifique grâce à des personnalités telles que HALLEY, BACON, HARVEY, et surtout NEWTON, véritable modèle du savant européen. S’inspirant, entre autres travaux, de ceux de BAYLE et de MORERI, CHAMBERS peut également s’appuyer sur un ouvrage de référence publié en 1704 : le Lexicon technicum du pasteur John HARRIS. Cette encyclopédie alphabétique, la première du genre pour la langue anglaise, traite entre autres de mathématique, de droit, des beaux-arts, de médecine, de botanique, d’astronomie, de musique, de littérature, et même d’héraldique, mais fait l’impasse sur d’autres sujets comme l’Antiquité, la théologie et la poésie. Ce livre sera par la suite à la fois et le modèle de la Cyclopaedia, avant d’être définitivement surclassé par celle-ci, beaucoup plus exhaustive.

Ce qui démarque d’emblée le rédacteur de l’ouvrage de ses prédécesseurs, c’est la volonté affichée de ne pas se contenter d’offrir uniquement un lexique de termes, mais aussi d’expliquer de manière synthétique le fonctionnement des arts et des sciences. CHAMBERS perfectionne son plan général en élargissant le nombre des thématiques, et traite les définitions beaucoup plus en profondeur. En préface, il établit une division de la connaissance en 47 thèmes principaux : chimie, médecine, théologie, commerce, etc. À chacun de ces thèmes principaux est adjoint un des articles qui s’y rattachent et qu’idéalement il faudrait lire dans l’ordre indiqué pour avoir une vision complète et méthodique du sujet traité. Par un système de renvois, les articles permettent d’aborder l’ensemble des notes se rapportant à une branche de la connaissance. Des planches dépliantes viennent en support des matières principales (astronomie, anatomie, algèbre, etc.).

La taille des articles développés reste encore modeste, et certains sujets comme la botanique sont moins bien traités que d’autres ; pourtant la Cyclopædia s’impose sans conteste comme le prototype même de l’encyclopédie telle qu’elle va se développer au cours des siècles suivants. En Europe son prestige est immédiat, et beaucoup de libraires cherchent à la traduire ou tout au moins à l’adapter. C’est le cas en Italie, mais plus particulièrement en France où le Dictionnaire des arts et des sciences de Thomas CORNEILLE, paru en 1694 sous l’égide de l’Académie, s’inspire de l’ouvrage de CHAMBERS tout en étant plus incomplet que la Cyclopædia. La qualité et le nombre des illustrations, et en particulier des planches très détaillées, sont également un atout incontestable de cet ouvrage.

Le point de départ de l’Encyclopédie dirigée par DIDEROT et D’ALEMBERT est à rechercher dans un projet de traduction de la Cyclopædia. En 1745, Gottfried SELLIUS s’associe avec le libraire parisien LE BRETON pour mener à bien cette entreprise. Mais bien vite l’association tourne court, et le projet s’émancipe très vite du modèle initial pour se fondre dans un projet autrement plus vaste qui aboutira à la grande Encyclopédie. Des études érudites ont permis d’y retrouver des traces visibles de la Cyclopædia dans certains articles et dans certaines de ses planches.

Les emprunts de la Cyclopædia dans l’Encyclopédie sont parfois explicites. Dans ce cas, la mention “Chambers” figure en fin d’article ou de paragraphe. On peut également noter différents degrés d’emprunt : traduction entière d’un article, ajout de quelques phrases de commentaire, traduction de la seule définition du mot, ou encore résumé d’un article “actualisé”. Beaucoup d’emprunts ne sont pas expressément signalés et sont “noyés” dans le texte de l’article. D’ALEMBERT emprunte beaucoup à CHAMBERS dans le domaine des mathématiques et de la physique, mais y ajoute des informations nouvelles et développe au final sa propre argumentation.

Dans les pays de langue anglaise, l’ouvrage de CHAMBERS conservera son prestige tout au long du siècle. Conscient des erreurs et des lacunes de son livre, CHAMBERS travaille jusqu’à sa mort à préparer une version corrigée et augmentée. À son décès en 1740, il avait rassemblé la matière pour sept nouveaux volumes. D’abord confié à George Lewis SCOTT, ce travail est achevé par John HILL à qui revient l’honneur de voir le supplément publié en 1753. La botanique, qui avait été négligée par CHAMBERS, y est désormais traitée en détail. En 1778, Abraham REES remanie en profondeur l’ouvrage et en édite une version corrigée et très augmentée qui deviendra à son tour une référence. Dans le même temps, la publication de l’Encyclopaedia britannica, réponse britannique à l’Encyclopédie française commence à partir de 1768, dotant la langue anglaise d’une vaste encyclopédie générale. Pour autant l’aura du livre  CHAMBERS, ancêtre incontesté des grandes encyclopédies, reste intacte dans les pays-saxons, et ce jusqu’à nos jours.

L’ouvrage est dédicacé au roi GEORGES II. En fin du second volume figure un index des mots qui n’ont pas fait l’objet d’une entrée propre et sont traités sous un autre nom générique.



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