Agriculture, agronomie

Cours complet d’agriculture théorique, pratique, économique et de médecine rurale

ou Dictionnaire universel d'agriculture

Auteur(s) : ROZIER Jean-Baptiste François

 

BAIGNIERES Jean-Baptiste, MONGEZ Jean-André, PARMENTIER Antoine, LASTEYRIE du SAILLANT Charles Philibert de, LALAUSE, COPINEAU abbé, FALCONNET Ambroise, THOREL, CHAPTAL, ROUGIER de LA BERGERIE Jean-Baptiste, CHAMBON Joseph, BIOT, THOUIN André, CHASSIRON Pierre-Charles Martin de, PERTHUIS de LAILLEVAULT Léon de, SONNINI de MANONCOURT Charles-Nicolas-Sigisbert, CHABERT Philibert, TOLLARD Claude, FROMAGE de FEUGRE Charles Michel François, CHAUMONTEL, COTTE Louis, ROARD de CLICHY, CURAUDEAU François-René

 à Paris, rue et hôtel Serpente ; à la Librairie d'éducation et des sciences et des arts, rue du bacq, n°264 ; chez MARCHANT, DREVET, CRAPART, CAILLE et RAVIER
 
  1785-1805
 12 vol (environ 7200 p.)
 In-douze
 veau marbré, dos à cinq nerfs, caissons ornés, pièces de titre et de tomaison en maroquin
 près de 269 planches, 1 carte, vignettes dans le texte, gravures par SELLIER et MOISY, dans le tome X portrait en frontispice de ROZIER par TARDIEU, bandeaux historiés et décoratifs


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Membre du clergé et ami de ROUSSEAU, François ROZIER nourrit un intérêt passionné pour la botanique, l’agriculture et la physique. Il se fait connaître du grand public dès 1766 par un ouvrage rédigé en commun avec son ami le botaniste CLARET de LA TOURETTE : Démonstrations élémentaires de botanique. Fort bien reçu à sa sortie, ce livre est à plusieurs reprises réédité et augmenté. Son succès s’inscrit dans un contexte historique, intellectuel et économique particulièrement favorable aux études sur l’agriculture.

En effet le XVIIIe siècle témoigne d’un intérêt nouveau pour l’agronomie. Une révolution agricole, visant à améliorer tout à la fois les outils, les techniques et la productivité, s’amorce dans l’Europe entière, entraînant le recul des grandes famines malgré une forte augmentation de la population. L’agriculture devient un sujet de premier plan, autant pour le pouvoir royal que pour les milieux financiers, économiques ou scientifiques. Les intellectuels des Lumières ne manquent pas, eux aussi, de se mobiliser sur le sujet, comme en témoigne l’importante place réservée à l’agriculture dans l’Encyclopédie.

Théorisée par QUESNAY, la physiocratie exerce alors une grande influence sur les élites “éclairées” et, malgré de fortes résistances, favorise la modernisation des techniques et du commerce des denrées agricoles qui servira de fondement au développement économique à venir de la nation. S’il ne le déclare pas explicitement, ROZIER semble se reconnaître dans cette école de pensée, comme le laisse supposer cette maxime qu’il fait sienne : « L’agriculture & le commerce marchent nécessairement sous l’étendard de la liberté. » TURGOT, acquis lui aussi aux préceptes physiocrates, l’avait d’ailleurs missionné en Corse dès 1771 pour lui dresser un rapport sur le potentiel agricole de l’île et poser les bases d’une école d’agriculture.

La mode étant aux dictionnaires, ROZIER met en chantier sa propre synthèse organisée par ordre alphabétique. Il passe de nombreuses années à rassembler de la documentation souvent fournie par des académies et des sociétés françaises comme étrangères. En 1777 il entreprend un voyage d’études en Hollande où il se familiarise avec des techniques modernes très avancées pour l’époque. Grâce à l’action de GILIBERT, il obtient un soutien financier du roi de Pologne STANISLAS AUGUSTE, sous la forme d’un bénéfice ecclésiastique qui lui laisse désormais le loisir de se consacrer entièrement à la rédaction de son ouvrage.

Installé dès 1780 dans sa ferme modèle de Beauséjour près de Béziers, il publie un prospectus annonçant la parution de son Cours complet d’agriculture, plus communément dénommé Dictionnaire universel d’agriculture. Il fédère autour de son projet quelques personnalités qui ne sont pas exclusivement des agronomes et dont certains souhaitent rester anonymes. On retrouve notamment dans cette équipe PARMENTIER, BAIGNÈRES, l’abbé COPINEAU et l’abbé MONGEZ. Ce dernier, neveu de ROZIER, participera par la suite à l’expédition de LAPÉROUSE.

L’ouvrage devait, à l’origine, comprendre six volumes délivrés en trois ans. Malheureusement le processus d’élaboration s’avère très vite bien plus long que prévu. Les premières livraisons voient le jour en 1781, mais, alors que la parution se poursuit, les premiers tomes sont réimprimés en 1785 soit au moment de la sortie du tome 6. Signe du succès commercial de l’entreprise, l’ouvrage est traduit en espagnol. Le tome 8 sort en 1789 et, au moment où éclate la Révolution, ROZIER, revenu s’installer à Lyon, travaille sur le neuvième volume. Nommé curé constitutionnel de Saint-Polycarpe, il est accaparé par sa nouvelle tâche et ne peut mener à bien sa rédaction. Il trouvera la mort en septembre 1793, tué par une bombe lors du siège de Lyon.

Ses notes et manuscrits sont repris, retravaillés et complétés, et le neuvième tome finira par voir le jour en 1796. Un dixième volume est publié en 1800 à l’initiative d’un nouveau collectif d’auteurs, parmi lesquels figurent CHAPTAL, CADET de VAUX, ROUGIER de LA BERGERIE, CHAMBON. Par la suite une équipe, en grande partie renouvelée, entreprend la rédaction des suppléments. De nouveaux rédacteurs sont mobilisés, comme SONNINI, PERTHUIS, CHABERT et surtout THOUIN qui semble jouer un rôle prédominant dans l’aventure. Ce dernier rédige pour l’occasion un long exposé d’introduction dressant un tableau général de l’agriculture au début du XIXe siècle. Les deux tomes de suppléments, publiés en 1805, constituent les tomes onze 11 et douze 12 de l’œuvre initiée par ROZIER. La page de titre de ces deux volumes indique qu’ils ont été conçus comme « formant le complément de cet ouvrage, et contenant les découvertes et améliorations faites en agriculture, art vétérinaire et économie rurale depuis vingt ans ».

L’ouvrage embrasse un nombre très large de définitions allant du vocabulaire usuel jusqu’aux termes techniques et scientifiques. On y retrouve un grand nombre de descriptions de plantes et de céréales. Ainsi l’arrête-bœuf est décrite pour sa valeur ornementale dans les jardins d’agrément, mais aussi pour son usage pharmaceutique. Les techniques “modernes” destinées à améliorer les rendements sont mises en avant, comme l’alternance de cultures et de plantes fourragères qui, telle la luzerne, permettent à la fois de fertiliser les sols et de réduire la jachère. Un très long chapitre détaille les différents moyens d’amender efficacement les sols. Les auteurs se livrent également à des considérations sur l’amélioration de la qualité du bétail, grâce à la sélection, au croisement génétique et à l’optimisation de la nourriture.

ROZIER traite prioritairement de l’agriculture, mais son dictionnaire ne se cantonne pas à la seule activité de production. C’est ainsi qu’il n’hésite pas à en traiter tous les aspects économiques, scientifiques, industriels, pharmacologiques, vétérinaires ou même architecturaux. La viticulture, l’apiculture, l’arpentage, la sylviculture, l’assèchement des marais, la distillation par alambic, l’almanach agricole, la maréchalerie ou le pastel sont tour à tour abordés dans le dictionnaire. En son temps, ce Cours complet d’agriculture sera considéré comme l’un des ouvrages les plus complets réalisés sur le sujet, tout en demeurant abordable pour un vaste lectorat.

ROZIER place au début du premier tome une dédicace à Pierre-Léopold de HABSBOURG-LORRAINE, monarque “éclairé”, archiduc d’Autriche, Grand duc de Toscane, et futur empereur LÉOPOLD II. Il loue ses actions en faveur de la libéralisation du marché des denrées agricoles et les aménagements agricoles réalisés dans ses États italiens.

Suite au succès du livre, une nouvelle version sort à partir de 1809. « Rédigée sur le plan de celui de feu l’abbé ROZIER », cet ouvrage s’intitule Nouveau cours complet d’agriculture théorique et pratique. Une majorité de ses rédacteurs a déjà travaillé sur l’ouvrage précédent. Entre 1834 et 1840, les éditeurs POURRAT frères publient à leur tour une version révisée. Signalons enfin que, sorti en 1801, un autre ouvrage posthume de ROZIER, intitulé Traité théorique et pratique sur la culture de la vigne, fera date et deviendra lui aussi la référence de l’époque sur le sujet.



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